L’auteure belge, installée à Paris, crée une terre imaginaire pour nous encourager à cultiver notre singularité. Un roman surréaliste comme notre belle patrie !

Que reste-t-il de l’enfant en vous ?

Pratiquement tout… J’ai beaucoup de mal à grandir, mais j’assume ce  » syndrome de Peter Pan  » (rires). Ne pas renoncer à l’enfance est un secret de jouvence et de créativité. C’est ma manière d’aimer la vie.

Et de la Bruxelloise ?

Un goût pour l’absurde, pour ce qui peut émerger du désordre. L’anatomie et le paysage bruxellois sont surréalistes, il en résulte une autodérision d’une grande richesse.

Vos parents étaient enseignants à l’ULB, que vous ont-ils appris ?

Une leçon essentielle : faire ce qui me passionne. Mon père m’a transmis les sciences et ma mère, le cinéma.

Vos romans peuvent se lire comme des contes… Lequel vous a le plus marqué ?

L’Etrange Noël de Monsieur Jack, un film du réalisateur Tim Burton qui génère un univers imagé.

Petite, vous vouliez devenir…

Actrice, puis danseuse.

Comment avez-vous découvert la danse, que vous avez pratiquée jusqu’à vos 30 ans ?

En voyant La Belle au Bois dormant avec mes parents. Ensuite, j’ai appris ce langage du corps, extrêmement profond, qui vient de l’intérieur. Je vis chaque seconde en habitant mon corps.

Que représente la Norlande ?

Un monde  » normal « , que je trouve anormal et dont ce roman révèle les dessous. Aveuglés, les gens font comme si tout était acceptable. Je place ce thème orwellien dans une fable humoristique et morale, qui nous rappelle qu’on est des rebelles tièdes.

Quel est le danger de l’uniformité ?

L’unicité se noie dans une nouvelle façon de vivre. Les gens doivent l’entretenir, sinon ils se dilueront. Chacun représente une part de l’ensemble, mais ce n’est pas pour ça qu’on se ressemble.

Qu’est-ce qui vous rend unique ?

Une colère latente. Ça m’inquiète de ne pas connaître mes limites… Tout comme mon héros, on doit se demander jusqu’où on est prêt à aller. Quel que soit le système auquel on est confronté, on ne peut pas renoncer à l’amitié, l’amour et l’humanisme. Mon protagoniste n’est pas un héros, il se situe, comme nous, dans l’entre-deux.

Aimez-vous le flan au caramel… essentiel dans le roman ?

Déprimant, il incarne le non-dessert, celui de tous les compromis. Aussi est-il comparable aux gens qui n’ont pas d’opinion.

Quand ressentez-vous  » une liberté totale  » ?

La liberté n’est pas acquise, c’est une valeur à défendre. Ce roman évoque cette lutte de chaque instant. Les barrières sont dans notre tête, alors restons éveillés !

Bienvenue en Norlande, par Véronique Sels, Genèse, 183 pages.

KERENN ELKAÏM

JE VIS CHAQUE SECONDE EN HABITANT MON CORPS.

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