Un nouveau livre dévoile le versant féminin de la planète graffiti. Et devinez quoi ? C’est de la bombe !

Exclusivement masculin, le petit monde du graffiti ? En apparence, oui. Mais en apparence seulement. Car les filles ont pris part à l’aventure dès le début, situé au milieu des années 1970. Simplement, pendant – trop – longtemps, leur présence a été tue. Ou en tout cas ignorée. Parce qu’elles étaient moins nombreuses certes, mais surtout parce qu’elles évoluaient dans un milieu très macho. Ce qui les incitait à faire profil bas pour s’épargner les railleries, quand ce n’était pas le mépris, de leurs  » collègues « .

Le choix par beaucoup de pseudos asexués garantissant leur anonymat (Claw aux Etats-Unis, Microbo en Italie ou Keho chez nous) témoigne de cette volonté de se fondre dans la masse. Même si certaines, comme Lady Pink, une des pionnières de la scène outre-Atlantique, ont réussi à se faire un nom en affirmant haut et fort leur identité féminine. Au prix d’innombrables sarcasmes… A découvert ou pas, elles ont dû en tout cas ferrailler deux fois plus que leurs comparses pour décrocher un début de légitimité.

Les choses sont toutefois en train de changer à mesure que les fresques murales gagnent leurs lettres de noblesse (contrairement aux tags, qui restent considérés comme du vandalisme), et que le Street Art – qui englobe les nouvelles techniques plus faciles à manipuler comme le pochoir ou les autocollants – grignote du terrain. C’est dire si le livre de l’Allemand Nicholas Ganz,  » Planète graffiti version filles « , tombe à pic. Pavé rose dans la mare de ce mouvement underground, il rend à Cléopâtre ce qui lui appartient. Et complète le panorama mondial du graffiti esquissé dans son ouvrage précédent ( » Planète graffiti « , Pyramyd).

Le voyage vaut le détour. Parce qu’il recèle à chaque page des pépites dénichées aux quatre coins du monde. Et aussi parce qu’il met en lumière une facette plus poétique de cet art rugueux.  » Les filles ont une écriture différente. Leurs lettres sont plus rondes, résume la graffiteuse néerlandaise Mickey. Elles ont aussi tendance à reproduire des symboles comme les papillons, les c£urs, les grands yeux – des trucs mignons quoi !  » Ce qui ne veut pas dire qu’elles succombent systématiquement à la mièvrerie. A côté des rondeurs sucrées de la Toulousaine Miss Van, on croise aussi des personnages nettement plus inquiétants comme dans les  » pièces  » de l’Américaine Solovei. Dans les deux cas, de véritables £uvres d’art (urbain). Enfin exhumées.

 » Planète graffiti version filles « , par Nicholas Ganz,

Pyramyd, 224 pages.

Laurent Raphaël

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