En un an, l’hôtel St Martins Lane à Londres est devenu le rendez-vous incontournable des jet-setters avides de nouvelles sensations. Visite.

A deux pas de Trafalgar Square, St Martins Lane bruisse de l’animation fébrile des théâtres, pubs et boutiques multiples qui le bordent. C’est ici, en plein coeur de Londres où il fait toujours bon flâner, que l’Américain Ian Schrager, le nouveau pape de l’hôtellerie mondiale, et le designer français Philippe Starck ont décidé d’ouvrir leur premier hôtel trendy européen. Un nouveau pari réussi pour les deux créateurs puisque, depuis son ouverture, le hall, le restaurant Asia de Cuba et les nombreux bars ne désemplissent jamais tandis que le taux d’occupation des chambres est toujours élevé. Kate Moss et Jade Jagger en ont d’ailleurs fait leur QG pendant toute la période de la London Fashion Week et les designers John Galliano, Dolce & Gabbana, Tom Ford ou encore Madonna et son mari Guy Ritchie n’ont pu résister à l’envie de passer dans ces lieux où il faut absolument être vu.

Mais en quoi le St Martins Lane se distingue-t-il? Tout relève d’un concept jusqu’ici inédit et génial. Les deux promoteurs veulent, en effet, que leurs hôtels soient les plus avant-gardistes et révolutionnaires possible. Dans cette catégorie d’hôtels (Ian Schrager ne souhaite pas que l’on parle de chaîne car chaque établissement doit être conçu comme  » une création unique « ), le designer français a voulu des espaces conviviaux où il fait bon se rencontrer. Le tout dans une ambiance soft, parée ici et là de couleurs vives et décorée d’un assemblage étonnant de meubles contemporains et d’objets de style surréaliste et éclectique. Ainsi pour le St Martins Lane, dès que le visiteur a passé la porte à tambour baignant dans une lumière jaune soleil, il se retrouve dans un hall blanc où deux énormes vases de fleurs offrent de l’ombre à deux méridiennes sur lesquelles sont nonchalamment abandonnés des châles en douce laine. En journée, quand le bar est fermé, une immense image d’un bocal dans lequel évoluent deux poissons rouges est projetée en continu sur ses portes. Ce bar à la décoration minimaliste uniquement décoré d’immenses photos en noir et blanc sur fond noir jouxte le restaurant Asia de Cuba. Celui-ci, où il faut obligatoirement réserver une table plusieurs semaines à l’avance, offre un compromis entre la cuisine asiatique et latine et enroule ses tables autour de gros piliers servant de bibliothèque ou de galeries de portraits.

Pour accéder aux chambres, deux ascenseurs baignent dans une apaisante lumière bleue. Les trois parois incrustées de petits écrans de télévision diffusent en continu des images de yeux inquisiteurs ou de gigantesques rouleaux de vagues déferlant en silence. Les 204 chambres jouent également le bon chic minimaliste. Murs et draps immaculés se marient en douceur avec le marbre beige et le bois blond des sols et des revêtements de la salle de bains. Un bureau à la tablette en onyx , une chaise transparente et un tabouret d’art africain en bois sculpté constituent avec le lit l’ensemble du mobilier. Chaque chambre ouvre sur l’extérieur par de vastes surfaces vitrées partant du sol et se hissant jusqu’au plafond. Malgré la proximité de Trafalgar Square, nul bruit ne traverse ici les parois de verre et de son lit on peut paisiblement contempler l’horizon portant jusqu’à l’immense roue du Millenium bordant la Tamise. Le soir, selon son humeur, on choisit la couleur de son ambiance grâce à un temporisateur appelé  » Light Your Mood  » permettant de passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Vu de l’extérieur, l’hôtel de six étages se présente alors comme un véritable kaléidoscope géant.

Cet hôtel-théâtre convivial et hyper-chic est la sixième et avant-dernière réalisation du tandem Schrager-Starck. L’aventure dans la création d’hôtels hors normes a débuté en 1984 à New York quand l’entreprenant Ian Schrager a lancé le Morgans avec la designer française Andrée Putman. Ce premier  » boutique-hôtel  » de 113 chambres était conçu comme un  » anti-hôtel  » où l’on devait se sentir  » comme à la maison « . La première collaboration avec Philippe Starck date de la conception du Royalton puis du Paramount à New York, suivi du Delano à Miami Beach et du Mondrian à Hollywood. Le St Martins Lane est le premier essai du tandem hors des Etats-Unis. Depuis, les hôtels Sanderson à Londres et Hudson à New York ont été inaugurés. Emportés par la vague du succès, Schrager et Starck ont d’autres projets. Pas moins de cinq nouveaux hôtels devraient ouvrir leurs portes d’ici peu: trois à New York, un à San Francisco et un autre à Santa Barbara, en Californie.

Chantal Piret

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