Un séjour à New York ne permet pas toujours de prendre le temps de s’asseoir à une grande table… Comme les New-Yorkais, succombez à l’effet lounge, pour découvrir, à votre faim et dans une ambiance relax, les restaurants les plus en vue de Manhattan.

De plus en plus en vogue chez les chefs étoilés, les lounges (le mot anglais pour  » se relaxer « ) sont le must pour qui veut s’offrir une grande table sans les tracasseries des réservations et des listes d’attente, et sans risque d’y casser sa tirelire. Moins guindés et plus relax que la salle de restaurant principale, ils proposent les mêmes plats mais à la carte. Au gré des envies, on peut donc commander un mets, et si (seulement si !) la faim persiste, en choisir un autre.

Le coin lounge, le plus souvent, un espace convivial en retrait de l’effervescence générale. On s’y enfonce dans des canapés accueillants ou l’on s’y perche sur de hauts tabourets. De là, on a toute latitude pour sélectionner le meilleur du chef sans pour autant devoir s’attabler des heures durant et assister au défilé interminable des canapés, amuse-bouches, entrées, plats principaux et vagues de desserts. Alors, pourquoi ne pas également butiner de lounge en lounge, pour un parcours gourmand à haute séduction ajoutée ? Le programme d’une soirée réussie ? Commencer par un cocktail au Aquavit, savourer un plat au The Modern, à quelques rues, puis remonter un peu Madison Avenue pour finir avec un dessert au Daniel. Pour un circuit  » downtown « , pourquoi pas un appetizer au Perry Street avec vue sur l’Hudson et un plat au Del Posto ?

Double raison de se détendre, car, côté service, c’est impeccable aussi. Ce n’est pas parce que le lounge est une option moins onéreuse que le personnel à moins d’égards pour les convives. Les restaurateurs sont ravis de montrer ce dont ils sont capables pour que le lounge soit l’étape préliminaire avant l’ultime expérience du service trois couverts. Attention tout de même à l’affluence, les lounges sont en passe de devenir plus populaires que la salle. Weekend en a sélectionné six, aux quatre coins de Manhattan. Bon appétit !

1. Enoteca à Del Posto

Aux confins du meatpacking district, Del Posto, la diva des restaurants italiens, affublée de ses colonnes en stucs et de son marbre digne de la salle de bains de Donald Trump est le dernier restaurant de Mario Batali. Le maestro, dont la réputation repose pourtant sur une cuisine italienne rustique et traditionnelle, a fait preuve d’extravagance avec son restaurant Las Vegas. Avec son parking à valets, son petit tabouret pour les sacs à main des dames, ou la tasse de thé chinois de l’âge des cavernes à 24 dollars (environ 18,5 euros), le restaurant semble avoir été dessiné pour attirer dans ses colonnes les convives les plus fortunés.

Si vous trouvez tout cela un peu too much, prenez plutôt place à l’Enoteca, un espace moins formel au premier étage, et goûtez les Pennette picchi-pacchiu, des pâtes cuisinées à la perfection, assaisonnées à l’oignon rouge, cuites à l’étuvée avec une bonne pincée de poivre rouge, un grand filet d’huile d’olive et fini avec un éclat de basilic frais. Un must de Manhattan à 12 dollars (environ 9 euros). Choisissez un vin (tous italiens, sauf les pétillants). Vous êtes aux premières loges pour regarder la commedia dell’ arte qui se joue à Del Posto.

Del Posto, 85, 10th Ave, New York, NY10011. Tél. : + 1 212 497 8090.

2. The Modern

 » Une £uvre d’art à l’intérieur d’une £uvre d’art « , annonce tout simplement le guide Zagat, la bible des restaurants new-yorkais à propos du Modern, un établissement niché dans le nouveau musée d’Art moderne de New York. Permettons-nous d’ajouter que le dessert Baies épicées  » en papillote  » accompagnées d’une glace à la vanille (14 dollars, environ 11 euros) est une £uvre d’art, dans une £uvre d’art dans une £uvre d’art… Vertigineux ! Tout comme le Modern New York cheesecake avec des mangues fraîches et des amandes (10 dollars, environ 8 euros) qui marie les textures s’accorde divinement avec un vin blanc sucré d’Alsace comme le Gewurztraminer Grand Cru  » Furstentum  » Vendanges Tardive de 2000.

Petit bémol : assis au lounge, ou à l’une des cocktail tables, vous n’avez pas la vue sur le jardin de sculpture du MoMA, réservée à la salle principale. Pour vous consoler : au choix, admirer une photographie, simple et majestueuse intitulée  » Clearing  » de l’artiste allemand Thomas Demand derrière les banquettes ou bien le mobilier et la vaisselle des maîtres modernes du design danois, les même qui sont exposés dans le musée…

The Modern, 9 W. 53rd St. (près de Fifth Ave), New York, NY 100 19. Tél. : + 1 212 333 1220. Internet : www.themodernnyc.com/modern

3. Daniel

Le lounge du chef français Daniel Boulud très coté à New York n’est pas moins cher, mais plus flexible que la salle, et rien n’est enlevé au cérémonial. Niché entre les très huppées avenues Madison et Park, le lounge de Daniel, avec ses tables aux teintes ocre, ses banquettes cossues, sa moquette profonde est la  » cantine  » du quartier. A midi, une faune très littéraire descend des maisons d’édition toutes proches pour s’offrir une version abrégée du menu qui change avec les saisons. Le soir, les  » riverains « , c’est-à-dire Woody Allen, Michael Douglas et le chanteur de rap Puff Daddy s’arrêtent pour un plat à la carte comme la Paupiette de loup blanc dans une coquille de pomme de terre croustillante avec une sauce Syrah (43 dollars, environ 33 euros), véritable signature du chef star.

Chaque couvert est précédé d’amuse-bouches et de canapés, les serveurs vous sollicitent à l’envi avec une sélection de pains pétris et cuits au restaurant. Poussant l’art de la tentation jusqu’au bout, des mignardises et un panier de madeleines tendres tout juste sorties du four sont proposés en fin de repas. Oubliez Proust, le souvenir de ces madeleines est tout simplement pavlovien.

Daniel, 60 East 65th St., New York, NY 10021. Tél. : +1 212 288 0033. Internet : www.danielnyc.com/daniel

4. Nougatine

Arriver comme une fleur dans l’un des restaurants du chef Jean-Georges Vongerichten et s’asseoir à une table sans devoir réserver et sans file d’attente tient du miracle. Antichambre du temple de la gastronomie qu’est le restaurant Jean-Georges, Nougatine est une salle de restaurant moins formelle, mais tout aussi désirable, perchée dans le dernier  » temple  » new-yorkais : le Time Warner Building. Même maître des cérémonies, mais autre menu, avec des plats moins complexes et une ambiance différente. L’expression  » less is more  » prend ici tout son sens : d’un côté, des fenêtres donnent sur Central Park, de l’autre zooment sur la cuisine. On peut déguster des plats entre 25 et 28 dollars (environ entre 20 et 22 euros) comme les Joues de veaux laquées au soja et au vin sucré , tout en regardant avec un sourire satisfait les convives qui traversent pour rejoindre la salle voisine.

Nougatine à Jean Georges, 1, Central Park W. (entre 60th and 61st Sts), New York, NY 10023. Tél. : + 1 212 299 3900. Internet : www.jean-georges.com

5. Eleven Madison Park

Dans son restaurant qui donne sur Madison Square Park, le chef Daniel Humm propose une étonnante soupe Cappuccino de pois du jardin avec de la menthe et des morilles de l’Oregon. Mais asseyez-vous donc à l’une des tables à côté du bar, les seules places du restaurant où l’on peut commander  » à la carte « . Si ce restaurant Art déco au plafond immense, manque d’un peu de chaleur, le panier de gougères chaudes (9 dollars, environ 7 euros), autre signature maison, et en dessert, le Financier aux noix de pecan avec des myrtilles chaudes et une glace à la vanille ne manqueront pas de vous mettre le c£ur en joie.

Eleven Madison Park, 11, Madison Ave (at 24th St), New York, NY 10010. Tél. : + 1 212 889 0905. Internet : www.elevenmadisonpark.com

6. Aquavit

Au menu, du smörgasbord, complété de la mention  » canapés  » entre parenthèses. Non, vous ne lisez pas un catalogue Ikea. Ce plat typique suédois est un assortiment d’amuse-bouches (19 dollars, environ 15 euros) que vous pouvez déguster au lounge d’Aquavit, un élégant restaurant de midtown du chef Marcus Samuelsson, un jeune chef suédois d’origine éthiopienne. Confortablement installé dans un fauteuil du designer danois Arne Jacobsen, sirotez donc un aquavit, ce spiritueux scandinave créé il y a des années pour guérir toutes sortes d’infections et, mieux encore, conférer l’immortalité ! Pour une version new-yorkaise, testez l’Aquapolitan, référence au cocktail new-yorkais Cosmopolitan, à base d’aquavit, de liqueur d’orange, de citron vert, et de jus d’airelles (14 dollars, environ 11 euros). Commandez ensuite une assiette de saumon (3 sortes de saumons crus et fondants avec une sauce moutarde au café expresso) (18 dollars, environ 14 euros). Fermez les yeux… Vous êtes bien en Scandinavie.

Aquavit, 65 E. 55th St. (at Madison Ave), New York, NY 10022. Tél. : + 1 212 307 7311. Internet : www.aquavit.org

7. Perry Street

Nicole Kidmann, Lenny Kravitz, Adam Sandler en ont fait leur QG. Ils viennent admirer le coucher de soleil sur la rivière Hudson, l’un des atouts majeurs du lounge de Perry Street, autre restaurant de la famille des restaurants de Jean-Georges Vongerichten situé au rez-de-chaussée d’une des tours Richard Meier dans le West Village. Le décor moderne, épuré à la Calvin Klein, (le célèbre styliste vit d’ailleurs plus haut à l’étage, dans son penthouse new-yorkais) est l’écrin d’une cuisine d’une précision chirurgicale. Goûtez des cocktails maison : une Vodka limonade thym (10 dollars, environ 8 euros) avec quelques appetizers. Le crépuscule a laissé dans le ciel un sillon rosé et incandescent ? C’est magnifique… et ce n’est pas l’effet de la vodka !

Perry Street, 176, Perry St, New York, NY 10014. Tél. : + 1 212 352 19 00. Internet : www.jean-georges.com

Laure Guilbault/Elodie Perrodil

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