Tout l’été, Le Vif Weekend fait une pause dans les cafés de nos provinces. À Gand, nous vous invitons à partager une bière bien fraîche dans une ambiance chaleureusement jazzy. Une petite faim ? La soupe est prête !

Passé la porte de ce café sur la Korenmarkt, à Gand, on fait le grand plongeon dans l’obscurité. Le carrelage noir et blanc et les meubles en bois sombre annoncent la couleur. Ici, les habitués se retrouvent pour partager leur amour du jazz. On est mardi, la montre indique 16 heures. Une dizaine de chaises sont occupées. Au bar, deux hommes jouent aux échecs, à leurs côtés, un autre client pianote sur son smartphone, et devant chacun trône une bière fraîche. Le tableau noir suggère de la soupe de carotte pour l’après-midi et de la musique live pour la soirée.

De nombreux cafés visent aujourd’hui un public ultraciblé : bars à cocktails ou à expressos, espaces lounge pour hipsters ou bistrots pour les anciens. Rien de tout cela au Damberd qui accueille aussi cordialement toutes les générations : étudiant travaillant sur son PC, jeune couple amoureux, fidèles fans de Dave Brubeck. Ici, chacun trouve ce que l’on cherche tous : prendre le temps de vivre. À 18 heures, la salle est bondée. L’année dernière, l’établissement a changé de propriétaire. Ann Krüger, jusqu’alors co-associée, a repris le flambeau des mains de Paul Feyaerts, à la tête du Damberd depuis 1982 et surtout père de la scène jazz gantoise. Elle livre les secrets du lieu.

Comment êtes-vous arrivée ici ?

En 1996, je cherchais un job de serveuse. Je connaissais le Damberd pour son côté anticonformiste : ici, des gens du monde entier poussaient la porte. Les immigrés qui n’avaient pas d’argent étaient les bienvenus. Des anecdotes se répandaient jusqu’en Algérie, qui louaient l’hospitalité du Damberd. Les Ghanéens, Marocains et Tunisiens sont arrivés les premiers. Plus tard, les Palestiniens et les Syriens ont suivi. Ils s’asseyaient discrètement dans un coin près de la fenêtre et buvaient l’eau du robinet. Petit à petit, ils se sont intégrés à Gand. Avant, le café était aussi la Mecque du jazz. On installait alors un podium à côté du bar. J’avais donc beaucoup de raisons de postuler ici.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre boulot ?

J’aime considérer le café comme le prolongement de la maison. Plusieurs barmen me voient d’ailleurs comme une petite maman. Je leur ai appris à servir la bière. Parfois je dois les recadrer un peu, quand ils haussent un peu trop le ton par exemple. Mais leur caractère trempé correspond bien au Damberd. Ils forment une belle équipe, et font volontiers plaisir aux clients. J’adore aussi tenir le bar moi-même.

Comment voyez-vous l’âme du Damberd, et son avenir ?

J’ai la nostalgie de nos grandes années jazz. Je souhaite privilégier cette ambiance chaleureuse. Le mardi soir, le groupe Boomgeruis vient jouer. Dès l’automne prochain, je veux organiser deux soirées musicales par semaine. D’un autre côté, le monde change. Le temps où l’on était déjà pompette à midi est révolu. Plus encore qu’avant, les clients demandent s’ils peuvent manger. C’est l’avantage de l’interdiction de fumer dans les cafés. Aujourd’hui, au Damberd, on sert de la soupe, l’année prochaine on proposera de la finger food. Et puis, on jongle avec un éventail de boissons chaudes. Tenez, je vous prépare un latte macchiato caramel.

Damberd, 19, Korenmarkt, à 9000 Gand. Tél. : 09 329 53 37.

PAR ELKE LAHOUSSE

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