Que faire des livres de sa vie ? Faut-il tout garder ? Eliminer petit à petit ? Trancher arbitrairement dans le vif au gré des déménagements ? Jeter ? Donner ? Abandonner sa bibliothèque derrière soi ? A charge pour les suivants – locataires ou héritiers – de s’en défaire ou – qui sait – de les récupérer.

Dans sa nouvelle maison, face aux rayonnages clair-semés de sa bibliothèque, l’écrivain Olivier Adam regrette d’avoir laissé beaucoup d’exemplaires pourrir dans son ancien garage.

Sur les étagères de son salon ou dans son bureau monacal, il en a pourtant conservé beaucoup. Djian, Carver, John Fante, Jean-Paul Dubois, ses maîtres. Virginia Woolf, Mishima, Joyce Carol Oates, ses découvertes. Et, toute la collection des Modiano.

Rangés à portée de main, près de sa minuscule table de travail, les exemplaires sont cornés, abîmés, salis, déchirés aux angles. Preuve qu’ils ont été beaucoup lus. Mais, Adam avoue ne pas conserver ses trésors, les offrir.

Certains adeptes des lectures partagées abandonnent ainsi leurs ouvrages favoris sur des bancs publics, dans des salles d’attente ou des rames de métro pour que d’autres puissent les lire. D’autres, j’en fais partie, déposent régulièrement des caisses d’ouvrages dans la rue. Les volumes à disposition sur le trottoir disparaissent en moins d’un quart d’heure. Albums pour enfants, beaux livres, romans, polarsà Ils partent tous. Je devrais m’embusquer près de la boîte pour voir qui y plonge la main, qui choisit quoi. J’avoue ma jouissance à les voir se volatiliser.

Benoît Poelvoorde éprouve le même sentiment. Après avoir eu toutes les peines du monde à s’en séparer, il est ravi à l’idée que sa collection de bouquins ait été disséminée. Comment pouvait-il faire le ménage dans ses lectures de jeunesse ? Pourquoi garder L’Éducation sentimentale et pas le Quatuor d’Alexandrie, par exemple ? Finalement, tout est parti.

Ce qui amuse l’acteur aujourd’hui ? Imaginer que ses  » poches  » se baladent.

Vous les reconnaîtrez facilement dans une brocante. S’ils sont couverts de dessins, ce sont les siens. (*) Chaque semaine, la journaliste et écrivain Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004 pour son roman d’inspiration autobiographique Ça ne se fait pas, Editions des Equateurs) nous gratifie de ses coups de c£ur et coups de griffe.

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