Etant américaine d’où tenez-vous cette remarquable pratique de la langue française ?

J’ai d’abord appris le français au lycée. J’avais une amie en France; je lui ai rendu visite et elle m’a véritablement donné des leçons. Cela m’est utile dans mon métier, puisque mon public francophone n’est pas négligeable: le roman qui paraît aujourd’hui chez Albin Michel a été tiré à 100 000 exemplaires. L’importance du français aujourd’hui aux Etats-Unis ? Il est supplanté par l’espagnol, qui est la langue originelle de nombreux nouveaux Américains. Mais le français demeure tout de même une langue internationale. Je pense que ma fille l’étudiera également au lycée.

La presse française n’est pas toujours tendre avec vous. Un récent article du « Figaro » vous présentait comme  » l’indigeste McDonald, fabricante patentée, reine du polar pour secrétaires « .

Oh, ils ont dit cela ? Mon éditeur ne m’a pas communiqué l’article. Que veut dire  » secrétaire  » ? Ah d’accord (éclat de rire). Cette dernière étiquette me plaît beaucoup. Le reste ne me dérange pas; je n’ai pas d’avis à ce propos.

Quelle est votre première impression de la Belgique ?

J’y étais venue une première fois, mais très brièvement, voici trois ans. Je ne connais que Bruxelles. C’est tout à fait différent des Etats-Unis. L’architecture est étonnante. Il semble que les habitants et les bâtiments appartiennent à l’histoire. Vous avez le grand privilège de posséder un passé, ce qui n’est pas notre cas. Avant d’atterrir ici, je ne connaissais qu’un Belge célèbre: Hercule Poirot.

Le nom de Georges Simenon ne vous dit rien ?

Si. Je l’ai déjà lu, mais mes goûts personnels me portent plutôt vers Agatha Christie, pour son art de construire l’intrigue, ainsi que Ruth Rendell. Comme auteurs, je préfère les Anglaises dont j’apprécie la personnalité propre à leur sexe et l’approche psychologique.

Votre succès littéraire s’accompagne d’un pouvoir économique accru. Qu’est-ce qui a changé dans votre vie ?

Nous avons une plus grande maison. Pour le reste, c’est toujours pareil. Nous n’avons pas commencé à voyager, nous continuons de voir les mêmes amis, de regarder le football à la télévision. Nous sommes des Américains bien tranquilles.

En littérature, les femmes sont-elles payées aussi bien que les hommes ?

Oui. Ce n’est pas une question de sexe mais de chiffres de vente. Le statut social ? Il dépend du romancier. C’est le cas de Patricia Cornwell et de Mary Higgins Clark. Pour ma part, je n’ai pas de statut. Mon nom n’apparaît pas dans les grandes pages critiques et je me contente du succès populaire.

Comment avez-vous abouti au roman policier ?

Il faut d’abord que je vous raconte mon parcours vers la littérature. Mon père était facteur des postes; grand amateur de livres, il nous lisait fréquemment des extraits d’oeuvres, dont notamment des poèmes. C’est lui qui a créé et développé notre sensibilité littéraire. Le roman policier est alorsdevenu ma lecture préférée puis je me suis mise à en écrire et j’ai trouvé l’activité très délassante.

Donnez-vous une certaine image de la femme américaine ?

Oui, mon image. Mes femmes sont ordinaires, attentives au foyer. Souvent elles ont un métier, tout en accordant la prépondérance au noyau familial et aux amis.

Au quotidien, vous êtes attirée par la violence ?

Pas du tout. Elle bénéficie de mon attention, parce que j’y puise mes idées, mais je n’y suis heureusement pas confrontée. J’habite une cité balnéaire qui compte l’hiver à peine 4 000 habitants. J’ai vécu autrefois à New York et à Philadelphie, où il fallait être sur ses gardes si l’on se promenait seule le soir.

Propos recueillis par Marc Emile Baronheid

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