Barbara Witkowska Journaliste

Ils s’appellent Speedy, Keepall, Birkin, Kelly ou 2.55… Trentenaires, quinquagénaires, voire septuagénaires, ils n’ont pas pris une ride. Subtilement réactualisés ou revisités par des artistes, ils continuent avec bonheur leur entreprise de séduction.

On pourrait les appeler les  » essentiels intemporels « . Aujourd’hui, au milieu d’un monde chaotique aux repères brouillés, le vrai luxe c’est être bien dans ses vêtements et dans ses  » pompes « … et d’avoir une relation complice avec son sac. De préférence, un sac conçu à une époque d’élégance où primaient le beau, la simplicité et un sans-faute chicissime.

Les icônes de Louis Vuitton La fashion attitude

Un sac qui dégage quelque chose de rassurant, d’harmonieux, qui donne une force. Prenez le Keepall de Louis Vuitton, best-seller incontestable dans le domaine des sacs de voyage… et de ville. On craque devant ses dernières interprétations, imaginées par Takashi Murakami. L’artiste japonais lui a taillé un habit sur mesure avec la version gourmande de Monogram Cerise et avec la version punchy et juvénile de Monogram Multicolore, sur fond blanc ou noir. Sous ce look haut en couleur, l’âme du Keepall reste intacte.

Les premiers modèles, volumineux, sortent de l’atelier en 1924. Les rares voyageurs de l’époque adoptent immédiatement ce bagage souple, spacieux et confortable. Véritable révolution par rapport aux anciennes malles et valises, encombrantes et rigides. Pour commencer, Keepall s’habille de toile brune, plus tard, lorsque les progrès technologiques le permettront, il adoptera la célèbre toile Monogram, utilisée auparavant pour les bagages rigides. Les proportions du Keepall sont justes et admirables, ses lignes sont souples et confortables. Il allie à la perfection l’esthétique et la fonctionnalité.

Très vite, le sac de voyage a envahi la ville et a adopté des tailles plus petites, idéales pour le confort citadin. Au fil des ans, son look n’a cessé d’évoluer pour mieux s’inscrire dans l’air du temps. Le Keepall s’habille de Damier, de cuir Epi, d’autruche. Il inspire des artistes. Stephen Sprouse l’a interprété, pour l’été 2002 en Monogram Graffiti, Takashi Murakami l’a dynamisé avec des couleurs vives. Dans les saisons à venir, il nous surprendra sans doute avec d’autres créations inédites.

Né à la même époque, Speedy adopte, pour l’été 2006, la fashion attitude, pile-poil dans l’air du temps : le modèle en Monogram multicolore se pare de franges aux couleurs vitaminées et d’une panoplie de gris-gris emblématiques de la Maison. Cet autre modèle-phare, peut être considéré comme le faux jumeau du Keepall. Même forme de polochon, mêmes rondeurs et mêmes poignées. Il a simplement renoncé à deux sangles qui prolongent les poignées du Keepall et s’enroulent autour du sac. Fourre-tout et  » city bag  » par excellence, il a vécu, dans sa carrière, les mêmes métamorphoses que le Keepall.

En référence au style western, le duo chromatique turquoise et beige est top tendance. Il habille donc avec bonheur le modèle Noé en chèvre. Son histoire mérite d’être racontée. En 1932, Gaston-Louis Vuitton est confronté à une requête insolite d’un producteur de champagne. Celui-ci lui demande de créer un sac qui pourrait contenir cinq bouteilles de champagne, quatre à l’endroit et une cinquième à l’envers, au milieu des autres. Défi relevé haut la main avec ce modèle dont le nom s’inspire d’un passage de la Bible. Après avoir planté quelques vignes après le déluge, Noé a succombé par la suite à la tentation du vin.

Depuis sa naissance, le sac Noé a été subtilement réactualisé à plusieurs reprises. Les femmes actives l’ont adopté à l’unanimité. On a donc allongé son anse, pour qu’il puisse être porté à l’épaule, pour plus de confort. Outre les coloris mode, réactualisés au fil des saisons, il se décline en toile Monogram classique brun et or, en Monogram Multicolore et en toile Trianon. Le dernier-né de ces  » essentiels intemporels « , dessiné en 1966, s’appelle Papillon, en référence à sa silhouette cylindrique, légère, juvénile et désinvolte. Sa version la plus récente ose la fantaisie avec Cherry Blossom : des fleurs de cerisiers roses sérigraphiées sur la toile Monogram. Papillon est le chouchou des people, dont Ophélie Winter, Liz Hurley et Jane Birkin. Il existe en trois tailles et est proposé dans les toiles classiques de la maison.

Le 2.55 de Chanel Toujours à la pointe de la mode

Le temps n’a aucune prise sur cette petite merveille, créée par Coco Chanel en février 1955. Jugez-en : cet été, on va afficher le 2.55 en cuir gold métallisé ou en rouge vif, deux couleurs pleines de personnalité qui vont booster avec force nos tenues blanches, incontournables de la saison. Pour coller à l’air du temps, les célèbres détails évoluent, gagnent en originalité et en modernité. Le fermoir en double C devient une plaque métallique rectangulaire, affichant le logo de la maison en toutes lettres. La bandoulière en agneau surpiqué remplace, parfois, la chaîne gourmette. Le classique matelassage en losanges s’offre quelques fantaisies comme, par exemple, le chevron, l’épi ou encore, comme cet été, une sorte de  » labyrinthe « .

Pourquoi les accessoires de Chanel traversent-ils les années avec le même succès et le même panache ? C’est parce que Coco Chanel, inspirée par les habitudes vestimentaires des hommes, donc fonctionnelles, concevait toutes ses créations dans un esprit pratique. L’esthétique ? Oui, bien sûr, elle était très importante. Mais chaque vêtement, chaque accessoire, se devait tout d’abord d’être confortable, commode, avoir un  » ton juste « . Toute  » anecdote  » et tout élément superflu étaient bannis. En revanche chaque détail avait sa raison d’être. C’est en 1929, que Mademoiselle Chanel lance, la première, le sac à bandoulière, inspiré d’une grosse besace, portée par des militaires. Les femmes, ravies, adoptent avec enthousiasme cette nouvelle mode qui leur permet de se promener les mains libres.

Coco Chanel reprend l’idée en 1955 et imagine un sac matelassé, orné d’un double C, sa signature, et dont les courroies sont les chaînes dorées. Le modèle d’origine, lancé en février s’habille d’agneau. L’idée est originale, car, jusque-là, aucun professionnel de la maroquinerie de luxe n’a osé s’attaquer à cette matière extrêmement délicate. Le matelassage ? Mademoiselle Chanel adore cette façon de travailler les matières qui leur confère un toucher doux, souple et sensuel, donne du gonflant et de la tenue. Son inclinaison pour le matelassage prend aussi sa source dans les vestes d’équitation, car cette cavalière accomplie a une passion pour le cheval. Enfin, le matelassage rend la forme d’un sac confortable et pratique. Ergonomique, dirions-nous aujourd’hui.

Les innovations ne s’arrêtent pas là. Coco Chanel rompt avec l’habitude de doubler les sacs de noir et tapisse l’intérieur du 2.55 avec de l’ottoman bordeaux. La raison ? Cette couleur facilite la recherche de petits objets au fond du sac. De surcroît, le bordeaux était la couleur de l’uniforme que Coco Chanel portait, orpheline, au couvent d’Aubazine. Précieuse et festive, la célèbre bandoulière en chaîne-gourmette et cuir glisse à travers des £illets dorés et reflète le goût immodéré de la créatrice pour les bijoux qui  » font de l’effet « . Mis en orbite il y a un demi-siècle, le 2.55 ne cesse de surfer sur les vagues du succès, sous l’impulsion de Karl Lagerfeld qui assure désormais la direction artistique. Il le pare de toutes les couleurs, l’habille de jean, de tweed ou de velours, l’imagine en taille XXL ou au contraire en version minuscule. Agrémenté d’une touche d’humour ou d’un brin d’irrévérence, le 2.55 demeure l’accessoire moderne par excellence de toute femme de 7 à 77 ans.

Le label Hermès Très star

Ses concurrents sont nombreux, mais rien n’y fait… le Kelly de Hermès reste invariablement  » la  » référence en matière des sacs. Sa dernière métamorphose ? On la doit à Jean Paul Gaultier. En hiver 2004, pour sa première collection dessinée pour Hermès, le créateur a interprété le modèle mythique en une pochette mini-Kelly, proposée en crocodile, en alligator mat, en veau Doblis et en veau Evergrain.

Le Kelly a été dessiné par Robert Dumas dans les années 1930, mais sa carrière internationale a démarré une vingtaine d’années plus tard, lorsque la princesse Grace de Monaco l’a acquis dans une taille XXL pour cacher les débuts de sa grossesse. La photo, parue dans un magazine américain, a fait le tour du monde et, spontanément, ce sac qui n’avait pas de nom, a pris celui de sa plus célèbre ambassadrice.

Le modèle classique est réalisé par un seul et même artisan dans les ateliers Hermès et son montage demande 18 heures de travail. Si on fait preuve de patience, on peut le commander dans une variété infinie de matières classiques (veau grainé, veau grain lisse, box, crocodile mat ou brillant) ou plus insolites, telles le crinolin (tissage de crin et de lin), le Vibrato (assemblage de lamelles de cuir contrecollées laissant apparaître la tranche du cuir), ou le taurillon Clémence.

Autre incontournable, le Birkin, est  » le  » cabas le plus chic du monde. En 2004, le même Jean Paul Gaultier s’est attaqué au mythe en allongeant sa silhouette et en l’équipant d’anses plus longues, permettant d’être porté à l’épaule. Le résultat est fort bien réussi, mais les  » modeuses  » célèbres, telles Nicole Richie, Brooke Shields, Julia Roberts et Lindsay Lohan, continuent à s’afficher avec le modèle originel. Celui-ci a été créé en 1984, à la demande de Jane Birkin qui souhaitait un modèle suffisamment ample et volumineux pour pouvoir transporter toute  » sa maison « . Sa taille initiale fut de 40 cm. Désormais, le Birkin est également proposé en 45 cm, en 30 et 35 cm, ainsi qu’un tout petit modèle de 25 cm. Elégant, malin (grâce à ses aménagements intérieurs) et pratique, il se livre en chèvre Coromandel, en buffle Skipper, en vache naturelle, en taurillon Clémence, en autruche, en crocodile ou en veau Barénia.

Et aussi…

Le maroquinier belge Delvaux lance son sac Brillant pour l’exposition universelle de 1958. Le modèle a une très jolie silhouette, élégante, classique et féminine. Il se distingue aussi par une innovation  » révolutionnaire « . Contrairement à la majorité des sacs précédents, équipés d’un fermoir métallique, le Brillant se ferme à l’aide d’une sangle, terminée par une boucle en forme de  » D « . C’est la première fois qu’une maison de luxe affiche son logo ! Toujours très  » in  » et apprécié de nombreuses fashionistas belges, le Brillant se décline dans les plus belles peaux, caractéristiques de la maison. Sur commande, il peut également être réalisé en crocodile ou en autruche.

Né en 1993, le sac Pliages de Longchamp connaît toujours un succès mondial : plus de 5 millions de pièces vendues depuis son lancement ! Pourquoi cet engouement ? Pour des raisons très simples. Une fois de plus, le modèle réunit un design intemporel, des proportions justes, un confort et une fonctionnalité inouïs. Sac à main, sac de voyage ou sac d’appoint, il est le compagnon idéal et quotidien de milliers de femmes et… d’hommes. Pliages décline dix-sept modèles en 12 coloris, renouvelés à chaque saison.

Quant à Le Tanneur, il affiche plus de cent ans d’expérience en maroquinerie. Ses points forts ? Design intemporel et indémodable, des cuirs magnifiques de top qualité, des tressages main, des détails raffinés et des finitions impeccables. Le sac griffé Le Tanneur est fait pour durer (presque) une vie, au fil des ans, il acquiert une patine incomparable. La besace Aussois est l’un des modèles phares. Ornée de pampilles, taillée dans une splendide vachette foulonnée, elle est entièrement habillée, à l’intérieur, d’une toile à rayures bayadères. Les coloris ? Gold, bleu outremer, turquoise et, surtout, le blanc immaculé, la couleur à adopter impérativement cet été.

Barbara Witkowska

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