Cap sur la province septentrionale du Haut-Adige, autrefois chérie par l’impératrice Sissi. Lové dans les montagnes du Tyrol italien, le château de Trauttmansdorff est devenu un jardin extraordinaire… où chaque saison déploie mille et une séductions.

Carnet d’adresses en page 72.

On l’appelle encore le Tyrol du Sud… Pour montagneux qu’il soit, le Haut-Adige est connu depuis longtemps des amateurs de villégiature. Son climat doux et la qualité de l’air qu’on y respire ont d’ailleurs fait de Merano, sa capitale, une  » île de la Méditerranée au c£ur des Alpes « . Depuis le xixe siècle, cette charmante cité s’est en effet taillé une réputation de ville de cures û surtout hivernales û qui subsiste aujourd’hui encore.

Ce sont sans doute tous ces agréments qui ont conduit ici l’impératrice autrichienne Sissi, dans les années 1870. Durant deux hivers consécutifs, elle séjourna en toute discrétion au château que le comte Trauttmansdorff avait fait construire en 1850, sur les ruines d’une ancienne forteresse médiévale. Aujourd’hui, ce vallon accroché à un coteau magnifiquement exposé au sud et ceint au loin d’une généreuse dentelle de montagnes a encore gagné en séduction. Depuis 2001, les douze hectares qui entourent le château sont, en effet, devenus des jardins remarquables qui mêlent architecture et connaissance botanique.

Du 15 mars au 15 novembre, les visiteurs peuvent découvrir une succession de tableaux ravissants, des premières bulbeuses jusqu’aux graminées et vivaces d’automne. La fin du printemps constitue cependant une des plus belles saisons. Outre les roses qui sont alors à leur apogée, on s’émerveille devant une prairie sauvage mais aussi devant des mini-parcelles de céréales où le caractère décoratif fait référence aux champs qui poussaient autrefois ici. Il en va de même des vignes plantées sur les pentes les plus raides et menées selon la technique traditionnelle locale des pergolas tressées en bois. La découverte de ce savoir-faire conduit aussi à se passionner pour les cépages indigènes en voie de disparition.

Les jardins de Trauttmansdorff illustrent l’inclination, dans le Haut-Adige, pour les choses bien ordonnées, canalisées. Ici, on prône la réflexion, la création raisonnée. En témoigne cette folie contemporaine, une parmi celles qui émaillent la promenade, baptisée  » le coussin de belle-mère « . Entièrement réalisé en métal inoxydable, cet abri a la forme d’un cactus. Sa structure de cinq mètres de hauteur est percée d’une myriade de petits trous symbolisant les épines de la plante. Lorsque le soleil brille, sa lumière se diffuse comme autant de scintillements. Et lorsqu’il pleut, de petites gouttelettes de pluie peuvent perler à l’intérieur, rappelant que les cactus sont des réservoirs gorgés d’eau…

Bénéficiant d’un ciel clément, Trauttmansdorff propose aussi un jardin de plantes grasses surmonté, en été, d’un squelette de serres que l’on pourrait croire à l’abandon. Il n’en est rien car, dès le retour des mauvais jours, cette structure métallique s’habille des panneaux de verre nécessaires à la protection de ces espèces des climats chauds et secs.

Les concepteurs de Trauttmansdorff ont émaillé les six kilomètres de sentiers de nombreuses surprises. On passe ainsi de l’anodin au spectaculaire, du jardin de légumes et de fleurs de montagne à une impressionnante volière contemporaine en forme de cylindre dans laquelle une balançoire invite les passants à côtoyer un instant et de manière ludique les oiseaux. Autant d’invitations enchanteresses à rallier ce jardin extraordinaire.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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