En architecture, l’adéquation entre le bâtiment et le site qui l’accueille est cruciale. Vitale même pour que la création s’installe durablement dans le lieu et s’ancre dans son histoire. Quand l’artiste peintre portugaise Paula Rego a demandé à Souto de Moura de lui concevoir un musée, en 2005, dans un lieu de son choix, l’architecte originaire de Porto a opté pour une forêt, dans la ville littorale de Cascais. Et y a créé un dialogue tendu entre le bâtiment – artificiel par essence – et la nature, entre des volumes limpides en béton terracotta et les feuillages verdoyants des alentours. Pour rappeler les forteresses côtières, les phares et les silos agricoles qui marquent le paysage de Cascais, il a ajouté à la composition deux cheminées. Osé. Il a fait de ce musée un événement spatial, synthèse réussie entre les matériaux, le terrain, le patrimoine…

La carrière de Souto de Moura est à l’image de ce projet. Un juste équilibre entre audace et respect, flamboyance et simplicité. C’est cette ambivalence rare qu’a voulu mettre en avant la Fondation Hyatt en décernant le Prix Pritzker 2011, l’équivalent d’un prix Nobel d’architecture, à Souto de Moura, couronnant une carrière de plus de trente ans, jalonnée de nombreux bâtiments emblématiques à travers l’Europe. Parmi eux, des maisons, des édifices publics, dont un crématorium, à Courtrai, qui sera achevé en octobre prochain… Mais aussi et surtout le stade de Braga, qui a accueilli la Coupe d’Europe de football en 2004. Pour cette infrastructure, implantée à flanc de montagne, plus d’un million de mètres cubes de granite ont été prélevés aux alentours pour fabriquer le béton de structure. Une autre paroi rocheuse a été retravaillée et ferme le stade sur l’un de ses côtés. L’ensemble est recouvert de câbles métalliques sur lesquels peuvent être glissés des voiles minces de béton protégeant  » l’arène « . Matériaux naturels et façonnés par l’homme cohabitent et génèrent une poésie imperceptible au regard de celui qui ne ferait que survoler le stade mais indubitable si l’on prend le temps de décrypter l’espace. Réputé pour son architecture  » out of fashion « , inspiré par le maître du genre Mies van der Rohe mais ouvert à la création contemporaine, Souto de Moura est en effet de ces concepteurs qui ne misent pas sur le tape-à-l’£il pour se faire une notoriété mais qui visent à donner un sens et une âme à chacune de leurs £uvres… En toute subtilité.

Fanny Bouvry

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