Un Britannique amoureux de l’art et des jardins a transformé une modeste propriété en véritable galerie de plein air en Provence. Unique.

Carnet d’adresses en page 96.

C’ est au sommet d’une colline, juste en face du mont Ventoux, dans une Provence qui produit quelques côtes-du-rhône bien gouleyants, que ce célèbre photographe britannique a installé sa seconde résidence, séduit par la position géographique exceptionnelle de cette ancienne ferme à l’origine bien modeste, et par le caractère authentiquement rural des lieux, à l’opposé du très prisé Luberon cher à son compatriote, le romancier Peter Mayle. La maison a fait l’objet d’une rénovation en profondeur : rehaussement de la toiture, accroissement de l’emprise au sol, le tout réalisé en respectant l’esprit d’origine. Sans oublier la piscine flanquée d’un jacuzzi.

Mais l’essentiel est ailleurs. Dans un superbe jardin tout entier orienté vers la sculpture, la passion du maître de maison.  » Aujourd’hui, j’ai enfin le temps de m’y consacrer. J’acquiers des £uvres qui me parlent, et je les installe ici. Mais je compte me limiter ; les sculptures doivent s’intégrer dans notre environnement et le lieu ne doit pas devenir un jardin de sculptures « , explique-t-il.

C’est en visitant la galerie de plein air de la marchande d’art Hannah Peschar dans le Surrey, que le photographe a rencontré Anthony Paul, un designer aux multiples superbes réalisations contemporaines tant en Nouvelle-Zélande, son pays d’origine, qu’en Grande-Bretagne, en Suisse ou bien encore en France. C’est à Anthony Paul que fut donc tout naturellement confiée la mission de réaliser ce superbe jardin qui aujourd’hui affiche plusieurs identités distinctes et bénéficie d’une réelle autonomie. A l’entrée du domaine, en harmonie avec la façade ouest de la maison, s’est imposé le jardin de curé, un espace relativement clos. Largement pavé, il est émaillé de plantes et d’un petit canal aquatique qui semble nourrir le cycle de l’eau dans la propriété. Plus loin, le visiteur découvre un deuxième espace clos, entouré de murs plus hauts troués de quatre portails dont trois en bois. Exposé au sud, il est essentiellement occupé par une pelouse qui accueille les petits déjeuners.

Deux chemins relient le jardin à la cour. Le premier est légèrement excentré et débouche sur un bronze de Marzia Colonna, une artiste au talent internationalement reconnu. A la lisière de la propriété, il jouxte un champ de graminées, une prairie dessinée par Anthony Paul qui se faufile entre des abricotiers. De ce lieu, légèrement en surplomb, on peut admirer l’ensemble du travail du paysagiste, qui pour les premières semaines de l’été, a multiplié les bleus, mélangés, grâce à des centaines d’Iris, au ton profond des lavandes et, à celui, plus éthéré, des Perovskia. Le tout soutenu par une structure de base forte imaginée par Anthony Paul et le propriétaire des lieux, avec la complicité du paysagiste jardinier Bruno Collado. Des murets en pierre, ponctués ici et là de  » tours  » créent ainsi des mouvements qui rappellent les bories des paysages viticoles provençaux qui faisaient autrefois office de remparts.

Partant de la partie haute vers la partie basse, ces chemins permettent d’explorer dans ses moindres recoins la propriété, réservant des points de vue qui se modifient sans cesse et laissant apparaître au loin des sculptures qui suscitent une vraie curiosité. C’est particulièrement le cas de l’homme serpentin de Walter Bealey, dissimulé entre les iris et les oliviers, ou du menhir germant de notre compatriote Philippe Ongena, à l’extrémité nord de la propriété dans la partie du jardin dite du monastère et émergeant d’une touffe de graminées décoratives, Stipa tenuissima.

Plus loin, les  » coussins  » en céramique de Hannah Bennett, accueillent l’apéritif du soir. On s’installe face à la vallée qui prend ses teintes mordorées. Il arrive aussi que les propriétaires invitent leurs amis à un apéritif promenade qui permet de flâner d’une £uvre d’art à l’autre, en longeant la partie la plus basse du terrain, contiguë à une parcelle de vignes, là où trône une ancienne arcade en pierres de taille dénichée chez un antiquaire de la région.

Jean-Pierre Gabriel

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