En exclusivité pour Weekend, Brian Rennie, le designer de la marque de mode allemande Escada, dévoile ses bonnes adresses pour découvrir Munich, une ville placée sous le signe de la culture, de la nature et de la mode. Embarquement immédiat.

Guide pratique en page 48.

« Je n’ai pas vraiment choisi de m’établir à Munich, précise d’emblée Brian Rennie, le designer d’Escada. C’est Margaretha Ley, la fondatrice de la marque, qui m’a contacté après avoir vu mon travail de fin d’étude au Royal College of Art de Londres. J’avais 23 ans, je rêvais de Londres, de Paris et de New York et l’idée de venir m’installer à Munich ne m’enthousiasmait pas le moins du monde. Cela fait déjà dix-sept ans et je suis toujours là.  »

Brian Rennie est l’exemple type du visiteur méfiant. Pourtant, il a succombé aux charmes multiples de la capitale bavaroise, souvent accusée à tort d’être trop traditionaliste et conservatrice. Car le c£ur de la ville bat aussi au rythme trépidant de la culture et de la nouveauté. Munich compte, en effet, pas moins de trois orchestres symphoniques, un opéra qui fête cette année son 350e anniversaire, cinquante théâtres, quarante-six musées et une infinité de galeries d’art. Un joli palmarès pour une ville de 1,2 million d’habitants perçue souvent comme un simple rassemblement de villages, tant la verdure y est omniprésente et les constructions en hauteur quasi absentes. Un mélange subtil de traditions… et de modernisme. Ainsi, à l’angle de Loden Frey , du nom des créateurs des indémodables lodens, à deux pas du grand Viktualienmarkt, qui offre généreusement ses fruits des Südlichter Länder, une panoplie de charcuteries, fromages, poissons de mer et de rivière, les Fünf Höfe, un ensemble de cinq galeries commerciales ultracontemporaines, lumineuses et aérées, se sont imposées comme le c£ur commercial de la ville. Cafés italiens, pâtisseries, magasins de design et de vêtements, rien ne manque au consommateur branché.

 » J’adore le mélange des genres et le métissage, précise Brian Rennie. A Munich, les femmes en manteau de fourrure roulent en BMW tout en côtoyant les lederhosen ( NDLR : culottes de cuir) et les dirndls ( NDLR : robes à manches bouffantes traditionnelles) lors des fameuses fêtes d’octobre. Toutes les grandes marques de mode sont représentées ici. Les bars et les clubs sont multiples. Et, en à une heure à peine, on peut gagner les plus beaux lacs et les montagnes qui me rappellent les paysages de l’Ecosse de mon enfance.  »

Brian Rennie est sensible aussi à la gastronomie cosmopolite munichoise.  » Les restaurants y sont d’un excellent niveau et en tant que végétarien, je trouve toujours des plats aussi raffinés que délicieux, insiste-t-il. Les cuisines indienne et italienne sont également superbement représentées. Ce n’est pas sans raison que, pour beaucoup, Munich est la ville la plus septentrionale d’Italie. Lorsque l’on se promène de l’Odeonplatz à la Marienplatz, on s’y croirait d’ailleurs, surtout si l’on prend le temps de savourer un espresso bien serré à la terrasse du Lopera. Lorsque je suis arrivé ici, je croyais ne croiser que des blonds aux yeux bleus, alors qu’en fait il y a davantage d’habitants au type méditerranéen. La Bavière, ce n’est pas l’Allemagne. On y travaille beaucoup et on y gagne bien sa vie, mais on y dépense également beaucoup d’argent pour sa voiture, sa maison et les restaurants. C’est pour cette raison qu’en termes de shopping la ville peut rivaliser avec New York et Londres. Seule manque encore l’enseigne Dolce & Gabbana. Mais, dès le mois prochain, la marque ouvrira ici les portes de son flagship store européen.  »

La richesse culturelle de Munich a aussi impressionné Brian Rennie.  » A vélo, je peux en une après-midi découvrir, outre le déjà somptueux Kunstarsenal ( NDLR : qualificatif donné au quartier des musées), les plus beaux musées d’Europe. La Alte Pinakothek, qui présente une superbe collection de toiles de maîtres anciens, la Neue Pinakothek qui abrite, entre autres, les £uvres d’impressionnistes français et la flambant neuve Pinakothek der Moderne, le plus grand musée d’art contemporain d’Allemagne.  » Dessiné par l’architecte munichois Stephan Braunfels, le bâtiment abrite les arts plastiques, le design et le graphisme. Brian Rennie rêve déjà d’y organiser un jour un défilé.

La ville compte encore bien d’autres richesses : le Deutsches Museum, musée des sciences et de la technologie qui s’étend sur quelque cinq hectares sur une île de l’Isar avec ses moulins, ses télescopes et ses bateaux à voile ; le Musée national d’ethnographie (Maximilianstrasse), le musée d’Art égyptien (Residenz) et, au centre de la vieille ville, l’exceptionnel palais Residenz avec son fameux Cuvilliés-Theater, le c£ur culturel de la dynastie des Wittelsbach qui régna durant sept siècles sur la Bavière. Sans oublier, la splendide Lenbachhaus, une villa toscane de style Renaissance du xixe siècle qui expose les £uvres des membres du mouvement Der Blaue Reiter ( NDLR : le Cavalier bleu, mouvement artistique fondé en 1910, dont Kandinsky fut un des initiateurs).

On ne compte plus, par ailleurs, les terrasses où il fait bon se prélasser, tant dans le Schwabing, le quartier des étudiants, que dans la Maximilianstrasse, le quartier chic. Les plus célèbres sont sans doute celle du Roma, la plus huppée, ou la Dukatz, la terrasse de la Literaturhaus, très prisée par les jeunes branchés.  » A Londres, les night-clubs sont situés dans des caves ; ici, ils sont presque en plein air. De plus, ils ouvrent dès 21 heures. On peut y manger et y boire un verre jusqu’à 5 heures du matin tout en regardant les étoiles, se réjouit Brian Rennie. Ici, les gens adorent la nature : en été, tout le monde se rend à son travail à vélo, les magasins bio fleurissent à tous les coins de rue, les balcons croulent littéralement sous les géraniums et la collecte sélective des immondices est respectée depuis dix-sept ans déjà.  »

Pour ajouter au bonheur des Munichois, les rives de l’Isar ont été réaménagées selon les plans d’origine et, dès l’année prochaine, l’eau y sera si pure qu’on pourra s’y baigner sur un tronçon de quelque 200 kilomètres. Entre-temps, les badauds flânent dans L’Englischer Garten, où ils peuvent s’abandonner tout nu à la bronzette avant de plonger dans les eaux de l’Eisbach.  » Un jour, j’étais ici dans le parc lorsque j’ai vu arriver une dame d’un certain âge avec ses sacs à provisions, se souvient Brian Rennie. Elle les a tranquillement déposés, s’est déshabillée, a plongé nue dans l’eau fraîche, puis s’est rhabillée avant de continuer son chemin. Je me suis dit que je ne pourrais jamais faire une chose pareille. Une semaine plus tard, je me baignais nu sans aucun complexe.  »

Texte et photos : Pierre Darge

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content