Pendant le Salon du meuble, le cour de Milan bat au rythme du design. Jusqu’au 19 avril, nos créateurs prennent d’assaut les studios du centre-ville et les stands des plus prestigieux éditeurs pour faire étalage de tout leur talent.

Alain Berteau en solo

L’architecte bruxellois, soutenu par Designed in Brussels et Bruxelles Export, a rassemblé autour de lui ses principaux partenaires industriels installés dans la capitale. L’occasion pour le créateur de présenter une dizaine de nouveaux projets, tous édités ou sur le point de l’être.  » La preuve que le design n’est pas toujours complètement déconnecté de la réalité économique, heureusement « , insiste Alain Berteau. Particulièrement spectaculaire, la baignoire Chapel chez Aquamass (4.) – dont la forme en croix évoque un plan d’église – est volontairement plus ventrue en son centre pour qu’elle puisse servir de douche. Réalisée en résine blanche écologique, mate ou brillante, elle est idéalement combinable avec une rainshower. Avec Books (3.), des petits cahiers habillés de feutre, de craft ou de bonded leather –  » C’est une matière très propre, qui vieillit bien et que l’on obtient en broyant ensemble des résidus de cuir et du latex « , explique le designer – Alain Berteau entend bien concurrencer Moleskineà en utilisant la technologie Atoma. L’avantage par rapport aux célèbres carnets noirs ? N’importe quelle feuille passée dans une perforatrice Atoma pourra être ajoutée à tout moment. La clé USB, la tirelire et le poivrier (2.) pétant de couleurs créés pour Tamawa devraient aussi séduire les amateurs de beaux objets en Bakélite, cette matière dont on fait les boules de billard et que la société lancée par Hubert Verstraeten revisite avec bonheur depuis quelques années. Alain Berteau, qui assure la direction artistique de Feld, a également dédié une partie de son espace aux dernières créations signées de sa main pour l’éditeur basé à Herentals. Rachetée par Drissac l’an dernier, la marque a finalement décidé de ne pas exposer en nom propre à Milan pour mieux se concentrer sur Interieur, la biennale de design qui se déroulera en octobre prochain, à Courtrai. En guise de teasing, on peut déjà découvrir les lampes Petals (1.) – il suffit, pour les monter, de les zipper comme une petite tente – et les  » pullovers  » en feutre pour classeurs Folder Jackets mais surtout l’Instant Shelving Unit (5.), une étagère à monter – et à démonterà – en quelques minutes à peine, sans vis, ni outils !

Alain Berteau Design Works, Zona Tortona, 8, Via Voghera.

Dix jeunes pousses au Satellite

Soutenus par le service d’appui au développement Wallonie-Bruxelles Design/Mode, les créateurs invités à présenter leur travail dans le cadre du Salone Satellite ont été sélectionnés par les organisateurs de ce salon off qui attire depuis treize ans tous les professionnels du secteur en quête de jeunes talents. Très réussie, la collection Utopia du Namurois Vincent Olm invite à prendre ses repas à même le sol, autour d’une assiette démesurée surplombée par un éclairage généreux (2.). La Bruxelloise Pauline Gorelov signe aussi des papiers peints graphiques et ludiques qui devraient séduire les jeunes adultes (1. et 3.).

Powers of Ten, Salone Satellite, Nuovo Quartiere Fiera Milano, Rho.

Kaisin show

Pour fêter ses 10 ans de création, Charles Kaisin s’offre un one-man-show dans la capitale mondiale du design ( lire Le Vif Weekend du 12 mars dernier). L’occasion idéale pour cet architecte de 38 ans de mettre en avant ses projets les plus spectaculaires. On pense bien sûr à l’habillage du bar bruxellois Pixel (4.) avec des milliers de petits coussins de feutres. Mais surtout au lancement de ses trois nouvelles collections pour le cristallier Val Saint Lambert (5.) dont il vient par ailleurs de reprendre la direction artistique.

Design in motion, Charles Kaisin, Assab one, 1, via Assab.

Ceci n’est pas une expo

Cette année, Design Vlaanderen a décidé de recycler son exposition Je suis dada, déjà présentée à Turin, Vienne et Prague, mettant en scène les objets (7.) les plus surréalistes des créateurs du nord du pays opportunément rejoints par quelques Bruxellois francophones. Si la démarche est ludique, on regrettera toutefois que les pièces montrées soient en grande majorité d’anciennes créations pour la plupart déjà vues à Milan les années précédentes.

Je suis dada : between dream and reality , Zona Tortona, Spazio Herno, 19A, via Savona.

La caravane bruxelloise

Après Stockholm ( lire Le Vif Weekend du 12 mars dernier) et avant New York et Londres, la caravane 2010 des designers bruxellois – Anne Masson et François Chevalier, Nathalie Dewez, Hugo Meert, Loudordesign Studio, Lhoas & Lhoas – sélectionnés par Designed in Brussels et Bruxelles Export fait bien sûr arrêt à Milan. Cette fois, les institutions ont choisi de privilégier des créateurs déjà plus établis qui présentent des objets aboutis, souvent commercialisés, et non plus des prototypes en quête d’éditeurs. On notera que l’initiative, lancée en 2007, s’est avérée payante pour des designers comme Michaël Bihain, Big-Game ou Sylvain Willenz qui faisaient tous parties de promotions précédentes.

101 % designed in Brussels, Zona Tortona, 8, Via Voghera.

London boy

Difficile de ne pas flasher pour la nouvelle lampe One imaginée par Sylvain Willenz (élu designer de l’année 2009 par Le Vif Weekend) pour Established & Sons (6.). Le Bruxellois, artiste en résidence l’an dernier au CIRVA (Centre international sur le verre et les arts plastiques) à Marseille, a su mettre à profit ses recherches fondamentales pour créer cet objet à haute valeur technologique ajoutée qui réussit à intégrer dans une seule bulle de verre soufflé tous les éléments constitutifs de ce lustre – abat-jour, réflecteur, structure, diffuseurà – produit en un seul geste.

Established & Sons, La Pelota, 10, via Palermo.

Sans oublier

Quinze & Milan dévoile pas moins de huit nouvelles collections et une collaboration insolite avec la marque de sac à dos Eastpak (lire en page 14). L’architecte Vincent Van Duysen est l’un des designers stars invités à réinterpréter le cristal par Nadja Swarovki aux côtés d’Yves Béhar et de Tokujin Yoshioka. On peut aussi voir son étagère Totem sur le stand de Pastoe (3.). Chez MGX by Materialize, Xavier Lust ( lire en page 56), omniprésent durant cette foire, signe une collection de lampes, baptisées Gamètes (4. et 5.), légères comme une feuille tourbillonnant au vent.

Trois garçons dans le vent

L’air de ne pas y toucher, le trio belgo-franco-suisse Big-Game secoue avec poésie le cocotier du design en proposant des objets décalés, économes et pourtant fonctionnels. Comme pour Sylvain Willenz, il faudra attendre Interieur pour découvrir les projets édités par Feld. Mais Elric Petit, Grégoire Jeanmonod et Augustin Scott de Martinville poursuivent leur collaboration avec le jeune éditeur français Moustache qui présente cette année sa deuxième collection. Le portemanteau Bold (2.) tire sa typologie de la chaise du même nom présentée il y a trois ans au Salone Satellite et désormais devenue un best-seller. Les patères en mousse Micro (1.), en référence aux gros microphones des journalistes, risquent bien d’être promises au même succès.

Moustache, 54, via Tortona (face à Superstudio Piu).

Par Isabelle Willot

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