Qui n’a pas déjà gloussé en retrouvant des photos d’il y a vingt ou trente ans, moins attendri devant son charmant minois qu’embarrassé par son look un brin kitsch ? Et cela vaut tant pour les sous-pulls en acrylique dont on nous affublait à notre corps défendant à la maternelle que pour le rouge à lèvres corail givré ou la minivague qu’on arborait ado, choix parfaitement consentis ceux-là, même si c’était pour être  » in « , comme on disait alors. C’est que rien ne se démode plus vite que la mode, pour paraphraser Coco Chanel, et ce que nous aimions hier peut nous paraître totalement à côté de la plaque aujourd’hui… jusqu’au tour suivant.

En déco, c’est pareil. Si on continue l’exploration des albums de famille, on tombera sur des papiers peints à fleurs géantes, des tables de cuisine en Formica, des lampadaires faussement rustiques à pied en fer forgé et abat-jour en pseudo parchemin, qui nous amuseront – ou pas, comment a-t-on pu trouver ce genre de choses élégant ? C’est que, pour nos intérieurs aussi, rien n’est finalement beau ou moche en soi, et certainement pas pour toujours. Les valeurs esthétiques ne sont évidemment pas figées et, par ailleurs, elles sont faites pour être transgressées, comme le rappelle l’exposition The Vulgar, Fashion Redefined, à voir à la Barbican Art Gallery de Londres du 13 octobre au 5 février prochains. Avec cette contradiction qui veut qu’en contestant les règles de la génération précédente, on crée sans le vouloir un nouveau système normatif – générationnels, le fameux luminaire ou le désastre capillaire susmentionnés ont fait place à d’autres poncifs.

La différence en 2016, c’est qu’une série de facteurs nous invitent à prendre de la distance, volontairement ou par obligation, avec un ensemble de codes unique, déclinable sous tous les toits. Fini le temps où l’on se voyait offrir une salle à manger en chêne ou une chambre à coucher complètes en se mariant : monoparentale, nombreuse ou recomposée, la famille est désormais protéiforme, ce qui n’est pas sans conséquences sur l’aménagement de nos maisons et appartements, dans lesquels les meubles se combinent, s’additionnent ou se soustraient au fil de l’évolution du foyer. Exit également, et à tout jamais, les Trente Glorieuses qui permettaient de surconsommer sans états d’âme ; la récup’ et le vintage ne répondent plus à un choix par défaut mais à une volonté pécuniaire et/ou à une conscience écolo. Même Ikea, jusqu’ici roi de l’uniformisation de nos salons, mise dorénavant en partie sur l’artisanat et ses petites imperfections, les séries limitées signées par des designers ou, sur son site et dans ses catalogues, les bons plans pour customiser ses articles. Autant de raisons de façonner son chez-soi loin des diktats, sans tenir compte des courants dominants ni du goût des autres. Bref, sans complexes !

RÉDACTRICE EN CHEF

DELPHINE KINDERMANS

RIEN N’EST FINALEMENT BEAU OU MOCHE EN SOI, ET CERTAINEMENT PAS POUR TOUJOURS.

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