Les toutes dernières créations présentées lors du prestigieux SIHH, à Genève, rivalisent d’innovation, de luxe et de maestria. Elles prouvent, une fois de plus, qu’en horlogerie le mot  » impossible  » n’existe pas… Grâce à une inventivité permanente, intacte depuis plus de deux siècles.

Aujourd’hui, la montre-bracelet a perdu sa fonction première : nous donner l’heure. L’heure, en effet, on la trouve partout : sur son portable, sur son écran d’ordinateur, dans sa voiture, à la radio et à la télé. Mais, les garde-temps de qualité nous fascinent toutefois de plus en plus car ils concentrent un savoir et un savoir-faire époustouflants. Une technique de pointe et une maîtrise concentrées dans quelques centimètres carrés. Un réel souci du détail et de la perfection pour ces minuscules mouvements mécaniques qui n’existent plus guère dans aucun autre domaine. Le Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH) 2006, qui vient de se tenir à Genève ( *), le confirme de façon éclatante. Moins d’esbroufe, moins de  » fashion « , moins de compromis. Le haut de gamme horloger, entièrement dominé par le mécanique, les complications et les calibres de plus en plus sophistiqués, retrouve ses lettres de noblesse d’antan.

L’heure au féminin

Les femmes passionnées par les grandes complications horlogères sont encore rares. En revanche, elles commencent à aimer réellement les montres et sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au c£ur des garde-temps et à leurs caractéristiques techniques, à condition d’être séduites, parallèlement, en termes esthétiques. Les manufactures relèvent le défi avec maestria. Voici quelques exemples. Van Cleef & Arpels fête ses cent ans. La maison joaillière qui inventa le serti mystérieux propose Lady Arpels Centenaire (1) et sa première complication pour femmes, complication  » poétique « , quantième de saison. Le cadran est composé d’une partie en nacre blanche sous laquelle passe un disque peint aux motifs des quatre saisons. Il tourne tous les jours et dévoile les motifs emblématiques du joaillier : fleurs, feuilles, papillons, cristaux de neige et libellules. Le boîtier rond de 36 mm reprend le design d’un grand classique de la maison avec l’attache centrale dessinée par Pierre Arpels en 1949. Cent exemplaires.

La nouvelle Cat’s Eye (2) de Girard-Perregaux est légèrement ovale, ornée de longues cornes au profil incurvé avec, à l’intérieur, de subtiles complexités techniques. Elle s’habille d’un cadran de nacre avec une réserve de marche en étoile filante, une aiguille rétrograde à droite qui affiche les jours de la semaine et une aiguille toujours mobile à gauche qui court sur son secteur deux fois par minute et crée une animation sur le cadran. Le fond de boîte de cette pièce étanche jusqu’à une profondeur de 30 mètres est doté d’un verre saphir.

Chez Piaget, le grand classique Altiplano(3) est doté d’un nouveau calibre 450P extraplat (2,1 mm) à remontage manuel. Boîtier en or gris ou en or rose, serti de diamants. Heures et minutes au centre et petite seconde. Cadran en nacre, bracelet en satin.

Luxe, carats et… créativité

Voici les nouvelles montres-bijoux festives et ludiques, précieuses et précises. En vedette chez Cartier ? LaDoña (1). Son inspiratrice ? Maria Felix, la troublante actrice mexicaine, dotée d’un tempérament de feu et l’une des clientes  » les plus phénoménales  » du joaillier. Un jour de 1975, la diva pousse la porte de Cartier avec, sous le bras, un bébé crocodile et commande un collier dessiné et sculpté d’après l’original, en ajoutant :  » Dépêchez-vous, il va grandir vite  » (l’anecdote est authentique). L’actrice aura sa parure extravagante à temps et à heure et l’affichera souvent, vêtue d’un châle brun et d’un sombrero noir. La Doña reflète parfaitement l’image de ce  » couple  » insolite, avec sa forme audacieuse et originale, son boîtier inspiré de la gueule du crocodile et son bracelet tout en écailles (disponible en octobre prochain).

La Cartier Libre Crash Watch (2) est un autre modèle du genre maniant l’originalité et l’audace. Son architecture chahutée et sophistiquée, inspirée du modèle Tank pourrait faire croire à un accident. Mais non. Elle est tout simplement le fruit de l’esprit créatif de la maison et d’une réflexion sur le temps contemporain fractionné, un temps qui bascule et se dérobe : trois rectangles d’or rose, jaune ou gris, sertis de diamants, qui se croisent pour ne plus former qu’une compression insolite sur fond de bracelet de toile poudrée. Enfin, Calisson (3) est, comme son nom l’indique, une montre gourmande avec son cadran en forme d’amande, cernée de diamants. Ultraféminine, elle s’accompagne d’un bracelet sensuel, évoquant un n£ud papillon haute couture.

Avec sa nouvelle collection Limelight Party (4), Piaget joue la carte de la fête pour égayer le quotidien. Exceptionnel, ce modèle de forme sphérique, inspiré des boules à facettes et pavé de 114 diamants, accompagné d’un bracelet en satin noir parfaitement intégré. Les nouvelles versions d’Altiplano (5) ne se remarquent pas seulement par leur large carrure mais surtout par la pluie de diamants qui, tel un feu d’artifice, en tapisse la surface.

Jean Richard, lui, explore le concept des cinq continents et cinq atmosphères. Un dragon entouré de rubis symbolise l’ Asie (7). Quelques flocons de neige soufflent sur l’Europe (9) et, plus particulièrement, sur la Suisse, berceau de Jean Richard. Des statuettes en ébène peignent l’ Afrique (10). Un camaïeu de bleus, évocateurs du rêve et de l’évasion, s’imposent en maîtres mots de l’ Océanie (11). l’ Amérique (8), enfin, se dévoile à travers les plumes et parures des Indiens, déclinés dans des tons fauves et turquoise.

Enfin, Baume & Mercier voit la vie en rose et habille Hampton Milleis (6) et Diamant, ses deux modèles-phares, de bracelets en alligator rose. Pour une touche glamour, il ajoute une pluie de diamants sur des boîtiers en acier.

Le temps des complications

Tourbillon, calendrier perpétuel, réserve de marche, fuseaux multiples : en cette ère du tout électronique, les horlogers misent sur le 100 % mécanique. Inventé par Breguet en 1795, le tourbillon est une  » cage  » renfermant tout l’échappement (l’ensemble balancier-spiral) qui tourne sur elle-même une fois par minute. Avantage ? Le c£ur de la montre n’est plus soumis aux lois de gravitation, d’où une précision supplémentaire. Les montres modernes sont à peu près insensibles aux lois de la gravitation et n’ont plus les défauts de précision des anciennes montres de poche. Cela dit, le tourbillon reste l’une des grandes subtilités horlogères et passe pour la complication horlogère suprême, si prestigieuse qu’elle excite tous les amateurs.

L’émotion esthétique que procure un tourbillon tournant sur lui-même dans sa cage métallique est indéniable. Certaines de ces cages sont de véritables chefs-d’£uvre de micromécanique. Ainsi, l’ Emperador Tourbillon Haute Joaillerie (1) de Piaget nous émerveille avec le calibre mécanique à tourbillon le plus fin du monde ! En plus de son incroyable finesse, la montre séduit par un sertissage intégral couvrant l’extérieur et le fond du boîtier. Ainsi, la peau n’est plus en contact avec l’or gris de la boîte, mais avec 302 diamants ! Réserve de marche : 40 heures.

Le ww. tc (2), l’un des modèles icônes de Girard-Perregaux, est présenté cette année dans une version à calendrier perpétuel. Habillé d’or, le mouvement mécanique à remontage automatique affiche les heures du monde avec disque jour/nuit, donne l’indication du jour de la semaine, du mois, de la phase lunaire sur un cycle de quatre ans dont l’année bissextile. Réserve de marche : 46 heures.

Compliquer, c’est aussi rendre plus précieux. Vacheron Constantin lance en série très limitée le Chronographe Malte (3) en platine, métal noble, rare et précieux. Equipé d’un cadran en platine microgréné, le chrono offre une lisibilité unique en son genre. Son calibre bénéficie des mécanismes archicomplexes et d’une finition digne d’un bijou. A découvrir au dos du boîtier, grâce à la glace saphir transparente. Cette petite merveille se porte sur bracelet en cuir alligator bleu foncé, sécurisé par un fermoir en platine, évidemment.

Le chic urbain

Destinées aux hommes à la forte personnalité, les montres se distinguent par un look sobre, des lignes affirmées et un design vigoureux. Chez Panerai, le boîtier coussin de cette Radiomir (1) en or rose reprend le design des premières montres créées par Panerai pour la marine royale italienne. Avec son boîtier spécifique doté d’anses à fil amovibles (et brevetées), cette montre en or massif a une étanchéité garantie à 100 mètres. Le cadran ultralumineux est réalisé selon la technique du  » sandwich  » : une couche de matière luminescente a été glissée entre les deux pièces du cadran.

Monsieur Arpels Latérale (2) de Van Cleef & Arpels, inspiré d’une montre dessinée en 1949, se distingue par des lignes très pures et un look néoclassique. Le point fort ? Une petite coquetterie horlogère, réservée à son futur propriétaire : l’indication de la réserve de marche a abandonné le cadran pour venir s’abriter à 9 heures, sur le profil de la montre. Elle se lit latéralement, à travers une petite fenêtre, d’où le nom de la montre.

Chez Audemars Piguet, le temps précieux des citadins s’apprivoise avec élégance et à l’ovale. Le modèle Millenary (3) en or rose abrite le nouveau calibre manufacture 3120, mouvement mécanique à remontage automatique disposant de 60 heures de réserve de marche. Le cadran ne manque pas d’originalité : derrière des aiguilles luminescentes en or, la zone des heures forme un cercle décentré sur la zone des minutes. La première est dotée de chiffres romains appliqués en or, tandis que la seconde s’orne de chiffres arabes décalqués, dans des couleurs qui varient selon les versions.

Spécial anniversaires

L’année 2006 est rythmée par de nombreux anniversaires importants. Plus haut, nous avons évoqué le centenaire de Van Cleef & Arpels. Ainsi, à côté de la Lady Arpels Centenaire, d’autres créations exceptionnelles commémorent l’événement. Ultraféminine, la Secret Dentelle (1) est ornée d’un sublime dessin de dentelle, tout en diamants de taille brillant. Un geste très simple permet de dévoiler le cadran caché. Alhambra ou trèfle à quatre feuilles est le motif fétiche et l’un des best-sellers du joaillier. Il est interprété dans une nouvelle montre, Vintage Alhambra Bracelet (2), en or jaune ou or blanc, exquise de finesse et de raffinement.

Autre centenaire, celui de Montblanc. A cette occasion, la marque présente la Montblanc Star Chrono GMT Perpetual Calendar (3). En plus de la fonction chronographe, elle comporte un calendrier perpétuel avec affichage des jours, date, mois et les chiffres de l’année en cours. La couronne de remontoir arbore un diamant de 43 facettes taillées en étoile, la forme du logo de la maison.

La Reverso de Jaeger-LeCoultre, elle, a 75 ans. A cette occasion, la maison interprète cette icône avec talent et audace. Le nouveau modèle porte le nom de Reverso Squadra Hometime (4) , car son cadran est pratiquement carré. Le double fuseau horaire est présenté de façon symétrique à 3 et 9 heures. Le marqueur des secondes est dans un petit compteur carré, placé à 6 heures. Elle sera proposée en trois versions dont une en titane. Disponible en septembre prochain.

L’Overseas de Vacheron Constantin, symbole du monde des voyages, fête son 10e anniversaire. Conçue pour traverser les océans, elle a un tel succès qu’elle compte maintenant une Dual Time (5) à deuxième fuseau horaire. Avec son cadran brun chocolat, associé à l’or rose, elle a tout pour plaire aux adeptes de l’outre-mer.

(*) Du 3 au 9 avril dernier.

Barbara Witkowska n

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