L’ARTISTE

Marisa Merz est née en 1931, à Turin. Peintre, sculptrice, dessinatrice, elle est l’épouse de Mario Merz (1925-2003), l’un des animateurs phares du mouvement italien Arte Povera, fondé à la fin des années 60, et dont elle fut pour sa part la seule représentante féminine. Ce groupe de plasticiens privilégiait un univers matiériste, naturel, instinctif, parfois brut, à l’encontre d’un pop art jugé trop formaliste, trop proche de la société de consommation et de son esthétique prosaïque. De ses débuts au sein de la constellation des  » artistes pauvres  » elle a toujours gardé une sensibilité à la fragilité et la désuétude de matériaux tels que le fil de cuivre, la cire, les feuilles d’aluminium ou encore la terre glaise. Poétique, délicate, confidentielle, son £uvre reflète particulièrement bien la personnalité de cette dame qui revendique depuis toujours l’indivision entre sa vie et son art. Un travail habité, incarné, donc, qui reste largement méconnu du grand public malgré les expositions personnelles que lui ont consacrées de prestigieuses institutions telles que le Stedelijk Museum d’Amsterdam ou encore le Centre Pompidou à Paris.

L’EXPO

Contrairement à la dernière exposition qu’elle a montrée chez Barbara Gladstone à New York – une sélection de sculptures datant de ses débuts – Marisa Merz présente aux cimaises de l’antenne bruxelloise de la galerie américaine une série d’£uvres tout à fait récentes et inédites. Cela dit, on retrouve dans ces nouvelles pièces à l’accent franchement symboliste un des thèmes favoris de l’artiste italienne depuis le milieu des années 70 : celui du visage. Un motif qu’elle aborde ici par le biais de la terre glaise, du dessin et de la peinture avec la même préoccupation à interroger son identité intérieure en allant à l’essentiel. Dans une atmosphère de temps suspendu, tels d’étranges totems évoquant ici des hommes-oiseaux sortis d’un livre de légendes immémoriales, là des femmes à la silhouette fantomatique, ses figures nées d’un geste éphémère flottent dans une sorte d’esthétique de l’inachevé, comme pour souligner la fragilité d’être au monde. Loin de l’art contemporain qui tape à l’£il et sur les nerfs, l’artiste s’emploie intimement à garder vivace le sens du mot  » poésie « . Malgré l’intempestif galvaudage qu’on en fait. Comme son £uvre, Marisa Merz, 82 ans, vit définitivement dans un autre temps.

Marisa Merz, à la Gladstone Gallery, 12, rue du Grand Cerf, à 1000 Bruxelles. Du 28 janvier au 5 mars prochain.

Tél. : 02 513 35 31. www.gladstonegallery.com

Chaque mois, Le Vif Weekend vous propose le décryptage d’une exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

BAUDOUIN GALLER

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