Encensée par le public, la presse du nord et du sud du pays ainsi que par ses pairs musiciens, du dandy Daan à l’ultracoté Ghostpoet, Melanie De Biasio aura mis tout le monde d’accord avec son second album, No Deal. Le moment était venu de faire plus ample connaissance avec son auteure, Bruxelloise d’adoption mais Carolo d’origine.

LA MUSIQUE COMME REFUGE

 » Plus jeune, j’étais un peu à part. Boulotte, pas trop branchée garçons, ni habillée à la mode ; je ne me retrouvais pas dans la mini-société des ados. Ça m’a motivée à me réfugier dans mon imaginaire. Et au Conservatoire. Après la rhéto, mon père m’a dit « Pourquoi tu ne ferais pas la musique ? ». J’ai eu cette chance d’avoir des parents à l’écoute. Et après le Conservatoire royal en jazz, j’ai assez logiquement réalisé un disque de jazz. Puis vint le second album, sorti le 18 mars dernier, où je n’avais plus envie de me poser la question de savoir si c’était du jazz ou pas. Juste de faire la musique que j’entendais en moi.  »

CHARLEROI

 » Je me sens carolo. Le folklore, la famille, les racines, pour moi, c’est l’Italie et Charleroi. Je me sens proche des gens là-bas, j’y retourne souvent, quand j’ai besoin de souffler ou pour travailler, notamment à l’espace multiculturel Le Rockerill, d’anciennes forges où mon grand-père a bossé toute sa vie. J’aime revenir dans ce lieu rempli d’échos, avec le métal, les machines et un incroyable vécu. On a souvent une mauvaise image de Charleroi alors qu’il s’y passe plein de choses : Charleroi Danses, le Centre d’art contemporain B.P.S.22, le Vecteur, le Musée de la photo… C’est vraiment une ville qui bouge.  »

INFLUENCES

 » J’ai toujours baigné dans la musique. « La Nonna », ma grand-mère italienne, a perdu son mari très tôt et la radio est devenue son compagnon de route ; elle était fan de valse musette populaire, ça m’a bercée dès l’enfance. Du côté maternel, mon grand-père était musicien de bal multi-instrumentiste, il bossait comme un fou la semaine et, le week-end, la musique était sa bulle d’air. Chez mes parents, grands sorteurs, c’était plutôt le rock des seventies, Pink Floyd, Led Zeppelin, Jimi Hendrix, puis enfin les grands noms de la chanson française.  »

INVITATION AU VOYAGE

 » Ma démarche artistique est empreinte d’une forte conscience sociale. Il ne s’agit pas de faire de la politique, mais de voir la musique comme un moyen alternatif et doux d’amener les gens à rêver. J’essaie de me rendre disponible aux autres, ma voix est la résonance de mes émotions. Mes chansons racontent des histoires, que l’auditeur doit s’approprier pour rêver.  »

NO DEAL

 » J’ai vu cet album comme un film. Il y a un prélude, puis on entre dans l’histoire. Et ça se termine par une conclusion, ou du moins un « A suivre ». Je me suis reconnue dans ce disque. Je l’ai autoproduit et j’étais hyper exigeante pendant toute sa réalisation. Mais bizarrement, si je l’entends quelque part, je ne vais peut-être même pas capter que c’est moi. Il a été digéré, maintenant il fait son chemin. Et quelque part, ça fait du bien.  »

ÉTIQUETTES

 » Jazz, pop ou folk psychédélique, peu importe les qualificatifs qu’on colle à ma musique. Coincée dans un seul style, je me sentirais à l’étroit. Je ne pense d’ailleurs pas en termes de style, mais de textures, de mots, de couleurs. La base, c’est les morceaux, puis à chaque concert, le voyage est différent. Je ne suis pas là pour chanter toujours la même chose. Ce n’est ni un produit, ni du business, le calcul m’ennuie.  »

LA SUITE

 » J’ai pas mal de dates belges en vue pour cet été (*). Et après ? Du repos, puis encore de la musique. Pour le prochain album, je vais laisser les choses venir, d’autant que je ne répète pas beaucoup et que je suis plutôt lente. Et si tout ça ne devait pas durer, je verrai bien ce que la vie me proposera. J’ai juste besoin d’être en accord avec ce que je fais au jour le jour, sans accorder trop d’importance au passé : j’aurais l’impression de me faner.  »

(*) Le 17 juillet prochain aux Francofolies de Spa, le 3 août à Esperanzah !, le 17 août au Jazz Middlheim et le 18 août au Brussels Summer Festival. melaniedebiasio.com

PAR MATHIEU NGUYEN

 » VOIR LA MUSIQUE COMME UN MOYEN ALTERNATIF ET DOUX D’AMENER LES GENS À RÊVER.  »

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