Ce jeune auteur de 32 ans signe un premier roman percutant. L’histoire qu’il nous conte est celle de ces trois dernières décennies où nous passons sans nous en rendre compte de la préhistoire du Minitel rose à l’avènement de l’Internet et au triomphe de notre civilisation 2.0.

L’écriture est-elle un labo ou une Second Life ?

Un laboratoire qui touche à l’essence des choses. Le but étant d’être meilleur dans l’écriture que dans la vraie vie. Digne d’une retraite spirituelle, elle me plonge dans une solitude qui oscille entre bonheur et désespoir. Ce roman teste les points de limite de la technophilie. Malgré celle-ci, la littérature reste un outil précieux car elle aide l’homme à analyser sa position dans le monde.

Étiez-vous  » un enfant effrayé par le monde  » ?

Moins que mon héros, mais je savais que certains  » trucs  » d’adultes n’étaient pas rigolos. À 7 ans, j’étais un rêveur en retrait du monde, puis je suis devenu hyperactif.

Qui vouliez-vous devenir ?

Président de la République (rires) ! Vers 12 ans, j’ai songé à devenir écrivain, alors je me suis lancé à corps perdu dans la philo. J’étais aussi abonné à Science et Vie et passionné par les robots. Nul en mathématiques, je ne pouvais pas devenir scientifique, ainsi j’ai pris un chemin détourné.

À quoi votre héros Pascal Ertanger est-il étranger ?

Il est un peu étranger au monde. Enfant, il a cru mourir d’une crise d’asthme. Sa mélancolie spinoziste le pousse à saisir les choses. Ce génie en affaires s’avère faiblement vivant. Son ambition est d’être riche, or sa quête insatisfaite de connaissance en fait un raté.

Quel milliardaire admirez-vous ?

Plus qu’un homme, j’admire l’histoire de Google. Il a suffi d’un algorithme, qui tient sur rien, pour rendre service à l’humanité. Mais les inventeurs n’ont pas de vision à long terme…

Que reste-t-il à inventer ?

Comment imaginer l’après-Facebook ou Twitter ? L’objet ultime serait un univers portatif dans une petite boîte, contenant des milliards de vies et de civilisations. L’évolution technologique est peut-être la dernière aventure humaine.

Comment rester un homme ?

Ce livre se demande justement si l’homme est suffisant ou s’il doit fabriquer des machines pour lui succéder, mais il risque de basculer dans l’inhumain.

À quoi êtes-vous accro ?

À l’accès quotidien à Internet, que ce soit l’info, le mail et Facebook, dont j’adore la Timeline. Le côté mémoriel prend le pas sur son aspect social. Mon GSM est bas de gamme mais je suis incapable de l’éteindre.

Quel est votre  » perspective futuriste  » ?

Je me demande s’il y aura une cassure entre les écolos et les technophiles. Mon rêve ? Aller sur Mars. Aventureux, l’humain désire toujours aller plus loin.

La Théorie de l’information, par Aurélien Bellanger, Gallimard, 487 pages.

KERENN ELKAÏM

L’HUMAIN DÉSIRE TOUJOURS ALLER PLUS LOIN.

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