Catherine Painvin, mère inspirée de  » Tartine et Chocolat « ,

vit aujourd’hui à Aubrac, sur le chemin de Saint-Jacques

de Compostelle, dans un ancien hôtel pour curistes.

Carnet d’adresses en page 99.

L e c£ur du village d’Aubrac, au c£ur du plateau du même nom, ressemble en hiver à un bourg hanté. Le seul hôtel de la place est fermé, le restaurant Chez Germaine n’ouvre guère plus sporadiquement qu’en d’autres saisons. Restent quelques habitants issus du terroir et Catherine Painvin, venue s’établir ici au début des années 2000.

Boulimique par nature, elle y acquiert un hôtel abandonné avec 22 chambres. Pendant les vacances ou au moment des fêtes de famille, toute cette maisonnée est pleine à craquer. Catherine y loge 5 enfants, 9 petits-enfants ainsi que de nombreux amis.

 » L’hôtel était abandonné. Aubrac a connu sa période de gloire parce que, d’une part le village est sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle ; ses paysages magnifiques interpellent les pèlerins. D’autre part cet endroit perdu était célèbre pour ses cures. Au début du xxe siècle, le lait de ses vaches avait la réputation de soigner les intestins. Une infrastructure s’est développée autour d’un sanatorium. Avec l’apparition d’un médicament en 1953, tout s’est effiloché.  »

Catherine Painvin connaît bien la région où elle possédait un buron, une de ces fermes estivales d’altitude où on élaborait autrefois le fameux fromage de Laguiole.  » Depuis vingt ans, nous passions une semaine chaque hiver en Aubrac. Le paysage est alors totalement enneigé. J’aime la pureté de la neige. Le climat y est dur. Les vents peuvent atteindre 100 km/h, ce qui produit des congères monumentales. Nous voulions nous plonger dans cette atmosphère ; cela changeait les enfants de la vie de château.  »

Catherine Painvin ne parle pas en l’air. Car la vie de château, elle l’a connue. Et à plusieurs reprises. Son histoire personnelle est digne d’un film et mériterait d’être romancée. Elle, qui fut classée en 2001 meilleure femme d’affaires au monde par un jury américain, a monté de toutes pièces deux entreprises qui l’ont rendue richissime, dont la plus célèbre est la griffe pour enfants  » Tartine et Chocolat « .

A Aubrac Catherine Painvin ne s’est pas contentée d’un hôtel. Elle en achète un second, sur la même petite place, pour y développer quelques chambres d’hôtes, un salon de thé et une boutique qui commercialise, entre autres, ses créations. Les bénéfices réalisés sont expédiés en Mongolie, un pays où elle a voyagé à plusieurs reprises, et où elle a tissé des liens profonds.

 » Au moment où j’ai emménagé ici, est arrivé un container plein d’objets et de mobiliers insolites que j’avais chinés un an plus tôt à Oulan-Bator. J’ai donc décidé de décorer une partie de la maison en détournant ces matériaux. Pour le reste, j’ai récupéré du mobilier du dernier château que nous occupions.  »

C’est celui-ci qui meuble le vaste rez-de-chaussée de sa maison, à commencer par la cuisine, sa grande table et les larges vaisseliers chargés de céramiques. Les volumes, autrefois destinés au bar et à la salle de restaurant, ont l’amplitude nécessaire pour magnifier un savant dosage entre le mobilier classique français et les objets venus d’Asie : tables, tissus, portiques…

Ces influences étrangères sont magnifiées dans certaines chambres de la maison où Catherine Painvin peut laisser libre cours à son imagination. Pour preuve : une des salles de bains, dans laquelle trônent deux baignoires émergeant d’un amas de pierres :  » Un jour, alors que je rénovais plusieurs salles de bains, je me suis retrouvée avec une baignoire en trop. Elle se trouvait stockée dans une pièce à côté de celle qui devait être installée. C’est ainsi que l’idée de les jumeler m’est venue.  »

Les atmosphères de ses chambres s’inspirent de ses voyages. Elles se veulent tantôt douces, tantôt flamboyantes, tantôt romantiques… Catherine passe beaucoup de temps dans l’une d’entre elles, gigantesque parce qu’installée dans une ancienne grange attenante à la maison.  » Ce volume m’a inspiré le thème de l’Afrique. J’avais voyagé deux ans plus tôt au Botswana. J’en ai ramené ces impressions que j’ai essayé de traduire en utilisant beaucoup de rouge.  » Comme souvent dans cette maison, on y croise pêle-mêle des photos, des albums de nombreux souvenirs.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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