Elles ont séduit Charlotte Gainsbourg, Lou Doillon et Vanessa Paradis. A Paris, elles dictent la mode. Isabel Marant, Vanessa Bruno et Stella Cadente ont inventé la recette de la nouvelle branchitude.

Carnet d’adre8

E lles ont démarré à peu près en même temps, à Paris, il y a une dizaine d’années. En 1990, Isabel Marant entamait sa carrière de styliste sous le nom de Twen (pour devenir Isabel Marant en 1994), en 1991, Stanilassia Klein créait Stella Cadente et en 1992, c’était au tour de Vanessa Bruno de lancer sa propre marque. Trentenaires dans le vent, branchées mais pas trop, elles tiennent toutes les trois à leur indépendance. Leur style, qui a fait leur succès, repose sur des silhouettes portables qui jouent sur le contraste, féminin-masculin pour Isabel Marant, naturel raffiné pour Vanessa Bruno ou princesse rock pour Stella Cadente.

Fidèles à leur style, clairement repérable d’une saison à l’autre, elles habillent cette nouvelle génération de femmes qui ont fait de la contradiction un mode de vie et qui se montrent, tour à tour, petite fille et femme, douce et agressive, sexy et pudique. Elles séduisent la même palette de stars : Vanessa ou Alysson Paradis, Charlotte Gainsbourg ou Chiara Mastroianni…, des filles au style décontracté et sans ostentation mais travaillé, super nature mais difficiles lorsqu’il s’agit de mode et qui tiennent à leur look comme à la prunelle de leurs yeux. En mélangeant glamour et nonchalance, ces filles-là incarnent le nouveau chic parisien.

La subtile nonchalance d’Isabel Marant

E lle vient juste de revenir de la piscine avec son fils Tal, 1 an et demi. Les cheveux encore mouillés, négligemment relevés en chignon, le jean gris taille basse qu’on lui avait déjà vu la veille, les bottines indiennes élimées, un top lingerie sous un gilet brodé, Isabel Marant nous reçoit, super décontractée, dans son showroom de la rue de Sévigné à Paris, fidèle à son style : un esprit nonchalant chic, un brin grunge, qui résume à lui tout seul la nouvelle branchitude parisienne, une sorte d’élégance en Converse. Un look que cette Parisienne pur jus a du mal à définir elle-même.  » J’ai toujours baigné là-dedans, affirme-t-elle. Je n’ai pas de recul pour vous expliquer ce qu’est le style parisien. Peut-être les vêtements que l’on porte correspondent-ils à la vie qu’on mène.  » Un mixte masculin-féminin, jamais over sexy mais subtilement sensuel qui s’adresse à  » des filles qui bossent mais qui ont une certaine discrétion et une vraie personnalité. Elles savent ce qu’elles veulent, elles ont une exigence par rapport à la mode mais en même temps, elles ne passent pas leurs journées à acheter des vêtements, souligne Isabel. Moi-même, je gagne bien ma vie mais je ne suis pas dupe de l’impulsion d’achat que l’on peut avoir pour un vêtement et, du fait que, six mois après, on s’en fout complètement. Je préfère m’offrir un beau voyage ou dépenser de l’argent pour ma famille.  »

Ses ambassadrices s’appellent Vanessa Paradis, Charlotte Gainsbourg, Lou Douillon, Julie Gayet, et plus récemment Kirsten Dunst et Sofia Coppola, sans oublier Romane Bohringer, sa grande amie.  » Romane, c’est une super copine, poursuit-elle. On ne s’est pas vues depuis la naissance de mon fils mais on aime les mêmes choses, on partage la même philosophie. Je ne la connais pas depuis très longtemps. Au départ, on s’est rencontrées parce qu’on m’avait dit qu’elle adorait ce que je faisais. Je me suis dit : Ce n’est pas parce qu’elle aime ce que je fais qu’on va devenir super copines ! Et puis finalement on a flashé.  » Très fidèle en amitié, Isabel Marant compte beaucoup plus d’amis parmi les acteurs, les peintres, les musiciens que dans le monde de la mode.  » Bien sûr, avec d’autres couturiers que j’admire pour leur talent comme Jean Paul Gaultier ou Sonia Rykiel, on se connaît, on se croise dans les soirées mais on ne se fréquente pas plus que ça « , reconnaît-elle.

Le style Isabel Marant, c’est plutôt la génération  » Touche pas à mon pote « , un monde métissé, très tolérant, un peu grunge, très tourné vers l’écologie.  » Dans les années 1980, on n’avait pas envie de montrer qu’on était différents par des signes extérieurs « , insiste la créatrice. Cette conviction, Isabel Marant l’a gardée. Et quand elle dessine ses collections, même pour les branchées, elle garde toujours cette simplicité :  » Je n’aime pas les logos, même une étoile sur un tee-shirt, je trouve ça déjà too much « . Ses couleurs sont plutôt fanées que flashy, ses étiquettes super discrètes et sa mode poétique, douce et passe-partout.  » Le principe, c’est que je vais toujours casser une féminité par quelque chose de masculin « , renchérit-elle. Exemple : la chemise col Claudine à assortir avec un jean et des bottes ou la chemise en voile de coton à porter sous un gros pull. Toujours ce besoin de briser l’allure. Comme lorsqu’elle était jeune et qu’elle était un vrai garçon manqué.  » Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la mode ou plutôt je savais exactement ce que je voulais, enchaîne-t-elle. J’étais un vrai garçon manqué, baba cool, grunge, punk. Mon père aurait rêvé que je m’habille en Laura Ashley mais moi, je mettais d’autres affaires dans un sac et je me changeais sous un porche. J’allais comme ça au lycée en robe de chambre et en charentaises, ce qui m’a valu quelques renvois… Mon père ne comprenait pas.  »

Père français, mère allemande, Isabel Marant a aussi grandi à Paris avec sa belle-mère, d’origine antillaise.  » J’ai toujours baigné dans un melting-pot où se mélangeaient plusieurs cultures, africaines, maghrébines…  » Adolescente, elle commence à dessiner ses propres vêtements, ceux qu’elle rêvait de porter. Des copines s’y intéressent et à 15 ans à peine, elle place ses créations dans un dépôt-vente.  » A 16 ans, je gagnais déjà 6 000 francs (915 euros) par mois, ce qui était énorme, confie-t-elle. Je me suis rendu compte que la mode, c’était un métier, qu’il y avait des gens comme Gaultier, Mugler, Montana… J’ai fait le studio Berçot à Paris et puis j’ai monté ma propre marque. Aujourd’hui, je regrette un peu car j’aurais pu apprendre auprès d’autres créateurs, mais mon parcours m’a permis d’apprendre d’autres choses.  » Isabel Marant commence par les accessoires.  » C’était très conceptuel, il fallait que la bague soit assortie à la boucle de la ceinture « , se souvient-elle. Puis elle tente la maille (sous le nom de Twen en 1990). La marque Isabel Marant, qui voit le jour en 1994, s’impose, sur le plan international, en une petite dizaine d’années seulement.  » Je vends bien aussi en Europe du Nord, nuance-t-elle. Je crois que la mentalité de cette partie du monde me correspond assez bien, philosophiquement et culturellement. Avant le look, on recherche dans ces pays le côté confort, on achète d’abord pour soi.  »

Isabel ne cache pas non plus son admiration pour les créateurs belges dont Martin Margiela.  » Les Belges sont des gens qui se foutent éperdument des phénomènes de mode et ce sont ceux qui s’en sortent le mieux aujourd’hui, poursuit-elle. Je connais un nombre incroyable de gens qui portent du Martin Margiela. Veronique Branquinho marche super bien aussi. Ces créateurs-là vendent mieux que Dior, Vuitton ou Gucci. Si j’avais pu faire comme Martin Margiela, garder toujours mon anonymat, je l’aurais fait. Mais c’est difficile. C’est vrai que l’on ne fait pas de mode pour être dans un star system. On vend des vêtements, on n’est pas des acteurs ou des chanteurs. A la limite, c’est ce qui me dérange le plus dans ce métier. Quand des gens se retournent sur moi dans la rue, et disent :  » C’est Isabel Marant !  » A la fois cette reconnaissance est agréable et désagréable. Ça m’emmerde plus qu’autre chose. Je préfère voir des gens qui portent mes vêtements.  »

Des vêtements aux prix séduisants et plus particulièrement la deuxième ligne, créée pour l’hiver 2003-2004, baptisée Etoile. Sobrement élégante, sa collection automne-hiver 2005-2006 s’inspire des femmes des années 1920 aux années 1940 comme Gabrielle Chanel, mais aussi des rédactrices de mode américaines comme Diana Vreeland ou encore Melissan Rodgers.  » Je n’avais pas envie de grand-chose pour cet hiver, avoue Isabel Marant. Alors je suis partie de silhouettes en flanelle classiques auxquelles j’ai ajouté des touches exotiques. Le point commun entre toutes ces femmes, c’est qu’elles étaient habillées avec les mêmes vêtements toute leur vie. Elles avaient une élégance innée. Elles étaient de grandes voyageuses et ramenaient toujours des vêtements des pays lointains. J’ai moi-même beaucoup voyagé, moins maintenant mais je continue à emprunter des techniques d’artisanat à d’autres pays. Cette saison, c’est le Mexique qui m’a inspirée.  » Le Mexique, repérable dans le choix des imprimés qui se marient, cet hiver, avec des vestes léopard ou en peau retournée.  » J’ai également repris une technique d’une tribu d’Egypte, les Assuits, dans mes robes du soir rebrodées de fil doré, note-t-elle. Je me suis aussi nourrie de la Turquie. Et la saison prochaine, ce sera l’Egypte.  »

Tal s’est calmé. Avec les défilés, il n’a pas beaucoup vu sa maman ces derniers temps. Isabel lui tend l’enregistreur.  » Allez Tal, dis quelque chose : Bonjour la Belgique !  » En la quittant, on se dit que, décidément, cette fille est bien aussi cool que ses vêtements.

Le raffinement quotidien de Vanessa Bruno

t out chez elle évoque ses origines danoises. Son visage lumineux à la peau parfaite éclairé par des yeux très bleus et des cheveux très blonds ; son environnement, un grand show room aux murs blancs du XXe arrondissement de Paris meublé de bois clair où d’immenses verrières laissent filtrer la lumière du jour. Jusqu’aux vélos rigoureusement garés en enfilade à l’entrée du studio, aux vêtements parfaitement alignés sur des portants, ou encore au fameux cabas, qui a fait le succès de la marque, et dont les différentes versions ont été soigneusement exposées sur un meuble bas. L’ensemble dégage une rigueur naturelle, une évidente sérénité. Tout de blanc vêtue, habillée en Vanessa Bruno de la tête au pied, la créatrice parisienne, de père italien et de mère danoise, explique, d’une voix claire, qu’elle recherche avant tout l’expression d’un  » naturel quotidien « , d’un  » naturel citadin « , dans sa mode comme dans la vie.

Née dans le prêt-à-porter – son père est le fondateur de la marque Emmanuel Khanh, sa mère était mannequin -, Vanessa Bruno dessine sa première robe à 8 ans. Elle enchaîne avec une petite parenthèse dans le mannequinat ( » une toute petite car le mannequinat m’ennuyait « ), et fonde sa marque en 1992, à l’âge de 24 ans. Entre-temps, avant et pendant, elle travaille pour Cacharel, Dorothée Bis, Chantal Thomass et Daniel Hechter.  » Quand j’y pense, je devais être folle, j’abattais un boulot incroyable « , se souvient-elle. Aujourd’hui, elle travaille tout autant : elle emploie trente-cinq personnes pour sa marque qui compte sept boutiques à Tokyo, deux à Paris ainsi que trois corners dans des grands magasins.

Ses vêtements s’adressent à des filles de caractère qui mêlent à la fois douceur, fragilité et dynamisme.  » Pas trop poupées, pas trop fleurs bleues, avec un brin de romantisme tout de même « , précise-t-elle. Des filles qui apprécient le détail d’une manche ballon, le sexy discret d’un décolleté, une maille souple qui les libère de leur carcan et valorise leurs formes. En effet, les adeptes de la marque sont  » des filles cosmopolites qui recherchent dans le vêtement un raffinement extrêmement féminin mais pas chichiteux, affirme la créatrice. On est plus dans le jeu de la sensualité que du paraître. Etre sexy, ce n’est pas être vulgaire.  » Un style  » élitiste et familier « , parfaitement adapté au quotidien pour des filles qui ne sont pas des top models mais qui affichent une beauté au naturel.  » Je trouve que ce sont les filles de la rue qui sont belles, pas celles des podiums, explique-t-elle. On nous montre une réalité qui fait rêver soit, mais moi je préfère exprimer l’univers de la femme que j’aime habiller, explique Vanessa Bruno. Pour mes présentations, je procède donc à un casting sauvage de mannequins, mais aussi d’actrices.  »

C’est dans un hôtel particulier du IXe arrondissement de Paris, la fondation Thiers, que Vanessa Bruno a choisi de mettre en scène sa collection automne-hiver 2005-2006, en nous racontant l’histoire de ses  » Charmeuses « . Des jeunes filles habillées en robe Joséphine, à taille haute, jouant tour à tour au piano ou évoluant dans un univers à la fois inspiré d’un tableau du XVIIIe et d’une mise en scène contemporaine. Des charmeuses qui, lorsqu’elles s’habillent de tweed et de couleurs fauves ou lorsqu’elles s’affichent en combi-shorts en laine, prennent aussi parfois des allures plus masculin-féminin, empruntées aux années 1940.  » Ce qui m’importe, ce n’est pas que les gens se disent  » ça fait années 40 « , mais plutôt que l’on retrouve mon style à travers des matières, des couleurs, des détails, bref que ma collection ne soit pas une caricature du style Joséphine par exemple, mais qu’elle dégage mon univers propre « , explique Vanessa Bruno qui se reconnaît assez proche de l’univers d’autres créatrices comme celui d’Isabel Marant.  » Nous sommes de la même génération, observe-t-elle. Nous ne sommes pas très éloignées. Je crois que nous avons un peu le même tempérament. On n’a pas besoin de briller, on est bosseuse et on aime ce qu’on fait. Je pense que les filles que nous habillons sont sensibles à nos créations parce que nous avons notre univers propre. Elles sentent qu’il y a une vraie personne derrière celle qui dessine.  »

la saga du cabas

Comme Isabel Marant, Vanessa Bruno n’hésite pas à introduire un contraste inattendu de couleurs qui opposera, par exemple, des bottes rouges à des teintes plus fanées. Une touche dynamique qui vient contrebalancer la douceur de la silhouette. Elle accessoirisera aussi le vêtement avec le fameux cabas en toile et à paillettes, devenu le best-seller de la marque.  » C’est vrai que ce sac a connu un grand succès en 1998 et a fait connaître mon nom, reconnaît la créatrice. Les filles le réclament encore. Mais je ne jette pas en pâture un sac comme ça, il est très étudié, notamment au niveau des couleurs et aussi des matières. Après la toile, j’ai introduit le cuir. Je crois que ce cabas plaît parce qu’il associe un côté pratique et un côté précieux.  »

Au rayon de ses fans, on retrouve Vanessa Paradis et Charlotte Gainsbourg, mais aussi Virginie Ledoyen, Zazie, Charlotte Rampling ou encore Chiara Mastroianni qui avait sélectionné des articles Vanessa Bruno pour la Redoute. Et aussi, au-delà des frontières hexagonales, les incontournables Kirsten Dunst et Gwyneth Paltrow.  » Je fais une mode facile pour des filles difficiles « , aime à dire Vanessa Bruno, dont la seule publicité est le bouche-à-oreille. Des filles difficiles qui vont aussi puiser dans sa deuxième ligne Athé, plus citadine et quotidienne. Pour les séduire, Vanessa Bruno a également créé une collection de lingerie, dans la même philosophie : voile de coton, combinaisons anciennes, pièces légères et vaporeuses pour des femmes  » discrètement sexy mais jamais show off « . Elle a aussi lancé dernièrement une ligne Jeans. Et qui sait ? Demain, elle envisage d’habiller l’homme et l’enfant. Mais pour l’instant, elle se contente de dessiner des modèles pour sa fille Lune, 9 ans, qui a déjà commencé à se saisir de son carnet et de son crayon pour y griffonner ses premières robes.  » C’est marrant comme c’est vraiment un métier qui fait rêver les petites filles, observe, amusée, la maman, mais je lui laisserai faire ce qu’elle voudra, c’est elle qui choisira. « 

L’univers étoilé de Stella Cadente

L orsqu’elle ferme les yeux, on voit briller deux étoiles. Des étoiles, Stanislassia en distille partout, sur ses paupières (elle les a baptisées  » eye strass « ), sur les murs de sa boutique du quai Valmy à Paris, et sur chacune de ses collections.  » Stella Cadente en italien, cela veut dire étoile filante, c’est un peu un signe porte-bonheur, explique la créatrice parisienne. Elle revient à chaque saison mais on ne peut pas l’attraper, c’est magique.  » L’univers de Stella Cadente, alias Stanislassia Klein, est empreint de merveilleux, de couleurs qui embellissent les femmes, de fourrure qui les réchauffe, de tulles qui les font ressembler à des princesses des temps modernes.  » J’aime associer un jupon en tulle rose à un perfecto de couleur « , avoue-t-elle. La féerie associée au côté rock, c’est la signature Stella Cadente :  » Ma mode est un équilibre entre le portable et l’importable, entre la création et la simplicité.  »

C’est chez Cacharel qu’elle a appris les imprimés et la fluidité, chez Montana la rigueur extrême, chez Corinne Cobson la gestion d’une petite entreprise. Cette maman de quatre bambins, qui a érigé l’enfance en valeur suprême, est la première à avoir introduit les diadèmes dans ses collections alors qu’aujourd’hui cet accessoire fait fureur chez un grand nombre de créateurs.  » On est toutes comme ça, lance-t-elle. Ma mode s’adresse à des filles qui portent des strings mais qui dorment avec leur nounours, à des femmes au look régressif mais pas enfantines, à celles qui croient encore au prince charmant tout en évoluant dans un environnement agressif.  » Comme Isabel Marant ou Vanessa Bruno, Stanislassia Klein joue toujours dans ses collections sur l’ambivalence des femmes.

Pour son défilé automne-hiver 2005-2006, baptisé Wendy Show, ses sources d’inspiration plongent dans le style  » nouilles « , la période Art nouveau du début du siècle dernier.  » J’aime cette idée, qui revient aussi en déco, de mettre trop de tout, de charger les femmes, d’en faire des guerrières, un brin sauvages mais romantiques aussi « , explique-t-elle. Le collant de couleur, fil directeur de la collection, rythme le défilé. Chez Stella Cadente, sur des robes fluides, on enfile un manteau zébré et on n’hésite pas à porter une jupe bleu piscine avec des escarpins dorés. Les silhouettes, coiffées de chapkas, font aussi souffler, comme dans un grand nombre de défilés cet hiver, le vent de l’Est. Un parfum d’ailleurs que Stanislassia attribue davantage à ses origines slaves qu’à un simple suivisme des tendances.  » J’ai toujours utilisé les chapkas et la fourrure dans mes défilés, affirme-t-elle, c’est une constante chez moi.  » Pour sublimer la féminité, la créatrice prend également le parti de cacher le cou,  » une des parties du corps les plus intimes : on meurt par le cou, on s’embrasse dans le cou, on met du parfum dans le cou…, observe-t-elle, inspirée. J’aime habiller les femmes très peu par endroits et les surhabiller dans d’autres. Par exemple, je cache parfois les mains car, selon moi, elles sont d’un érotisme dix fois plus fort que la poitrine.  »

Sa mode est enveloppante, moulante mais jamais collante,  » pour mettre en valeur les bonnes choses et cacher les mauvaises « , note-t-elle. Ses fans se prénomment Lio, dont elle avait habillé la tribu, il y a quelques années pour le Catalogue des 3 Suisses, ou encore Alysson Paradis, la s£ur de Vanessa, que l’on a aperçue au premier rang de son dernier défilé à Paris.  » Ce sont des filles bien avec qui je m’entends bien, qui m’aiment et que j’aime « , confie Stanislassia.

Pour ses défilés, Stanislassia marche aussi au feeling et choisit le plus souvent les mêmes filles, des filles  » sympathiques, naturelles et intelligentes, en principe les plus grosses du groupe qui sont aussi bien dans leur tête que dans leurs corps.  » Elle affiche un grand faible, aussi, pour la top belge Davina, dont elle a fait cette année sa mariée parce qu’elle est  » pulpeuse et parfaite, hiératique et guerrière, mais aussi douce et poétique « , dixit Stanislassia Klein.

Depuis peu, de sa baguette magique, elle saupoudre d’étoiles l’univers de la cristallerie, en association avec Cristal d’Arques et de la papeterie en présentant deux lignes,  » Stella Cadente  » et  » Stanislassia « , en collaboration avec Viquel. Dernière actualité : son parfum  » Miss Me « . A lire à double sens,  » Mademoiselle Moi « , ou  » Je vais te manquer « . Après le parfum, Stanislassia Klein a également pour projet de s’attaquer à la lingerie,  » une autre enveloppe du corps « , souffle-t-elle. En attendant, elle prévoit pour cette année l’ouverture d’une boutique en Grande-Bretagne qui viendra s’ajouter aux deux boutiques parisiennes, celle du Quai Valmy et celle du Quai des Célestins.  » Les Anglaises apprécient beaucoup mes vêtements et certaines prennent l’Eurostar uniquement pour faire du shopping chez Stella Cadente, confie-t-elle. D’ailleurs, je me sens très proche de la sensibilité anglaise. A côté, je trouve que Paris se mémérise.  » Stanislassia zippe son perf’ avant d’aller reprendre la promotion de son parfum  » Miss Me « . Derrière elle, elle laisse une trace, un charme, comme une poussière d’étoiles…

Agnès Trémoulet

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