L’architecte Claudia Falcinelli a imaginé une nouvelle vie pour cette ancienne imprimerie, située dans le quartier européen de Bruxelles. Un aménagement original et astucieux a permis de mixer une spacieuse maison familiale et des bureaux fonctionnels.

Deux conditions bien précises ont motivé la recherche de  » la  » maison idéale de Claudia Falcinelli et de son mari. Le couple voulait s’établir définitivement à Etterbeek, quartier vivant et cosmopolite, tout en évitant la maison typiquement bruxelloise : étroite, élevée sur plusieurs étages, conçue avec des enfilades et des pièces dilatées en hauteur.  » Le jour où je suis passée devant ce bâtiment abandonné qui était à vendre, j’ai d’abord été séduite par sa largeur de 9,50 m, confie l’architecte. Puis, en pénétrant dans les espaces successifs, l’ancienne maison de commerce à front de rue, l’annexe, la cour et, tout au fond, l’atelier d’imprimerie couronné par cette belle charpente, j’ai eu un véritable coup de foudre. En voyant le potentiel extraordinaire offert par les volumes, l’inspiration est venue instantanément et j’ai immédiatement réalisé un croquis. « 

L’ensemble, abandonné depuis belle lurette, était dans un état pitoyable. Étant donné l’importance du chantier, les travaux de rénovation se sont déroulés en plusieurs phases, pendant trois ans. La maison à front de rue a été la première à bénéficier du lifting. Au rez-de-chaussée, Claudia Falcinelli a implanté son bureau et une salle de réunion ; sur les étages elle a aménagé un studio et deux appartements. La famille s’est installée provisoirement dans l’un de ces derniers, en attendant la restauration de la cour, de l’annexe et de l’atelier d’imprimerie, destinés à la future habitation privée.

Pour commencer, il a fallu surmonter quelques écueils.  » L’îlot est encadré par quatre rues, explique l’architecte. Les autorités communales tiennent à préserver les ateliers existants et le caractère artisanal du quartier. Ma demande de changement d’affectation a obtenu gain de cause, mais pas sans mal. J’ai également dû solliciter un permis de bâtir pour aménager un couloir vitré et percer des lucarnes dans le grenier. « 

Une isolation bien étudiée

 » Aujourd’hui, quand on rénove, il faut respecter des critères d’isolation, souligne Claudia Falcinelli. En revanche, les matériaux écologiques ne sont pas imposés.  » L’architecte a opté pour des panneaux de polyuréthanne, certes pas très éco-friendly, mais moins onéreux. Ils isolent le sol, les murs mitoyens et le toit plat de l’annexe. Les murs donnant sur la cour ont été traités avec du polystyrène et la toiture en pente de l’atelier avec de la laine minérale. Quant au chauffage mixte par le sol et par les radiateurs, il fait appel à une chaudière à condensation basse température.

Toute la maison bénéficie d’un air sain grâce à un système de ventilation à double flux. L’installation de Biorupteurs dans les chambres évite la pollution électromagnétique.  » Le phénomène d’électro-sensibilité existe bel et bien, même si beaucoup l’ignorent « , déplore Claudia Falcinelli. Au chapitre de la domotique, une discrète plaquette dans le salon associe huit interrupteurs et évite leur éparpillement. Quand tout est éteint, les champs électromagnétiques sont coupés automatiquement.

Une fois les gros travaux techniques achevés, l’architecte a pu s’atteler à un chantier plus agréable et plus créatif : l’aménagement de l’annexe et de l’atelier. Ce dernier, donnant sur la cour, enfermé entre quatre murs et donc baignant dans une relative obscurité, a été prévu pour accueillir trois chambres d’enfants. Deux objectifs : amplifier la lumière et générer de nouvelles perspectives. Le premier a été atteint par le percement de lucarnes dans le toit plat. Le second, par la création, le long de l’annexe, d’un couloir-passerelle entièrement transparent. Une solution originale qui a permis d’augmenter l’apport lumineux, de fluidifier les circulations et d’assurer une excellente communication. Les enfants jouent dans le couloir et dans la cour, les parents peuvent les surveiller du salon ou de la cuisine grâce à de généreuses baies vitrées.

Partout, le blanc règne en maître. Les murs de l’annexe sont pimentés de trois panneaux colorés : violet, vert et orange.  » Il s’agit du verre feuilleté Vanceva, disponible dans des milliers de coloris, pointe Claudia Falcinelli. Un film coloré est pris en sandwich entre deux feuilles de verre, l’ensemble reste toujours translucide. Le verre est découpé sur mesure et offre des possibilités d’utilisation multiples et pertinentes. Très résistant, il peut servir de plan de travail, de porte ou de panneau de séparation pour la cabine de douche. « 

Le salon, très dépouillé, est nickel. L’installation hi-fi est soigneusement cachée dans le long meuble blanc. Pas de bibelots inutiles, pas de gadgets, pas d’objets qui feraient  » désordre « , telle est la philosophie de la maison. Disposés sur un joli tapis façon galets gris du fabricant belge BIC, les canapés Moroso et deux fauteuils rouges de Pierre Paulin entourent une table basse japonaise. Les murs immaculés mettent idéalement en valeur les toiles des artistes belges, la passion des maîtres des lieux, comme Clotilde Ancarani, François Coorens, Florimont Dufoor ou Franka Ravet.

Très performante et fonctionnelle, la cuisine américaine, dessinée par l’architecte, fait partie de l’espace de vie.  » Le mobilier réalisé sur mesure est en MDF laqué noir, note Claudia Falcinelli. Je voulais que cette pièce reste discrète, une sorte de  » trou noir  » qu’on ne voit pas.  » La seule tache de couleur, la porte coulissante en verre laqué vert, est non seulement esthétique mais aussi pratique dans la mesure où elle amortit les projections de graisse. La vaisselle et les ustensiles ménagers sont impeccablement rangés dans les armoires. Rien ne dépasse, rien ne déborde, tout est à portée de main.

 » Nous achetons uniquement ce dont nous avons besoin, souffle l’architecte. Nous ne consommons pas pour consommer.  » Le même minimalisme et la même volonté de se concentrer sur l’essentiel règnent à l’étage. On y remarque un dosage bien équilibré et judicieux entre des éléments sophistiqués et onéreux et d’autres plus accessibles. Un exemple : si le dressing vient de chez Ikea, les portes, en revanche, ont été taillées sur mesure et peaufinées par un menuisier.

Dans la chambre, Claudia Falcinelli s’est amusée à répéter le concept utilisé dans la cuisine. Un mur noir, troué de petits panneaux en verre vert, agrémente la pièce d’un jeu graphique. La salle de bains, affichant la simplicité la plus stricte, s’offre malgré tout deux petits luxes. Les murs de la cabine de douche sont habillés d’une ravissante micro-mosaïque 5 x 5 mm, sous forme de panneaux 30 x 30 cm, assez difficiles et délicats à placer. L’autre privilège ? Une radio intégrée dans l’interrupteur ! Pour être au courant de l’actualité dès le saut du lit.

Carnet d’adresses en page 120.

Par Barbara Witkowska / Photos : Tim Van de Velde

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content