L’artiste

Ola Rindal est né à Fåvang en Norvège, en 1971. Il vit et travaille actuellement à Paris. Photographe de mode, il a shooté pour des titres aussi prestigieux et branchés que Dazed & Confused, Purple Magazine, Jalouse, Vogue Japon, A-Magazineà Il a également signé la campagne de pub de Louis Vuitton Homme automne-hiver 08-09 et prêté son talent aux maisons Chanel, Martin Margiela ou encore Hermès. A côté de ce travail éditorial, Ola Rindal développe, comme de nombreux photographes de mode, une £uvre personnelle libérée des codes du cliché fashion. Ici, peu d’humains, beaucoup de fantômes. Des animaux, aussi, glanés au fil de longues balades dans la nature, en Norvège, ou dans les rues de Paris. Et surtout une lumière, premier sujet des photographies d’Ola Rindal. De jour ou de nuit peu importe, on retrouve un éclairage particulier, froid et cotonneux à la fois, comme emmitouflé dans la brume qui s’échappe des fjords au petit matin. Hors du temps, dans des ambiances qui font tantôt songer à l’expressionnisme contenu de Léon Spilliaert, tantôt aux atmosphères murmurées et étranges de la nouvelle vague, l’£uvre personnel d’Ola Rindal s’immisce doucement, presque perversement, dans l’£il du spectateur pour ne jamais plus le quitter.

L’expo

C’est la deuxième exposition que le photographe norvégien présente à la galerie Catherine Bastide, à Bruxelles. Intitulée Sudden, soudain en français, cette expo rassemble une quinzaine de tirages effectivement pris sur le vif, mais qui dégagent au final une temporalité autre, floue, onirique presque : un homme courant dans la brume, une route enneigée la nuit, à la David Lynch, une pie jacassant sur le bitume. Cette étrangeté, nimbée de la lumière laiteuse qui fait la signature d’Ola Rindal, se traduit poétiquement (une fourmi sur une table en verre reflétant les nuages et le ciel, un pistil tout juste atterri sur le pare-brise d’une voiture) par des accents inquiétants, parfois carrément angoissants (le visage d’une jeune fille en noir et blanc, regard éberlué, des arbres décharnés surpris au flash). Voire à la faveur d’une touche de cynisme (un superbe paysage de campagne où serpente une route sur laquelle on découvre, en s’approchant de l’image, un écureuil écrasé). Prise dans son ensemble, Sudden s’appréhende comme un voyage en apesanteur, sur le chemin des souvenirs et des rêveries du photographe, un monde curieux et mélancolique taillé pour le vagabondage du regard.

Ola Rindal : Sudden, à la galerie Catherine Bastide, 62, chaussée de Forest, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 3 avril prochain. Tél. : 02 646 29 71. www.catherinebastide.com

Chaque mois, Le Vif Weekend vous propose le décryptage d’une exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

Baudouin Galler

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