À 31 ans, Justin Timberlake se balade dans la vie, prêt à saisir le meilleur de ce qui s’offre à lui. Révélé à l’écran par le réalisateur David Fincher, le visage du parfum Play Sport de Givenchy s’apprête à tourner avec les frères Coen avant de donner la réplique à Clint Eastwood. Échanges à fleurets mouchetés.

Tous les golfeurs vous le diront : ils ont leurs jours  » avec  » et leurs jours  » sans « . Ceux où le swing se met à partir en vrille. Ceux au contraire où pas un plan d’eau, pas un bunker de sable ne leur résiste. Question de maîtrise, sans doute. De soi. Et de son coup, surtout. Côté self-control, Justin Timberlake – handicap 6 aux dernières nouvelles, ce qui fait de lui un redoutable adversaire sur le green – en connaît un rayon. À 31 ans, notre homme, pupilles acier solidement fichées dans les vôtres, est déjà un vieux brisquard de la  » promo « . Pour ses albums d’abord. Ses films ensuite. Sans compter les produits dont il est l’égérie. Cette fois, c’est au volant d’une Jag cabriolet qu’il a pris la pose pour le lancement de la version sport de Play, la franchise best-seller de Givenchy qu’il soutient depuis 2008.

D’ordinaire, en junket – cet exercice de style qui consiste à tirer le meilleur et surtout à éviter le pire du people que vous partagez avec d’autres journalistes le temps d’une rencontre chronométrée -, les stars américaines sont plutôt easy going, comme on dit à L.A. Du genre à vérifier à votre place que votre enregistreur fonctionne. À vous  » hugger  » à la sortie. Justin Timberlake, lui, n’a plus besoin de jouer les mecs cool. Ce costard-là, il l’a mis au placard en même temps que les colliers bling-bling de sa période *N Sync. Entre l’arrogance et la distinction, la frontière est ténue. Mais en garçon bien élevé par une mère attentive, il sait ce que le mot politesse signifie. Le beau gosse de Millington, Tennessee, drapé dans une froideur tantôt sèche, tantôt ironique, esquive avec classe les questions qui le dérangent. D’une élégance à la rien à redire dans son total look Givenchy, le chanteur de R’n’B, reconverti en acteur de cinéma que le Tout-Hollywood s’arrache, garde la main sur tout ce qui se passe. Au jeu du chat et de la souris, le player, c’est lui. La preuve, par cinq coups de maître.

JUSTIN TIMBERLAKE N’A PAS DE GÊNE À JOUER PERSO.

Sinon, il n’aurait jamais réussi à se désengluer de sa phase boys band.  » Pour moi, chanter en solo, c’était saisir l’occasion de faire enfin la musique que je voulais « , justifie l’ex-leader des *N Sync. Entre les (gros) coups de sa carrière, l’élégant trentenaire ne jure que par les temps de pause en solitaire.  » J’aime tout ce qui va me couper du monde, poursuit-il. Conduire, souvent trop vite d’ailleurs, pour me vider la tête, me retrouver.  » Quand il ne se fait pas héliporter avec son snowboard au beau milieu des champs de poudreuse du parc Yellow- stone, c’est avec son sac de clubs qu’il s’isole pour un 18 trous.  » Au golf, comme sur scène ou devant une caméra, tout est question de rythme, de lâcher prise, insiste-t-il. Si vous êtes capable de rater votre coup, vous deviendrez un bon golfeur. Le tout est d’apprendre et de réussir à s’accepter. « 

JUSTIN TIMBERLAKE AIME JOUER À SE FAIRE PEUR.

D’ailleurs, il n’arrête pas d’enchaîner les mises en danger depuis le début d’une carrière jalonnée de succès.  » Chaque fois que j’entreprenais quelque chose de nouveau, il y avait quelqu’un pour me demander si je me sentais à la hauteur, rappelle-t-il. Je ne me compare pas sans cesse à d’autres ou à ce que j’ai été. Ça n’a aucun sens de mettre en balance deux films entre eux et encore moins de comparer la musique et le cinéma. Quoi que vous essayiez, vous devez d’abord gagner vos galons. Et cela prend du temps. Cela fait un moment maintenant que je me laisse séduire par les opportunités. Si vous avez la chance d’être à ma place, c’est un peu votre devoir de vous laisser inspirer.  » Son talent de  » performer « , qu’il démontre depuis l’âge de 10 ans, se double d’un sérieux sens des affaires qu’il doit à son banquier de beau-père : Justin, qui  » fait  » aussi dans la vodka et le sportswear, vient d’investir plusieurs millions de dollars dans Myspace. Lui qui, cela va de soi, n’a rien à faire sur Facebook.

JUSTIN TIMBERLAKE OSE SE JOUER DE LUI.

Sans quoi, il ne se serait jamais trémoussé en body, façon  » Beyoncette  » dans l’arrière-plan d’un (faux) remake du clip Single Ladies. Invité régulier du show télévisé américain Saturday Night Life, il n’a de cesse de s’autoparodier pour mieux ridiculiser les étiquettes de chanteur de charme R’n’B ou de séducteur-né qu’on lui colle sur le dos. On est loin là de l’image policée de gentleman sudiste qu’il endosse pour Givenchy. Un rôle comme un autre, en somme.  » Il y a du bon à remettre en cause le personnage Timberlake, ironise-t-il. Jouer la comédie ne m’a pas transformé. Ça m’a plutôt aidé à découvrir des aspects nouveaux de ma propre personnalité. Pour réussir à m’identifier à un personnage, je dois intérioriser pour saisir ce qu’il ressent. C’est un peu comme une thérapie.  »

JUSTIN TIMBERLAKE VEUT JOUER DANS LA COUR DES GRANDS.

Surtout depuis qu’il est devenu le temps d’un film le trouble et troublant Sean Parker. Le truc magique que l’on pourrait appeler  » l’effet David Fincher « . Une sorte d’opération relooking avant/après, mais en mieux. Même si ça l’agace un peu de l’admettre aujourd’hui.  » Non, l’acteur que je suis n’a pas pris définitivement le dessus sur le musicien, réfute-t-il. Je n’ai pas sorti de troisième album depuis un moment parce que j’ai toujours aimé prendre mon temps. Je suis mon instinct, sans plan de carrière précis. Cela me permet de dire oui à ce qui s’offre à moi.  » En l’occurrence un rôle dans le prochain long-métrage des frères Coen Inside Llewyn Davis, aux côtés de Carey Mulligan et un face-à-face à l’écran avec l’immense Clint Eastwood. Quand il mettait ses potes au défi de se faire faire des cartes de visites disant  » David Fincher m’a mis dans son dernier film « , ce n’était peut-être pas une vanne pourrie, finalement.

JUSTIN TIMBERLAKE SAIT JOUER LES PROLONGATIONS.

Fidèle à Givenchy depuis 2008, il remet le son de la Play-list en prêtant ses traits à la nouvelle fragrance de la marque française. Même si Justin ne chante plus, le flacon de la version Sport ressemble toujours à un iPod. Le jus nerveux, glacé même, grâce à des notes de gingembre et de menthe mêlées, réveille les sens comme un vent de matin d’hiver. Quand il parle parfum – mieux vaut le savoir, les fleuris pour un mec ce n’est vraiment pas son truc -, c’est à l’after-shave de son grand-père qu’il pense.  » Il portait Brut de Fabergé, se souvient-il. Et ça lui allait très bien. Pas mal de membres, plutôt âgés comme vous l’imaginez, du club de golf où je joue régulièrement à Los Angeles, se parfument encore avec ça. Mon grand-père William était un gars très costaud mais tout doux, tout cool, tout calme. Quand je sens cette odeur, je me retrouve assis sur ses genoux, le nez contre sa joue, en train de le convaincre de me donner un dollar. Et ça marchait à tous les coups. J’essaie de lui ressembler autant que possible.  » Papy Willy où qu’il soit aujourd’hui peut être fier de lui.

PAR ISABELLE WILLOT

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