Boutons la malbouffe hors de notre assiette ! Compliqué ? Pas tant que ça. Découvrez les principes de l’écofood avec notre expert, Alexis Botaya, et mettez-les en pratique à travers deux recettes qui allient plaisir et santé.

Alexis Botaya est un jeune ingénieur agronome français, consultant en  » stratégie sociétale « . Il est surtout l’auteur d’un épatant Guide de l’écofood, relayé par un site Internet à succès, où l’on apprend tout ce qu’il faut savoir, sans moralisme ni charabia, pour se nourrir le mieux possible dans un monde alimentaire devenu fou. Botaya n’a rien d’un ayatollah vert. Comme nous, il va au marché bio, et aussi dans les grandes surfaces. Mais, là encore, il applique les principes de l' » écofood « , qui concilie, autant que faire se peut, le bon et le durable, l’écologiquement correct et le gastronomiquement impec. Il le prouve : ça va systématiquement de pair et, par une sorte de cercle vertueux, c’est meilleur pour la santé en prime !

C’est devenu compliqué, non, de choisir son poisson ?

La règle de base est facile à retenir : toutes les mers étant, à des degrés divers, contaminées par des polluants organiques, on évite les prédateurs à forte longévité (thon, espadon, requin), dans les tissus desquels ces substances nocives s’accumulent. Et on privilégie les petites espèces: sardines, harengs, maquereau, rougets… C’est une triple bonne nouvelle : non seulement ces poissons-là coûtent bien moins cher, mais, en plus, ils sont encore disponibles en abondance et ils offrent une belle diversité de goûts. Autre bon plan : acheter du poisson MSC (Marine Stewardship Council), un label qui garantit qu’il est issu de la pêche durable. Là, on va s’offrir du cabillaud, pêchédans des zones (en Islande, au Canada) où les stocks sont encore abondants, et les quotas vraiment respectés. Pour des raisons de filière, cela se trouve surtout en grande surface. Chez le poissonnier, mon choix se porte vers deux valeurs sûres : le bar de ligne (il n’est pas trop en péril, et pêché sans l’aidede ces filets géants qui attrapent d’autresespèces et saccagent le fond des océans) et le saumon bio (pas de surpopulation dans les fermes d’élevage, pas de colorant chimique dans son régime alimentaire). Et ces deux variétés ne vous décevront jamais sur le plan gustatif !

Côté fruits et légumes, si on boycotte tous les produits à contre-saison, on a tout bon ?

Idéalement, il faudrait aussi renoncer aux fruits exotiques ! Pensez à l’empreintecarbone des mangues et des ananas par avion ! A mon avis, sur les fruits et légumes, les  » locavores « , qui conseillent de manger des produits provenant d’un rayon de 100 kilomètres maximum, ont raison : toute cette énergie dépensée pour importer des produits qui poussent aussi tout près de chez soi, c’est dommage.

En buvant aussi, on fait du mal à la planète ?

Oui, surtout de l’eau en bouteille. Quelle énergie gaspillée pour produire et transporter des bouteilles en plastique dont seules 6 sur 10 seront recyclées ! Les autres finissent dans les décharges… ou l’estomac des albatros. Les sodas ? En plus de leur taux de glucides néfaste pour la santé, il faut 3 à 9 verres d’eau pour en produire 1 verre (et 20 à 30 litres d’eau pour faire 1 litre de bière !), et les canettes non recyclées mettent des années à se dégrader. Autre aberration, les jus à base de concentré : on cueille des oranges au Brésil, on presse, on enlève l’eau, on transporte, on ajoute de l’eau ! Les jus frais, même venus du bout du monde, c’est déjà mieux. L’idéal reste le presse-fruits, le moyen le moins  » énergivore  » et le moins cher de faire le plein de vitamines !

Pourquoi faudrait-il manger moins de viande ?

Au niveau mondial, notre consommation galopante de produits carnés – y compris dans les pays émergents – pose de vrais problèmes environnementaux. La surface de pâturage s’accroît partout sur la planète, au détriment de la forêt. Les déchets des porcheries et des volailles de batterie contaminent les sols et les rivières sur tous les continents. Mais il y a surtout cette industrie tentaculaire qu’est devenue l’alimentation du bétail. Pour la viande, je suis catégorique : il faut vraiment l’acheter bio ! Des animaux nourris avec des aliments naturels (le bio est le seul à interdire totalement les OGM) et jamais parqués dans des cages. En plus, la viande bio est moins grasse, plus riche en oméga-3 ! Faute de bio, on se tourne vers le label rouge et les AOC : leur cahier des charges garantit des conditions d’élevage très correctes et une qualité de goût très satisfaisante.

« Le bio, c’est cher « , vous répondez quoi ?

C’est faux. Les produits bio sont chers ? Oui, mais adopter l' » écofood « , dans une démarche globale, c’est économique : si on arrête l’eau en bouteille, les plats cuisinés, si on mange moins de viande, de poissons  » nobles « , des fruits et légumes de saison… on est gagnant !

Propos recueillis par Marie-Odile Briet

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