Londres, Milan, Paris. Trois villes où se joue deux fois par an la dramaturgie des défilés. Entre le show sur les podiums et le spectacle autour des catwalks, la présentation des collections s’apparente à une vraie pièce de théâtre. Dont voici le synopsis.

AVERTISSEMENT AU LECTEUR Le récit des défilés relève de la dramaturgie classique. Empruntant les mêmes règles. Unité de temps : trois semaines. Unité d’action : la présentation des collections. Unité de lieu : la planète mode. Avant de se lancer dans l’aventure, il est toutefois recommandé de lire ce qui suit.

Règle numéro 1 : la carte de presse n’est pas un sésame. On doit surtout, pour obtenir le précieux carton d’invitation, harceler les attachés de presse qui ne savent pas toujours très bien où se situe la Belgique sur la mappemonde.

Règle numéro 2 : les jeunes créateurs qui n’ont pas trop de moyens défilent souvent sur le site officiel de la Fashion Week. Les autres se démarquent en investissant différents lieux de la ville, ce qui oblige la rédactrice de mode, chaussée de talons, à courir aux quatre coins des capitales de la mode. Les journalistes des magazines les plus prestigieux ont leur chauffeur, les autres ont recours au taxi, pire au bus ou au métro !

Règle numéro 3 : les journées des modeuses sont harassantes et on ne cherche pas à justifier son salaire en disant cela. Non seulement, les défilés commencent tôt mais ils finissent tard sans compter les after show parties, qui font partie du boulot, bien entendu. Bien souvent aussi, l’enchaînement nous oblige à sauter la pause déjeuner. Et pas parce qu’on est au régime !

Règle numéro 4 : ne pas se prendre pour une star même si on vous prend en photo. Il s’agit soit de photographes free-lance qui comptent fourguer votre dernière trouvaille vestimentaire dans les pages  » Style  » des magazines de mode, soit de Japonais qui croient que, parce que vous êtes à Paris, les vêtements que vous portez sont forcément fashion. Ou alors, dernier cas de figure surtout à Milan, dans le doute, il y aussi les paparazzi qui mitraillent tous azimuts au cas ils n’auraient pas reconnu une people (ce qui ne vous autorise toujours pas à vous prendre pour une star !).

Règle numéro 5 : la modeuse doit savoir s’adapter aux douches écossaises. Un coup, lorsque vous avez le bon carton, on vous traite comme une princesse, l’instant d’après, parce que vous n’avez pas mis les bonnes ballerines avec la bonne robe, les photographes des pages  » Style  » ne daignent même pas braquer leurs objectifs sur vous.

Règle numéro 6 : exit les copines qui vous tannent pour venir avec vous. C’est IMPOSSIBLE. Mais, de temps en temps, quand les circonstances le réclament, on peut faire une exception et alors là… ça dépend de l’endroit : à Londres, c’est jouable, à Milan un peu moins, à Paris, c’est carrément inutile, au risque de vivre la pire humiliation de sa vie. La clé, c’est que tout marche à l’assurance. Rentrer accompagnée avec un seul carton n’est envisageable qu’à une seule condition : la tête haute, on profère, le ton assuré, la phrase-sésame :  » We are together!  »

Règle numéro 7 : deuxième difficulté : la place assise. Car c’est bien connu, rien ne sert de rentrer, il faut encore s’asseoir… Standing or not standing ? Voilà la question existentielle qui va vous obséder pendant trois semaines de défilés. On doit savoir en effet dans quel camp on joue : les standing ou les seating ? Car, malheureusement, il ne s’agit ni de  » standing for your rights  » et encore moins de  » standing ovation « . Non, l’appellation est nettement moins noble. En fait, quand  » standing  » est inscrit sur votre carton (qui porte simplement parfois les deux seules lettres  » St « , et il ne s’agit en aucun cas du diminutif de Steven, l’attaché de presse), cela signifie que vous êtes condamnée à suivre tout le défilé debout.  » Seating  » en revanche est le mot réservé aux journalistes qui ont de la bouteille, la hiérarchie se marquant ainsi entre rédactrices de mode et selon la rangée occupée. Dans ce monde-là, on ne parle que de promotion  » rangée « … Cela dit, avec un peu d’assurance, on peut très vite transformer un standing en seating. L’exercice demande toutefois une certaine dose d’expérience en la matière.

Règle numéro 8 (indissociable de la règle numéro 7) : tout destinataire d’une place assise a en principe un cadeau qui l’attend sur son seating. Double injustice. Ainsi, non seulement, on a le droit de poser ses fesses mais en plus, on les pose sur un parfum Burberry ou une couverture Chanel… La difficulté, toutefois, c’est d’arriver assez tôt pour ne pas se faire piquer son cadeau et pas trop tôt non plus pour ne pas faire la gourde qui attend une heure sans bouger pendant que les autres se la jouent cool à déambuler sur le catwalk.

Règle numéro 9 : les défilés ne commencent jamais à l’heure. Et jamais à l’heure, c’est carrément souvent avec une heure, voire même une heure trente de retard. Du coup, à Londres, un service ingénieux, le Timeline, a été mis en place. Un numéro que l’on peut appeler pour connaître l’heure du prochain défilé. Pratique quand on décide de s’accorder une pause-café. Le seul problème, c’est qu’avec son téléphone portable belge, le service est indécemment coûteux. Donc conseil : savoir régler sa montre à la bonne heure : quand on dit 10 heures, c’est 11 heures dans le langage mode, c’est ce que l’on appelle le jet lag des défilés.

Règle numéro 10 : à Londres, et c’est tout aussi valable pour Milan et Paris, l’incontournable journaliste Suzy Menkes est un peu la grande horlogère, celle qui remet les pendules à l’heure (dans tous les sens du terme). Non seulement, le défilé ne commence jamais sans qu’elle ait pris place au premier rang mais en plus, sa critique dans l’  » Herald Tribune  » du lendemain fait trembler toute la planète mode. Donc, une fois la vénérable dame – qui soit dit en passant n’est pas très fashion même si elle aborde sa légendaire coiffure en coque – assise, on peut commencer. Il y a bien Isabella Blow, la rédactrice en chef des pages mode de  » Tatler  » avec ses innombrables chapeaux (tantôt une bouche, tantôt une sculpture végétale souvent signés Philip Treacy) qui essaie de lui voler la vedette, mais même lorsqu’elle vient avec son petit chien au défilé Paul Smith, elle ne fait pas la pluie et le beau temps. J’aurai l’occasion d’en reparler ultérieurement car ces gens-là sont devenus mes nouvelles voisines de défilés, même si quelques rangées nous séparent encore…

Acte I : Londres

( Ellipse de temps, on passe directement au soir.)

La soirée promet d’être longue. Topshop, le grand magasin britannique, défile pour la première fois et présente, sous une tente installée dans un square du quartier très huppé de Mayfair, sa collection Unique, dessinée par les équipes de stylistes en interne. Puis taxi vers Sloane Street où est célébrée en grande pompe la réouverture de la boutique Versace. Un parterre de photographes attend, un peu style marches de Cannes mais sans les marches. Je suis habillée comme en journée : jeans, escarpins argentés et petite veste en velours (les Converse dans le sac au cas où j’aurais mal aux pieds, voir règle numéro 2). Ma tenue vestimentaire ne suscite aucun déclenchement de flash. On apprendra plus tard qu’Elisabeth Hurley, Jade Jagger et Trudy Styler, l’épouse de Sting, ont foulé le même tapis rouge moins d’une heure après. Respect.

A l’intérieur, l’exercice consiste à mettre la main sur le caviar. Mieux vaut en effet renoncer à visiter la boutique vu que l’endroit est bondé et que personne ne semble porter le moindre intérêt aux collections. Tout le monde est habillé en Versace, je le sais, je reconnais les sacs. Quelques toasts de caviar plus loin, on reprend le taxi direction une autre soirée, celle de Topshop, une des plus attendues de cette Fashion Week. L’événement a lieu dans Home House, un club privé où, paraît-il, Madonna a ses habitudes. Doublement intéressant. On fait le coup du  » We are together  » (voir règle numéro 6). Autre lieu, autre faune. Ici, la population est visiblement plus  » young and trendy « . Des looks à pleurer tellement ils sont fashion. Encore une coupe de champagne, des  » canapés « , ici on emploie le mot français, ça fait chic. Puis on déambule à travers des pièces à l’atmosphère cosy et terriblement british. Le nouveau must en termes de branchitude à Londres est de mélanger l’ancien et le moderne, ça s’appelle aussi vintage. C’est dans ce lieu que défilera Frost French, la copine de Kate Moss, quelques jours plus tard. Autant en profiter ce soir, car au défilé de Frost French, je resterai sur le pas de la porte. On quitte la soirée Topshop… pour finir au McDo à côté de l’hôtel. Ben oui, les soirées canapés, ça creuse…

Le lendemain

Aujourd’hui, c’est le défilé Paul Smith. Paul Smith, c’est un peu le  » highlight  » de la Fashion Week à Londres. Pour une fois, je suis bien placée. Sur le fauteuil m’attend Floral, le nouveau parfum de la marque. Un petit mouvement est perceptible sur le catwalk. Suzy Menkes, ordinateur portable sous le bras, vient d’arriver. Le défilé peut commencer.

Après un show très frais, on nous offre une bouteille d’eau à rayures et des cookies emballés dans une boîte aux couleurs de la griffe. Il faut bien nourrir la planète mode ! A la sortie, c’est la ruée vers les taxis. Je décide de marcher jusqu’à la prochaine station de métro. Et la journée se poursuit ainsi entre la découverte de jeunes créateurs et l’observation de la faune superexcentrique dans les files d’attente. Hier, j’ai repéré un jeune homme roux habillé d’un costume en tweed et affublé d’une valise de médecin en guise de sac à main, une sorte de dandy tout droit sorti du  » Portrait de Dorian Gray « . Les photographes l’ont remarqué aussi. Aujourd’hui, il arbore un trench rouge vernis. Tiens, je rencontre ma copine Delphine. Elle a des invitations pour les prochains défilés. Je la suis et, ensemble, on applique la réplique désormais célèbre  » We are together « . Un petit tour dans le quartier trendy de l’est de Londres et la journée est bouclée.

Le troisième jour

Je poursuis ma mission, assiste au défilé de Frost French… devant la porte où une horde de photographes attend Kate Moss qui ne viendra pas. Puis direction l’Electric Ballroom dans Camden Town pour l’événement  » Fashion East « . J’attends plus d’une heure pour finalement finir en suspension sur une barrière de sécurité. Depuis mon poste de contrôle improvisé, je découvre les trois jeunes talents sélectionnés : Marios Schwab, Gareth Pugh et Spijkers en Spijkers… Difficile de se faire une idée depuis mon perchoir. J’étais pourtant juste venue faire mon métier. Une raison valable mais jamais suffisante pour les portiers des défilés.

Suit  » Fashion Fringe « , le point culminant de la Fashion Week de Londres, l’événement où tous les regards convergent. Celui qui va attribuer un prix au jeune talent émergent (c’est Erdem Moralioglu qui sera proclamé gagnant pour ses imprimés et sa collection de boléros). Nous sommes convoqués dans un endroit baptisé  » Trocadero « , coincé entre Piccadilly et Soho. Une espèce de grand hangar dément en plein c£ur de la ville. On nous embarque dans de grands

ascenseurs où je reconnais Maria Luisa, propriétaire de la boutique parisienne qui porte le même nom, qui, elle aussi, traque les perles rares Au premier étage, c’est champagne party. Au deuxième, le défilé. Avec Delphine, on s’installe au premier rang, l’air de rien. De là, on peut observer à loisir les membres du jury : la belle Jade Jagger et le créateur Roland Mouret.

Le quatrième jour…

Changement d’hôtel pour réaliser un reportage sur Regent Street. Me voilà propulsée dans le premier grand hôtel de Londres, le Langham ; un lieu à l’atmosphère délicieusement british… Je vais enfin pouvoir passer une bonne nuit. En attendant, je m’autorise à faire un tour à la piscine de l’hôtel. Je sais, à cette heure de la journée, il y en a qui travaillent… mais bon il faut bien que quelqu’un se dévoue car qui d’autre que moi pourrait parler de la douceur de l’eau de cette piscine à débordement ? Le seul problème, avec ce genre d’hôtel, c’est que dès l’instant où vous touchez à quelque chose, vous recevez immédiatement une facture sous votre porte. Ce métier réclame la plus grande vigilance…. Bon, voilà, mon voyage à Londres se termine, fin de l’acte I, retour à Waterloo Station. Demain, il fera beau.

Acte II : milan

J’atterris à l’aéroport de Linate. Le lieu requiert immédiatement le port des lunettes de soleil, non seulement parce que le soleil brille, mais parce qu’à Milan, honni soit celui qui ne porte pas de solaires, car il ne verra pas le jour. On file direct chez D&G, avec un défilé très vaporeux. On enchaîne sur Just Cavalli. Ambiance cocktail party avec, pour manier le shaker, des hommes en maillots de bain. C’est tonique et ensoleillé. Je rencontre Elke, une photographe d’un magazine britannique (celle qui jadis braquait son objectif sur ma jupe plissée ou mon pendentif brillant) qui me fait part de ses observations :  » Ça fait vraiment très italien.  » Evident, même si dans les rangs, les têtes sont familières (ben oui, on s’est vu la veille à London, didn’t we ?), sur le catwalk, c’est le choc culturel. Tiens, chez Cavalli aussi, on nous sert des bouteilles d’eau griffées, l’oxygène de la planète mode, enfin… après le champagne. On avale un sandwich et aux suivants : Emporio Armani, Salvatore Ferragamo, Philosophy di Alberta Ferreti (je passe sous silence l’attente devant la porte) et Dirk Bikkembergs. Ouf, ici, comme il s’agit d’un créateur belge, je suis installée au premier rang. Ça fait du bien d’être reconnue pour ce qu’on est…

Le lendemain

Marni joue  » Bang Bang  » en boucle, la chanson du film  » Kill Bill  » et nous offre un superbe défilé d’imprimés, de petits cardigans associés avec des jupes, fidèle à l’esprit de la marque. Chez Blugirl, les modèles jouent les petits rats de l’Opéra. Un petit tour dans la très chic Via Montenapoleone au c£ur de Milan puis direction la  » Fiera de Milano « , le site officiel des défilés pour les shows Pucci et La Perla.

Le soir, je suis invitée chez Nobu, le restaurant d’Armani, ou plutôt le restaurant à sushi d’Armani (le créateur compte en effet plusieurs adresses gastronomiques Via Manzoni à Milan). La précision a son importance car, ici, il faut manger avec les baguettes et quand on ne sait pas manger avec les baguettes, eh bien on passe toute la soirée à se demander pourquoi on ne s’est pas entraînée auparavant toute seule dans sa cuisine !

Le troisième jour….

Missoni nous émeut en jouant  » Les Cerfs-volants  » de Benjamin Biolay, une balade romantique et nostalgique qui s’accorde si bien avec les petites robes en maille colorée de la marque italienne. Le maroquinier Bottega Veneta présente sa collection prêt-à-porter à l’autre bout de la ville. A l’entrée, on me dit que l’endroit est trop petit :  » Repassez dans une heure « . Une heure après, je bois un café en ruminant mon ressentiment. Et j’enchaîne sur Giorgio Armani qui accueille Tina Turner en guest-star. Puis dans l’après-midi : Gucci. Ici, l’arrivée est envahie de paparazzi qui flashent tous azimuts. On finit par Burberry en soirée qui nous réserve comme toujours une belle collection.

Le quatrième jour

L’événement, c’est Dolce & Gabbana qui fête ses vingt ans de mode. Grosse fête pour l’occasion. Devant l’entrée du Cinema Metropol où se déroule le défilé, les badauds sont venus assister à l’ouverture des portes. Du bon côté de la barrière, c’est l’émeute pour se frayer un chemin. Une heure plus tard, c’est tout en haut, derrière les caméras, que j’assiste à ce grand spectacle nourri d’effets spéciaux et d’écran géant diffusant une rétrospective du travail du célèbre duo italien. Le point final de la semaine est marqué par le défilé Versace et ses femmes sirènes dans des maillots de bain qui dessinent un corps de rêve.

Le lendemain matin, je reprends le chemin de l’aéroport. Le chauffeur de taxi est napolitain, le ciel est d’un bleu intense, il me confie que ce week-end, il va aller cueillir des champignons. Quant à moi, je m’apprête à vivre la troisième et dernière partie de mon voyage.

Acte III : PARIS

Arrivée gare du Nord. Je descends du train, tirant mon énorme valise derrière moi (ce style de mission exige une garde-robe conséquente). A ce stade, j’avoue que les villes sont devenues de simples décors et les saisons ne sont plus que des prétextes. Pour autant que je me souvienne, il fait beau à Paris ce jour-là.

J’avais quitté Londres et Milan en restant sur l’impression d’une saison dédiée à la femme enfant. A Paris, au contraire, je vais découvrir l’explosion de la féminité, ce que certaines journalistes ont tôt fait de baptiser l’überféminin en référence à l’übermâle qui sévit depuis quelques mois déjà…

Ma semaine s’ouvre avec le défilé de Bernard Willhelm. Dans la foulée, Viktor & Rolf font défiler leurs mannequins à l’envers, A.F. Vandevorst les font surgir de la nuit dans le théâtre de l’Elysée Montmartre et Cathy Pill présente pour la première fois sa collection à Paris. De retour à l’hôtel, une bonne nouvelle m’attend. J’ai reçu les invitations pour les shows de Vivienne Westwood et Alexander McQueen. Inespéré !

Le lendemain

Vivienne Westwood groove à la fin de son défilé, telle une mythique rock star. Marithé + François Girbaud font défiler leurs modèles dans un labyrinthe, Isabel Marant a décidé de convier les journalistes dans son showroom pour une présentation très intime. Le soir, au Grand Palais, John Galliano pour Dior couvre ses modèles de voile couleur chair. Après quoi, les journalistes sont invités à découvrir en avant-première l’exposition  » Vienne 1900  » au Grand Palais. Une visite ultrasélect où je partage le même guide que… Marisa Berenson.

Le troisième jour

Stella Cadente a convié des danseuses du Moulin-Rouge sur le catwalk, Bruno Pieters fête son dixième défilé, Veronique Branquinho nous invite dans un lieu dont elle seule a le secret : un garage du XIe arrondissement. Chez Givenchy, je me faufile avec un laissez-passer de photographe. Epoustouflée par le tableau futuriste et évanescent qu’a imaginé le nouveau directeur artistique Ricardo Tisci. Un des plus beaux moments de tous les défilés prêt-à-porter de la saison. Suivent les belles héroïnes romantiques de Rochas, avant de refermer la journée avec Dries Van Noten, superbe comme d’habitude.

Le quatrième jour

Je découvre l’univers coloré et ludique de Tsumori Chisato, adhère aux silhouettes glitter et féminines de Loewe, revois avec plaisir les robes de vestales signées Sophia Kokosalaki, découvre la nouvelle collection très réussie d’Ivana Omazic pour Celine, savoure les robes à la coupe sixties et les tailleurs-shorts de Véronique Leroy, pour finir sur le défilé magistral d’Ann Demeulemeester… Impeccable tant par le lieu choisi (les ateliers de l’Opéra Garnier) que par la collection de robes dos nu d’une féminité à laquelle la créatrice belge ne nous avait pas habitués.

Le cinquième jour…

Chanel nous convie au Grand Palais avec des silhouettes tellement modernes qu’on se demande pourquoi Bernadette Chirac continue à assister aux défilés de la griffe française. Haïder Ackermann nous éblouit dans la cour de l’Ecole de médecine avec des modèles voilées de couleur  » nude « . Sonia Rykiel fait défiler ses envies de chocolat, de pouvoir et de sexe à l’Espace Ephémère du Jardin des Tuileries, Martin Margiela pousse ses modèles sur des chariots et Alexander McQueen opte pour la sobriété. La semaine parisienne est exaltante.

Le sixième jour…

Kenzo nous embarque sur son bateau avec des marins rétro. Jean Paul Gaultier pour Hermès signe une collection éblouissante, tout en raffinement, inspirée des ambiances coloniales.

Le septième jour…

La semaine s’achève avec Louis Vuitton qui nous convie à un triple événement, l’ouverture de la maison sur les Champs-Elysées, le défilé et la soirée très privée. ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 28 octobre 2005). Après quoi, je rentre à l’hôtel, je m’effondre. Mission accomplie.

Dénouement

Après trois semaines riches d’enseignement, je reprends le Thalys, empreinte d’une nouvelle sagesse.

De Londres, j’ai saisi que la clé, c’était la créativité. Qu’importe la marque pourvu qu’il y ait l’idée !

De Milan, j’ai compris que la première nécessité, c’était de s’acheter un tailleur Armani.

De Paris, j’ai ramené la pierre philosophale, en saisissant que mettre des jupes avec des baskets était la quintessence du nouveau chic parisien.

Me voilà rassurée, enfin… pour une saison.

Agnès Trémoulet

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