Le plus grand archipel du globe s’apparente à une poudrière volcanique aux paysages époustouflants, qui se déploient sous un éventail d’îles aux visages très différents. A explorer de Bali à Lombok, en passant par Java et les Gili.

Même si à peine un tiers d’entre elles sont habitées et portent un nom, les 17 508 îles qui dessinent l’Indonésie font d’elle le plus vaste archipel de notre monde. Ancienne colonie hollandaise, cette république assise sur la ligne équatoriale réserve ses charmes aux voyageurs qui, loin de nos réalités occidentales, désirent s’offrir un morceau de rêve. Climat tropical, paysages épousant une végétation luxuriante et la pierre volcanique, plages paradisiaques, choc culturel… Le dépaysement est assuré. On s’y aventure d’autant plus sereinement que le pays semble avoir tourné la page des attentats perpétrés entre 2000 et 2009 par un groupuscule proche d’Al-Qaïda. C’est donc avec l’esprit léger et les yeux grands ouverts que nous entamons notre périple.

HEURES HINDOUES

Petite goutte hindouiste dans le plus grand pays musulman du monde, Bali est notre première étape. En quête d’authenticité, nous boudons le sud de l’île et son côté surfait pour s’enfoncer dans les terres. Direction Ubud, point d’ancrage idéal pour rayonner vers le centre et le nord de l’île. Bourgade tranquille il y a encore quelques décennies, cette ville aux 30 000 âmes brille aujourd’hui en tant que capitale culturelle et artistique. Elle s’est transformée en cité prospère sous l’avènement touristique des années 80 et 90, notamment aidée par le cinéma. Dernier film en date tourné dans ses magnifiques décors : Mange, prie, aime, avec Julia Roberts et Javier Bardem. Dans ses rues se dégage cette odeur typique, sorte de mélange de riz cuit, d’effluves d’encens, de kopi susu (café au lait), de fleur de frangipanier et de kretek, cigarette locale parfumée au clou de girofle. Bien sûr, à côté de cela, l’hindouisme est omniprésent. Il se donne à voir sous la forme de quelque 20 000 temples, d’offrandes semées à chaque pas de porte et de cérémonies hautes en couleurs. L’île des Dieux ne porte que trop bien son nom. S’il est deux certitudes à propos du peuple balinais, elles tiennent dans son sens de l’accueil inégalable et le fait qu’il ne badine pas avec la religion, y consacrant en moyenne 30 % de son temps et de ses modestes revenus.

LE MONT BATUR

Ubud offre aussi de splendides spectacles de legong, une danse traditionnelle à la gestuelle extrêmement précise, exécutée dans des costumes de toute beauté et relatant des histoires mythiques imprégnées… d’hindouisme, sur fond de notes envoûtantes du gamelan. Pour palper la culture du lieu, on vagabonde à travers les boutiques, les galeries d’art et les musées. Puis on s’arrête dans un warung, gargote où l’on se régale d’un délicieux nasi goreng, tout en sirotant une Bintang, la bière locale, et en visionnant une série bollywoodienne à l’eau de rose… Plus tard, on s’échappe en scooter sur des routes poussiéreuses pour visiter les villages de l’est, où s’élèvent plusieurs temples incontournables de l’île, à l’instar de Goa Gajah, fabuleuse grotte de l’éléphant nichée à Bedulu, ou encore de Gunung Kawi, site sacré de Tampaksiring. D’un endroit à l’autre, des cultures en terrasses bordées de palmiers s’imposent à nos yeux comme autant de ressources naturelles du pays, premier producteur mondial d’huile de palme, deuxième de caoutchouc et troisième de riz et de cacao. Une nuit plus tard, une balade à vélo nous mène vers les cimes de l’un des volcans les plus hauts de l’île, le Mont Batur. S’élevant à 1 717 mètres, il est brûlant d’activité et, à ses pieds, l’imposante coulée de lave noire s’étendant sur des kilomètres rappelle sa dernière éruption mémorable de 1926. La région des lacs (Buyan, Bratan et Tamblingan) qui habille le parterre du volcan Bratan est le prétexte à une nouvelle virée. Là encore, les rizières éblouissent, particulièrement celles de Jatiluwih, à flanc de montagne. Quelques kilomètres plus loin, sommeillent Bedugul et son temple Ulun Danu Bratan, comme flottant sur le lac de Beratan… Magique !

TRÉSORS DE L’UNESCO

Via un vol intérieur, on rejoint Yogyakarta, ville principale du centre de Java. Le choc ! Après l’ivresse de Bali, se retrouver dans une véritable fourmilière urbaine est déroutant. Et pourtant, Yogya (prononcez Djogda), avec ses 500 000 habitants, jouit de la réputation prestigieuse de centre culturel le plus actif du pays. On y visite kraton (le palais), gigantesque complexe abrité de remparts où vivent près de 20 000 personnes et le sultan Hamengku Buwono X, qui règne sur ce bouillant Etat princier. On y admire la confection artisanale du fameux batik, avant de se perdre dans ses boutiques d’antiquaires, succombant au charme des marionnettes et autres statues en bois.

Bien avant de devenir musulmane, à la fin du XIIIe siècle, Java baignait dans l’hindouisme et le bouddhisme. Si de nombreux temples s’érigent encore dans le paysage comme vestiges de cette époque, ceux de Borobudur et de Prambanan n’ont pas d’égal. Construits entre le VIIIe et le Xe siècle, lorsque la dynastie bouddhiste de Sailendra régnait au sud et celle, hindoue, de Sanjaya au nord, ces lieux incontournables sont aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Et on se sent tout petit devant tant de grandeur ! Borobudur, c’est la magnificence à l’état pur. Situé au nord-ouest de Yogja, ce sanctuaire bouddhique construit dans la roche volcanique sous la forme d’une immense stupa est l’un des plus impressionnants d’Asie. La vie de Buddha, relatée au travers de centaines de bas-reliefs qui habillent ses quatre étages, s’y décline comme des pépites aussi rares que précieuses. Son pendant hindouiste, logé dans la plaine de Prambanan, au nord-est de Yogya, n’a toutefois pas grand-chose à lui envier : le superbe Candi Prambanan et ses trois édifices principaux, dédiés respectivement à Shiva, Brahma et Vishnu, les dieux de la trinité hindoue, rendent le site grandiose. On se prend à imaginer à quoi il ressemblait jadis, lorsqu’un millier de temples s’y côtoyaient.

LOMBOK, RIVALE ÉPICÉE DE BALI

Retour à l’aéroport pour rejoindre Lombok. Il se murmure que d’ici peu, cette île aux deux millions d’habitants, encore délaissée des voyageurs, connaîtra le même engouement que sa voisine balinaise. Ses forêts luxuriantes, ses rizières, ses champs de tabac, ses temples, ses plages de sable blanc désertes et son Rinjani – deuxième plus haut volcan d’Indonésie, 3 726 mètres – lui offrent tous les attraits pour devenir une destination tropicale de rêve. L’invasion touristique en moins, mais les Sasaks en plus, ce groupe ethnique à la religion teintée de bouddhisme, d’hindouisme, d’islam et d’animisme. Nous posons nos valises à Senggigi, petite station balnéaire de la côte-ouest, avec un seul mot d’ordre : farniente ! La curiosité nous porte tout de même dans le sud, le temps de s’éblouir devant les plages de Kuta et de Mawun. Puis jusqu’aux Gili (Air, Meno et Trawangan), trois petites îles coralliennes, répliques probables de ce que doit être le paradis sur terre. Dans ce site d’exception prisé par les plongeurs, on nage aux côtés de tortues de mer, avant de déguster du poisson grillé dans un des resto-bungalows qui bordent la plage. Ultimes saveurs – peu coûteuses de surcroît – avant de s’en aller en formulant cette inévitable promesse intérieure : celle d’un prochain séjour.

PAR FRÉDÉRIQUE JACQUEMIN

L’île de Java a longtemps baigné dans l’hindouisme et le bouddhisme. Les témoins de jadis sont grandioses.

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