C’est la recette que tous rêvent de réussir : prendre un nom bien établi dans l’histoire de la mode, le dépoussiérer sans en perdre l’ADN, pour en faire une marque ultradésirable. Certaines griffes y sont parvenues, d’autres moins. Histoires de leur renaissance…

C’est dans les vieux potsqu’on fait les meilleuressoupes. Cette expressiondésuète serait-elle devenue l’adage suprême de la mode ? Tout porte à le croire, tant le rythme des résurrections de marques s’est emballé ces dernières années, touchant aussi bien des monuments qu’on croyait tabous (Schiaparelli, rachetée par Diego Della Valle, qui serait relancée prochainement après cinquante-cinq ans d’absence) que des étoiles filantes comme l’américain Halston. A quand la renaissance de Paul Poiret ?

 » La raison principale de ces montages est économique, car aujourd’hui les grands groupes ne veulent pas prendre de risques. Relancer une marque offre plus de souplesse que d’en créer une, dans la mesure où elle ne s’appuie plus sur une personne physique particulière. Si le directeur artistique nommé ne plaît plus, on en change, d’où la fameuse valse des créateurs de ces dernières années « , analyse l’historienne de la mode Florence Müller.

1983 : le dépoussiérage de Chanel par Karl Lagerfeld sert de modèle absolu aux générations suivantes. Conduit par Nicolas Ghesquière, celui de Balenciaga en 1997 amorce la mode des renaissances totales.  » C’était un cas extrême. Il a fallu tout reconstruire, faire un travail pédagogique sur les archives car ce nom ne signifiait plus grand-chose pour le grand public. Nicolas Ghesquière a su retrouver ce qui fait aujourd’hui la modernité de Balenciaga en restant fidèle à son propre univers créatif « , poursuit-elle.

Du coup, tout le monde a voulu réveiller ses belles endormies. Avec plus ou moins de succès et des tentatives à répétition, de Grès à Rochas, en passant par Vionnet. Codes désuets, absence de références, manque de moyens… les pièges qui guettent les apprentis sorciers sont légion. Du coup, certains préfèrent se libérer totalement de l’héritage de la marque (les silhouettes rock de Christophe Decarnin chez Balmain), quitte à créer une image artificielle qui n’a plus rien à voir avec celle-ci. Longtemps réservés aux stars vieillissantes de la couture parisienne, ces liftings de mode n’en finissent pas de se démocratiser. Frisant parfois le relooking extrême pour continuer d’  » assurer en Rodier « .

Charlotte Brunel et Elvira Masson

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