L es  » bleus de l’hiver « . C’est ainsi que les Canadiens nomment la déprime des mois obscurs. Le remède ? La luminothérapie. Apparue il y a plus de vingt ans, utilisée notamment en milieu hospitalier, cette méthode douce connaît de plus en plus de succès.  » Dans les pays du Nord, on la pratique fréquemment. A la maison, au bureau, on utilise des lampes à lumière vive pour recharger ses batteries. Une chose est sûre : les effets biologiques de la lumière passionnent les industriels. Philips vient ainsi de présenter Carpe Diem, sa nouvelle gamme d’éclairage (pour les entreprises, dans un premier temps) qui reproduit les variations de la lumière naturelle tout au long de la journée. Une façon de jouer sur le moral des employés de bureau, des vendeuses dans un magasin, voire sur celui des clients.  » On a désormais la possibilité de composer des scénarios offrant un éventail de sensations nouvelles « , observe Benoît Lalloz, plasticien éclairagiste, adepte de la lumière dynamique, qui a conçu dix-sept heures de programme lumineux pour la boutique Balenciaga, à Paris.

Ainsi, l’éclairage transforme nos humeurs et s’adapte à nos envies ou à nos modes de vie. Y compris les plus oisifs. Un bain de lumière colorée, ça vous dirait ? Rouge pour l’énergie, bleue pour la concentration et le calme, verte pour la relaxation… L’italien Kos équipe les buses de ses baignoires de fibres optiques qui diffusent dans la pièce d’eau une lumière enveloppante. Il suffit de sélectionner l’effet recherché et, en vingt minutes, le tour est joué. Avec ça, pourquoi pas un peu de musique ? Sextans, la nouvelle lampe d’Italo Rota, combine six filtres de couleur, un diffuseur acoustique et même un purificateur d’air. C’est le dernier produit d’Also (airlight-sound-other objects), la gamme grand public de l’éditeur italien Artemide, dont 6 % du chiffre d’affaires est consacré à la recherche et au développement.  » Eclairer pour éclairer n’a plus d’intérêt. Aujourd’hui, le défi se trouve dans le confort de l’émotion « , assure Alain Taillandier, responsable pour la marque du marché français. D’un constat voisin est né DAL. Pas vraiment une lampe, plutôt un pavé lumineux… du IIIe millénaire, qui vient de recevoir l’étoile de l’Observeur du design 2003. « DAL est un objet « vivant » et émotionnel qui peut envoyer et recevoir des messages. Connecté à Internet, il affiche la météo, l’évolution du CAC40, indique les embouteillages du périphérique parisien sous forme de signaux colorés, explique Olivier Mével, l’un des jeunes créateurs de la firme Violet, éditrice de DAL. Créée l’an dernier, cette société française de design interactif cherche à explorer le concept de la  » technologie calme « , qui fait du silence l’une des clés de notre sérénité dans une société parasitée par les téléphones et les téléviseurs. Le designer Jérôme Olivet a, quant à lui, mis au point, avec l’aide du CNRS, C-Clone, un prototype de luminaire muni d’un humidificateur d’air qui crée une mini-tornade.  » La lampe hydrate la pièce, l’éclaire par sa pureté, car le bien-être du futur sera non seulement corporel, mais spirituel « , déclare le designer. Avec C-Clone, Olivet invente le confort éclairé.

Marion Vignal, avec Clémence Leboulanger

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