Dans son dernier numéro Spécial City-Trips Knack Weekend consacrait tout un reportage à la capitale wallonne. Un récit truffé d’anecdotes, de coups de cour et de bonnes adresses. Comment nos voisins flamands ont-ils apprécié Namur ? Morceaux choisis.

Deux hommes se promènent dans le centre de Namur. Soudain, l’un d’eux écrase un escargot.  » Pourquoi as-tu fait ça ? demande l’autre. Il me suit depuis la gare !  » Leur lenteur légendaire, les Namurois ont bien du mal à s’en défaireà Philippe Attout, Namurois et meilleur guide touristique de toute la province, nous le confirme. En 1302 déjà, les habitants de la capitale wallonne étaient célèbres pour leur nonchalance : le 11 juillet, ils arrivèrent trop tard au Groeninghekouter à Courtrai. La bataille des Éperons d’or était déjà réglée. Et Henri Conscience de le souligner dans De Leeuw van Vlaanderen :  » Et les voilà. Enfin les Namurois, qui arrivent. Trop tard comme toujours.  » (à)

Philippe Attout avance, lui, une autre explication :  » Le fait que les Namurois soient arrivés trop tard en 1302, était effectivement une question de tempérament et de distance, mais aussi d’envie. Le comte de Flandre se brouillait avec tout le monde : le roi de France, le duc de Brabant, le comte du Hainautà Les autres étaient alors censés le tirer d’affaireà Comme si la bataille des Éperons d’or aux côtés des Flamands était une partie de plaisir.  » (à)

Capitale de la Wallonie, Namur a toujours été une cité administrative. Elle est aussi une ville étudianteà et de prière. Au xviiie siècle, il y avait pas moins de dix-huit couvents, et l’université est encore bien présente aujourd’hui. La ville est petite – la distance de la gare au confluent de la Sambre et la Meuse est de seulement 800 mètres – calme et prospère. Namur ne compte que 33 000 habitants, autant que Lierre, et moins de la moitié d’Alost.

 » Vous avez bien 18 ans ? demande Philippe Attout dans un murmure. Sinon, l’accès au 2e étage vous est interdit.  » Le plus beau musée de Namur est dédié à Félicien Rops (1833-1898), graveur, peintre et caricaturiste namurois. Trois mille de ses £uvres y sont exposées. Un travail teinté de satanisme et de pornographie. Les personnages féminins présentent des rondeurs généreuses et des fesses voluptueuses, et sont généralement dessinées d’après les filles flamandes que Félicien Rops adorait. Celui-ci chérissait son anonymat et ne voulait pas être célèbre auprès des gens prétendument corrects et honnêtes, qu’il méprisait et qui le dégoûtaient.

A la sortie du musée, Philippe Attout pointe de l’autre côté de la Meuse un bâtiment imposant : l’élysette, siège du gouvernement wallon.  » Les Namurois lui ont donné ce surnom après que Guy Spitaels, le tout premier ministre-président de la Région wallonne, s’est vanté d’être « l’ami de Mitterrand. » (à) On dit que l’élysette est le symbole de la déconfiture de la Belgique.  » Jeu de mots habile quand on sait que l’élysette était à l’origine l’habitation de la famille Materne, célèbre confiturier. Jean Materne a commencé l’affaire en 1890 à Wépion, à quelques kilomètres en amont, en direction de Dinant. Du sirop de pomme et de poire à toutes sortes de confitures et de compotes de fruits.

Wépion était un lieu paisible où les nantis de Liège, Charleroi et Bruxelles faisaient construire leur seconde résidence entre 1890 et 1910. Les villas mosanes ou villas du Pays de la Meuse présentaient des structures compliquées de toits avec £ils-de-b£uf ou toutes sortes de tours, des toits en ardoise et de grandes fenêtres avec vue sur un joli paysage. La ville attirait les industriels fortunés et les banquiers ventripotents à la recherche d’air pur, introuvable à Liège, Charleroi ou La Louvière, enfouies sous la fumée des cheminées d’usines. (à)

Perles de rosée

La maison du jardinier de la villa Pauline s’est transformée, il y a presque quarante ans, en musée de la Fraise. Celui-ci est géré par des bénévoles qui invitent à découvrir, avec beaucoup de plaisir, les drapeaux de la Sainte-Cécile – la fanfare de Wépion -, les photos de curés, d’enseignants, de bourgmestres, et de la modiste Jeanne Lambert. Ils expliquent avec enthousiasme que la variété de fraises Elsanta correspond à 70 % de la production totale, et Darselect à 20 %. Elles sont amenées à la criée dans des raviers de 4 kg et de 500 g.

 » Ah, les fraises de Wépion. Ce sont les meilleures ! affirme Philippe. De Belgique ? De Wallonie ! ajoute-t-il rapidement.  » Peut-être préférez-vous celles de Hoogstraten.  » Philippe s’escrime à éviter des tensions communautaires. Et il compare la vallée de la Meuse à une vallée de bons vins. Avec des flancs orientés vers le sud, qui chaque matin, sont enveloppés de brume couvrant les fraises de perles de rosée.  » Mais Monsieur Philippe, vous êtes un poète.  »  » Ahà Les fraises de Wépion, c’est de la poésie lyrique. « 

Spécial City-Trips, Knack Weekend, n°37 du 9 septembre dernier.

Par Griet Schrauwen / Photos : Diane Hendrikx

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