C’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros. Surtout d’un point de vue humain. Zoom sur le  » couch surfing  » ou l’art de voyager malin.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

L’envie n’est pas neuve. Déjà à l’époque de nos ancêtres les hippies, il n’était pas rare de voir certains excentriques s’aventurer, le pouce levé, vers des contrées reculées. Objectif : voyager gratuitement pour atteindre, en stop, un hypothétique nirvana du côté de Goa. L’expédition était hasardeuse ; le défi, honorable. Si ces rêves d’exil bon marché hantent toujours la jeune génération, force est de constater que les nomades d’aujourd’hui disposent toutefois d’une arme redoutable pour réaliser leurs rêves exotiques : Internet et sa formidable puissance de frappe mondiale. Ainsi, dans la logique du voyage pas cher, certains y vont désormais au culot en créant des sites spécifiques où ils réclament carrément le gîte et le couvert gratuits. Et ça marche ! Pendant deux ans, le Néerlandais Ramon Stoppelenburg a parcouru une vingtaine de pays et dormi dans quelque 500 lits sans le moindre billet de banque en poche. Sur son adresse personnelle www.letmestayforaday.com (littéralement  » permettez-moi de rester un jour « ), cet aventurier intrépide exhortait en effet les internautes du monde entier à l’accueillir l’espace d’une nuit (ou plus si affinités). Jour après jour, son site audacieux lui transmettait les disponibilités du moment et le jeune homme avançait doucement au fil de l’hospitalité cybernétique. Résultat : des souvenirs extraordinaires et surtout un exemple à suivre pour d’autres aventuriers fauchés. Virtuellement fédératrice, la toile Internet a d’ailleurs inspiré, dans le même ordre d’idées, le concept du  » couch surfing  » à l’Américain Casey Fenton. En quatre ans à peine, ce jeune idéaliste a développé un étonnant  » réseau de divans  » planétaire prêt à dépanner les voyageurs aux poches trouées. Le principe est simple : sur le site www.couchsurfing.com, les 1 500 candidats à la débrouille échangent leurs coordonnées en décrivant le sofa du salon qu’ils peuvent mettre gratuitement à la disposition de chacun pour une ou plusieurs nuits. Exemple : vous rêvez de traverser les Etats-Unis sans devoir débourser un dollar pour le logement. Vous élaborez votre itinéraire au fil des canapés de fortune trouvés sur le site en question et vous renvoyez gentiment l’ascenseur lorsque les personnes qui vous ont jadis hébergé débarquent à leur tour en Belgique. Mieux, vous offrez spontanément votre divan à un Péruvien, une Canadienne ou deux Japonais de passage dans votre ville, en espérant peut-être dormir un jour chez eux. L’expérience vaut, paraît-il son pesant d’authenticité. Grâce à cette formule inédite, le voyageur sort en effet des sentiers battus par le tourisme de masse et découvre une ville, une région, un pays à travers les yeux de ses habitants et surtout la simplicité de leur train-train quotidien. Le squat devient intelligent ; chaque culture s’ouvre à l’autre. D’ailleurs, le père fondateur se veut profondément altruiste lorsqu’il précise in fine son véritable objectif :  » Relier les gens et les pays du monde, créer des échanges pédagogiques, élever la conscience collective, répandre la tolérance et faciliter la compréhension mutuelle entre les peuples « , écrit-il sur son site. Comme quoi, avec un peu d’audace et beaucoup de convivialité, la mondialisation peut aussi avoir du bon. Qu’on se le dise…

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content