Des plages mais aussi (et surtout !) de l’art contemporain : Miami est devenue une destination culturelle de premier plan. Derrière les façades Art déco, se cachent les nouvelles tendances artistiques. A découvrir entre deux plongeons dans les piscines de South Beach.

Quatre jours de célébration ont suffi pour transformer profondément Miami. Programmé chaque début décembre, le rendez-vous d’Art Basel a changé le destin de la ville. En dix ans, elle est devenue une des capitales mondiales de l’art contemporain, les effets bénéfiques de l’événement se faisant à présent ressentir toute l’année. Sans cela, des fondations aux vastes collections auraient été tentées d’ouvrir à New York ; elles sont à présent bien ancrées dans les nouveaux quartiers de Wynwood et du Design District. Le patrimoine Art déco de South Beach n’a jamais autant été mis en valeur, et la ville se révèle un carrefour culturel essentiel entre l’Amérique du Nord et celle du Sud.  » Miami reflète, par sa population, un des futurs possibles de l’Amérique : latino et hispanophone. Les stratèges politiques viennent étudier en Floride les changements profonds de cette Amérique de moins en moins blanche et protestante. D’ailleurs, le Parti républicain veut reconquérir l’électorat hispanophone, l’une des clés des victoires à venir. D’un point de vue économique, démographique ou culturel, beaucoup d’enjeux se jouent ici et Miami préfigure les changements à venir des Etats-Unis « , explique Dunkan Langham, un urbaniste installé à Wynwood. Culturellement, le lieu n’a jamais été aussi riche, bénéficiant directement du dynamisme du Brésil, du Mexique et des autres puissances émergentes du sud du continent. La plus grande ville de Floride confirme qu’elle a bien plus à offrir que ses magnifiques plages et son climat tropical.

— 1– DÉCOUVRIR WYNWOOD ARTY

A 30 minutes des plages, Wynwood et ses entrepôts poursuivent une mue artistique spectaculaire. Les hangars abritent des galeries, des fondations et le quartier est devenu un musée à ciel ouvert. Les peintures murales sont partout, signées à la fois par la riche scène locale et par les plus grands graffeurs en visite une fois par an au Art Basel ou à la Winter Music Conference. Surfant sur cet engouement, Tony Goldman, propriétaire de nombreux bâtiments à Wynwood, et le galeriste Jeffrey Deitch se sont associés pour inviter les street artists les plus reconnus à égayer le quartier. Citons notamment les  » murals  » du Japonais Aiko ou du Brésilien Nunca. Goldman et Deitch ont créé ensemble The Wynwood Walls, un petit musée où l’on peut boire un verre ou déjeuner entouré de fresques. Autour, déambulez à travers les rues aux allures de no man’s land pour découvrir plein de petits trésors…

2550 NW, 2nd Ave. www.thewynwoodwalls.com

— 2– APPRÉHENDER LE FUTUR DU DESIGN DISTRICT

Si Wynwood garde des allures rebelles, le Design District voisin assume les griffes internationales (Prada, Vuitton…) et l’élite du design (Vitra, Kartell…). Le quartier est en pleine transformation avec l’arrivée de nouveaux showrooms. Les promoteurs privés ont aussi annoncé l’inauguration d’une nouvelle  » promenade  » dédiée aux boutiques de luxe, la création d’un hôtel et de restaurants. Le laboratoire design et ses entrepôts vont ainsi faire place à l’un des quartiers les plus luxueux de Miami, dédié à l’architecture d’intérieur et à la mode. A côté des showrooms, le district n’oublie pas l’art contemporain avec de nombreuses galeries (Primary Projects, Arevalo Gallery…). Cette métamorphose n’a toutefois pas bousculé certains fondamentaux : l’excellente table bio Michael’s Genuine et sa terrasse, the Moore Building, ses expositions et son installation de Zaha Hadid.

www.miamidesigndistrict.net Michael’s Genuine Food & Drink, 130 NE, 40th Street.

— 3 — ARPENTER LA FONDATION DE LA CRUZ

Rosa et Carlos de la Cruz ont toujours ouvert les portes de leur maison aux visiteurs curieux de découvrir leur collection, dont une grande partie provient d’artistes sud-américains. En 2009, ils ont installé une fondation dans le Design District, un superbe bâtiment conçu par l’architecte John Marquette. On y découvre des oeuvres de la jeune garde de l’art contemporain ainsi que des valeurs sûres. La visite de la fondation est gratuite et celle de leur maison reste possible. Parallèlement, un travail de partenariat est effectué auprès des écoles de Miami pour donner aux plus jeunes un accès à l’art. Le rez-de-chaussée est consacré aux installations monumentales, le deuxième étage est ouvert aux sculptures avec l’idée que les visiteurs traversent un parc à ciel ouvert. Enfin, le troisième étage présente une sélection de créations explorant les thèmes du temps qui passe et de la fragilité.

23 NE, 41 Street. www.delacruzcollection.org

— 4 — S’OUVRIR À L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE De nouveaux quartiers éclosent à Downtown et les hôtels Art déco de South Beach sont réhabilités avec des destins différents selon leur propriétaire : concept store pour The Webster, hôtel jeune pour The Tropics ou résidence hype pour le Dream Miami. Les amateurs d’architecture contemporaine découvriront aussi la nouvelle salle de concert New World Center conçue par Frank Gehry, étonnamment discrète. Non loin, se dresse le 1111, bâtiment original dessiné par Herzog et de Meuron. Il abrite à la fois une résidence, des concept stores (dont Alchemist imaginé par René Gonzalez) et un parking au sein duquel plusieurs dîners d’Art Basel ont été organisés. Le 1111 se dresse tout au nord de Lincoln Avenue, ses boutiques de mode et ses restaurants. Il faudra aussi suivre la première résidence créée par les Danois de BIG à Coconut Grove et le nouveau musée des Sciences dont l’ouverture est prévue en 2015.

www.1111lincolnroad.com

— 5 — S’ATTABLER ARTY

Le parcours  » gastronomie vs art contemporain  » nous conduit d’abord au Sagamore où des dizaines d’oeuvres d’art entourent les hôtes. Le couple Cricket & Marty Taplin y fait partager son importante collection : on remarque notamment Pic Nic Poker de Massimo Vitali. Le restaurant du Sagamore a été logiquement baptisé The Gallery (photo). Le Mr Chow de l’hôtel W est une autre option arty : cuisine chinoise de grande qualité à la table d’un des plus importants collectionneurs de Londres. Dans le quartier Art déco, on découvre la très sympathique table de l’hôtel Lords, le Cha Cha Rooster, orné des portraits géants des milliardaires d’un âge canonique. Une wish-list parfaite ne saurait faire l’impasse sur South Street et les deux restaurants du SLS, The Bazaar de José Andrés et Katsuya conçu par Philippe Starck.

www.sagamorehotel.com

www.starwoodhotels.com

www.lordssouthbeach.com www.slshotels.com

— 6 — S’INSTALLER AU SETAI

L’hôtel le plus discret de Miami s’est développé autour de deux axes : une sublime tour résidentielle où des happy few (une poignée de Français célèbres et quelques stars US) possèdent un appartement de vacances. L’autre partie de l’hôtel est un bâtiment Art déco qui nous plonge dans la Chine ancienne : briques centenaires venues de Shanghai et plus de 200 peintures de Christian de Laubadère représentant des Chinoises de dos. L’empreinte unique du palace est due à Adrian Zecha, hôtelier mythique, concepteur des célèbres Aman Resorts. Le Setai séduit avec ses trois piscines aux températures différentes. Au centre des événements d’Art Basel, l’hôtel reçoit de nombreux collectionneurs et prévoit d’accueillir pour l’édition 2013 quelques événements de la foire d’art contemporain. Les hôtes francophones profiteront de l’expertise de Maité Foriasky au service Clés d’or de l’hôtel, qui vous dévoilera toutes les bonnes adresses de South Beach.

www.lhw.com

— 7 — PROFITER DU BIEN-ÊTRE CHIC AU CANYON RANCH

Canyon Ranch, dont le concept est né en Arizona, est un hôtel luxueux qui se nourrit des préceptes de l’esprit sain dans un corps sain : activités sportives, spa sur plusieurs étages et cuisine bio. Installé dans le Carillon, un mythique établissement des années 30 où de nombreuses stars ont séjourné, il a conservé de nombreux éléments d’époque, dont la splendide loge en marbre du concierge. Les architectes new-yorkais de Rockwell Group ont repensé l’aménagement. On leur doit notamment le hall spectaculaire et son impressionnante sculpture en palétuvier de quatre étages. Toutes les chambres sont des suites et l’établissement fait partie de la collection Leading Hotels of the World. En sus de la gamme très complète de soins proposée au spa, des thérapies ayurvédiques ou thermales et des massages, l’hôtel offre de nombreuses piscines et une plage superbe, loin des foules de South Beach.

6801, Collins Avenue.

www.canyonranch.com

— 8 — DORMIR AU W, UN HÔTEL-MUSÉE

Avec le W, Starwood tient sans aucun doute l’hôtel le plus spectaculaire de sa collection. L’établissement est la propriété d’un des plus grands collectionneurs d’art des Etats-Unis, Aby Rosen, promoteur immobilier d’origine allemande. Le W, lui, expose dans le lobby et le bar une (petite) partie de sa collection. On y repère des Warhol (il en possède plus de 80), des Basquiat et le tableau LSD de Damien Hirst à l’entrée du restaurant Mr Chow. Il donne durant Art Basel Miami un dîner au Dutch pour ses amis collectionneurs, où l’on croise Calvin Klein mais aussi les party boys Vito Schnabel, Alex Dellal et Stavros Niarchos. Le reste de l’année, le W peut compter sur ses sublimes chambres-studios avec vue sur l’océan, l’architecture de Costas Kondylis, un immense penthouse au dernier étage, le spa Bliss et une des plus impressionnantes piscines de South Beach.

2201, Collins Avenue.

www.starwoodhotels.com

— 9 — COLLECTIONNER LES MUSÉES

Miami n’a jamais été aussi dynamique en termes d’expositions. Le Bass Museum of Art a spectaculairement réorganisé son parc avec plusieurs sculptures. Un autre musée à ne pas rater est celui de la fondation Rubell, une collection privée fabuleuse commencée dans les années 60 par un couple qui consacrait à l’époque 25 dollars par semaine à ses achats d’art. Il possède à présent des centaines d’oeuvres, dont de nombreuses pièces majeures. Le musée Margulies abrite également une collection d’art contemporain. Au programme : Richard Serra, Donald Judd, Franz West… A South Beach, le Wolfsonian explore les Arts décoratifs de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 50. Une incursion dans le nord de Miami ouvre les portes du MoCA. Ce musée présentera à l’automne prochain l’exposition Love of Technology.

Infos via le site de l’office de tourisme de Miami : www.miamiandbeaches.com

— 10 — CHOISIR LA TENTATION D’UNE ÎLE

La course à l’art pourrait presque nous faire oublier que Miami Beach est avant tout une sublime station balnéaire avec, en toile de fond, l’océan turquoise et des kilomètres de plages sublimes. Les amateurs de calme opteront pour Fisher Island, une petite île privée que l’on atteint en moins de dix minutes en bateau. Un hôtel très luxueux, le Fisher Island Club, ne propose que des chambres-villas au coeur d’un superbe domaine. L’esprit des lieux appelle au repos, à une retraite chic loin de l’agitation de South Beach. L’île a bénéficié d’un vaste plan de rénovation créant un sublime resort de luxe avec un golf, des plages et une marina où baignent les plus spectaculaires yachts de Miami. Pour la petite histoire, les richissimes Vanderbilt échangèrent une partie de l’île contre un de leurs yachts et y firent construire une superbe propriété en 1936.

Collection Leading Hotels of the World, www.lhw.com

PAR JEAN-MICHEL DE ALBERTI / PHOTOS : YOUNG-AH KIM

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