Barbara Witkowska Journaliste

Réconcilier le corps et l’esprit, s’évader, relâcher les tensions et changer d’air… C’est le credo de ces espaces dédiés à l’harmonie. Le temps d’une semaine ou d’un long week-end, voici les bonnes adresses pour se ressourcer et retrouver la sérénité.

Carnet d’adresses en page 94.

Maurice est une des destinations soleil qui propose les havres de paix les plus somptueux du monde. Beauté, volupté et plaisir des sens, telle est la devise de l’hôtel Belle Mare Plage du groupe Constance, situé sur la côte nord-est de l’île et de son spa ultraraffiné battant pavillon Shiseido. Ce resort aux dimensions confortables et humaines est renommé pour sa plage, son accueil et son service qui déploie des trésors de gentillesse.

L’enchantement commence à l’entrée de l’hôtel avec cette piscine à débordement qui se déverse, plus loin, dans l’eau turquoise de l’océan Indien. On pénètre dans ses jardins paradisiaques, admirablement redessinés par Colin Okashino. Tout en respectant la nature généreuse et spectaculaire, le célèbre paysagiste l’a maîtrisée, disciplinée, ordonnée et classée dans une belle suite chromatique. La coexistence entre les arbustes à fleurs, tels les hibiscus, les frangipaniers et les bougainvillées, les buissons verts et les arbres exotiques est superbement orchestrée et très équilibrée. Colin Okashino s’est plongé aussi dans les vieilles légendes de cette île volcanique au passé tumultueux qui racontent comment les esprits de la terre et de la mer, après d’interminables conflits, ont retrouvé, enfin, une cohabitation paisible. Quatre sanctuaires, décorés de pierres volcaniques, de galets et de cascades, rythmés d’énormes cylindres en céramique, symbolisent à merveille cette trêve conclue entre les esprits en colère.

Dans cet écrin de verdure, l’architecture interprète l’ambiance d’un village balinais. Les chambres, vastes, sobres et élégantes, affichent une décoration à la fois actuelle et intemporelle. Tout est d’un calme royal et on s’y sent vraiment chez soi. Envie d’émotions plus exclusives ? Louez alors la villa présidentielle (650 m2 !) avec sa piscine privée, son kiosque au bord de l’eau, son ambiance luxe non ostentatoire et un majordome discret disponible 24 heures sur 24.

Le spa Shiseido, dirigé par Alkistis Loukidès, est niché dans un magnifique pavillon en bois exotique au toit de chaume et aux sols en terre cuite et dégage une sérénité toute japonaise. Allongé dans la pénombre reposante des cabines, on se laisse emporter par ses rêves sous les mains expertes de l’esthéticienne. A vous de choisir : soins nettoyants ou apaisants du visage, soins relaxants ou énergisants du corps. Ils intègrent, tous, la fameuse méthode Qi Shiseido. Inspirée de la technique du shiatsu, elle consiste à stimuler, par pressions manuelles, des points stratégiques pour rétablir le flux énergétique, indispensable pour chasser les tensions, retrouver le calme et la vraie beauté intérieure. Puis vient la pose des bandelettes oshibori, chaudes et humides. Entre veille et sommeil, parfaitement relâché, on ne ressent même plus les légères pressions des doigts.

Pour parfaire ces séances nirvanesques au spa, on prend son corps en main. A la salle de gym, Richard, le coach, vous établit un programme d’entraînement personnel et surveille attentivement vos progrès. Puis on se dirige vers la plage. Jean-Michel Langlois, patron du club Blues, est aussi peintre sous l’eau (il y en a cinq au monde). Il vous propose une séance de plongée classique, juste pour contempler l’extraordinaire monde sous-marin de l’océan Indien, une plongée historique, pour explorer un bateau coulé ou encore une plongée insolite où on l’assiste lors d’une séance de peinture. Les artistes en herbe peuvent éventuellement tenter eux-mêmes cette expérience unique.

Au fil de la journée, outre les plaisirs des massages, de l’eau, du sport ou du golf (deux somptueux terrains de 18 trous avec le green-fee gratuit), on peut aussi privilégier les nourritures terrestres. A midi, on se régale de fruits de mer et de délicieux poissons ou encore, au restaurant Deer Hunter, d’excellente cuisine traditionnelle mauricienne. Le soir, on goûte aux plats divins du restaurant gastronomique Blue Penny et on termine par un verre face à la mer. La béatitude !

Polysensorialité à Gordes

Jouissant d’une vue imprenable sur le Lubéron et les Alpilles, Gordes est l’un des plus beaux villages de France. La masse compacte de pierres blondes, haut perchée et nappée d’une belle lumière, se devine de loin. Les invasions multiples, les hasards de l’histoire, les guerres de Religion, bref la terrible insécurité qui régnait ici tout au long du Moyen Age et durant une partie de la Renaissance ont obligé les habitants de la cité à se protéger et à vivre dans la défensive sur les hauteurs. Les temps sont redevenus calmes et même si les traces de l’histoire se devinent dans un aspect rude et un peu austère du village, véritable labyrinthe de pierres sèches, Gordes s’est transformée en une oasis de douceur de vivre, appréciée par quelques peintres célèbres, tels Marc Chagall, Vasarely et André Lhote, puis des hommes politiques français comme Jack Lang, Laurent Fabius et François Mitterrand.

L’histoire de l’hôtel La Bastide de Gordes est tout aussi mouvementée que celle du village. L’un des bâtiments principaux, élevé sur les remparts de Gordes datant du XIIe siècle, a été sérieusement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Les ruines ont été remplacées par une construction en béton, louée à la gendarmerie. Au milieu des années 1990, Jacques Mazet la rachète, la reconstruit sur la base de cartes postales anciennes et y ouvre un petit hôtel de charme. Au fil des ans, il s’approprie les bâtiments voisins. L’hôtel s’agrandit et offre aujourd’hui 45 chambres, spacieuses, confortables, décorées avec des matériaux et des couleurs de la Provence. La toute dernière acquisition a permis l’ouverture d’un spa sur trois niveaux, totalement intégré au village et entièrement conçu par Daniel Jouvance, spécialiste des soins marins et grand adepte, depuis vingt ans, de la polysensorialité.

Le spa, imaginé comme une sculpture, est en phase avec ce lieu minéral. C’est comme un rituel initiatique qui commence par une  » descente dans la pierre « . La pénombre flirte avec la lumière, la pierre dompte l’eau. Dans l’impressionnante piscine chromatique, avec une vue superbe sur la garrigue, on se régale de jeux de couleurs et d’ambiances musicales. Les soins prodigués marient les produits de la mer et les huiles essentielles de la Provence. Le rendez-vous commence par un gommage aux éclats de noyaux d’olives qui fait une peau de velours, suivi d’un enveloppement de boue marine. Puis vient le massage aux huiles aromatiques et aux compresses de sable chaud ou encore un massage aux galets du Lubéron. Le corps est dénoué, les tensions sont effacées. On est régénéré et on se sent revigoré, comme si on avait fait le plein d’énergie.

A midi et le soir, on se délecte d’une cuisine légère et savoureuse, composée avec les excellents produits de la région. Pour la sieste, on se choisira une belle place au soleil à côté de la piscine chauffée à l’eau bleu turquoise. Puis on partira, par le chemin des écoliers, à la découverte du pays. Les belles étapes ne manquent pas. Le chef-d’£uvre ? L’abbaye de Sénanque, fondée en 1148 par les cisterciens, dont une petite communauté y vit toujours. Après cette halte spirituelle, on admire le curieux village des Bories. Les petites cabanes en forme d’obus, bâties avec des pierres sèches (sans mortier), hautes de 4 mètres, abritaient jadis des animaux, au rez-de-chaussée, et des bergers, à l’étage. Le conteur Pierre Vialat a eu l’idée de sauvegarder ce patrimoine insolite. A son initiative, un village complet a été reconstruit dans les années 1950. On termine, comme toujours, par une pause gourmande, en s’offrant une visite (et quelques emplettes) du Moulin des Bouillons, le plus ancien moulin à huile d’olive conservé intact.

Escapade à Saint-Tropez

Du port à la célèbre place des Lices, c’est un mouchoir de poche, envahi, l’été, par des centaines de milliers de touristes. Le peintre Paul Signac en est tombé amoureux en 1892, y a fait venir ses copains Henri Matisse et André Derain. Dès lors, le joli petit port n’a pas arrêté de drainer les happy few. Colette qui y achète, dans les années 1920, une coquette résidence, près de la plage des Canebiers, se plaint déjà du  » trop-plein de monde « . Elle n’a encore rien vu. Après Vadim, Bardot et Barclay, il y aura carrément foule. Qu’à cela ne tienne. Besoin de calme ? Envie de s’échapper de la fureur du monde ? Installez-vous à La Tartane, un adorable hôtel au charme provençal, à quelques minutes du port et très proche des plages des Canebiers, Salin et Pampelonne. Rénové et relooké, il vient de gagner une quatrième étoile. Les 27 chambres vous transportent dans des ambiances subtilement dépaysantes. L’Africaine fait la part belle aux bois noirs et exotiques. L’Indienne mêle des colonnes et des malles ouvragées. La Marocaine associe lampes de cuivre, miroirs et meubles de cèdre noir. La Tropézienne, meublée de bois flotté, est tout harmonie et paix dans une belle ambiance couleur sable. Au restaurant, autour de la piscine, on s’abandonne avec délice à l’art de vivre local.

Le spa réunit une cabine et un hammam. C’est une bulle  » pur cocooning « , dont la décoration mêle esprit provençal et style colonial. Nathalie Jacquemin travaille avec les excellentes huiles essentielles de la marque britannique Aromatherapy Associates, fait des mélanges personnalisés, puis s’adapte à vos désirs. Vous aimez le shiatsu ou la réflexologie plantaire ? Vous rêvez d’un massage aromatique du corps ? Vous avez besoin d’un drainage lymphatique ? Tout est possible ! On vous recommande toutefois le massage tui-na, rarement pratiqué. Il s’agit de l’une des cinq branches de la médecine traditionnelle chinoise, les autres étant la phytothérapie, l’acupuncture, la diététique et le qi gong. Le tui-na chasse les n£uds énergétiques, relance la circulation et rééquilibre le yin et le yang. Nathalie procède par pressions, effleurages, tapotements, étirements, en agissant sur les tissus, sur les méridiens et les points d’acupuncture. Le rythme est tantôt lent, tantôt rapide. Les tensions sont déliées, on est détendu des pieds à la tête.

Ensuite ? On ira faire un tour en ville pour admirer les lumières, tant aimées par les peintres, exposés au musée de l’Annonciade, de Camoin à Dunoyer de Segonzac et Henri Manguin. Pour la séquence show-off, il faut flâner sur la place des Lices, fouiner un peu dans les boutiques branchées, siroter un cocktail dans un café donnant sur le port, meilleur point d’observation du va-et-vient des yachts. Puis on mangera sur la plage, au Millesim, par exemple, un poisson accompagné d’un rosé pétale de rose. C’est peut-être la recette du bonheur.

Barbara Witkowska

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