SMS, Facebook, Skype ou Second Life : avec un esprit aussi insolent que percutant, ce jeune auteur français s’empare avec maestria des nouvelles technologies pour nous plonger dans un jeu de piste entre réel et virtuel.

De quoi la littérature vous a-t-elle sauvé ?

De mes peurs. La peur de la société, de l’aveuglement et celle de ne pas réussir, de ne pas être unique et de ne rien comprendre. J’écris par déception des mots, parce qu’ils ne suffisent pas.

Ce roman explore le pouvoir des nouvelles technologies. Fascinant ou inquiétant ?

Les nouvelles technologies m’interrogent, tant elles perturbent notre rapport au monde. On n’a pas le temps de saisir leurs enjeux, alors même qu’elles modifient notre façon de penser. Ce qui me fascine, c’est l’usage qu’on en fait.

Un site indispensable ?

Le journal Ars Industrialis (réflexion sur les nouvelles technologies) et Facebook.

Quel ami êtes-vous ?

Un ami fidèle et absent car l’écriture me prend tout mon temps. L’amitié est subtile, mais imparfaite. Le roman est un beau moyen d’entrer en amitié avec quelqu’un.

Vous êtes branché SMS ?

J’envoie une centaine de textos par jour, dont une partie à moi-même (rires). C’est ma façon de prendre des notes.

Et Skype ?

La première fois, c’est comme la découverte du feu, avec ses dangers et ses nécessités. Nous sommes les derniers témoins d’un monde ancien, mais les jeunes ont beaucoup de choses à nous apprendre.

Que feriez-vous d’un scoop ?

Il en tombe tellement tous les jours, qu’ils finissent par se noyer. On trouve que la vérité ne suffit pas, alors on fait croire aux gens que le réel est vrai.

Si vous étiez un personnage de Second Life ?

Être un personnage de roman pose déjà la question de la mise en scène de soi.

Qu’y a-t-il de plus réel en vous ?

Le livre. Une fois qu’il est imprimé, je ressens une émotion incroyable. C’est la preuve d’un temps passé.

Et de plus virtuel ?

Toutes les nuits de sorties à Paris. Je suis allé loin dans cette expérience, afin d’échapper au salariat, à la productivité et à moi-même. Paris m’a aidé à vivre car c’est un terrain de jeu, où tout est permis. Ce roman, très parisien, raconte une forme de légèreté absolue.

À quelle époque appartenez-vous ?

À la prochaine. J’aimerais assouvir ma curiosité des lendemains… On pense l’avenir en termes de technologie, or il est ailleurs. L’homme reste plus fort que la machine.

Quel est Le Miracle (titre du roman) de la vie ?

Peut-être celui de naître et de renaître à chaque livre.

Quand avez-vous ressenti la  » Résurrection  » ?

Quand j’ai arrêté la cocaïne. Cela m’a permis de reconquérir mon corps et mes moyens de réflexion. Je ne porte pas cette expérience comme un point noir car je me suis construit à travers elle.

Le Miracle, par Ariel Kenig, L’Olivier, 155 pages.

KERENN ELKAÏM

ON FAIT CROIRE AUX GENS QUE LE RÉEL EST VRAI.

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