Pour satisfaire le désir de  » pipolisation  » galopante des foules anonymes, des initiatives étranges et originales émergent tout doucement. Oui, toi aussi, tu peux devenir star !

Bon, d’accord, vous avez complètement foiré votre Saint-Valentin. Le resto était nul et l’ambiance, prévisible. Pis, vous vous êtes même demandé(e) ce que vous faisiez là. Mais ressaisissez-vous, que diable ! Ah si seulement la machine à explorer le temps vous avait déposé ce magazine une semaine plus tôt… Vous auriez trouvé la clé pour épater votre bien-aimé(e) et vous en seriez sorti(e) grandi(e), serein(e) et gratifié(e). Car aujourd’hui, succès du service sur mesure oblige, vous pouvez facilement préparer ce genre de festivités amoureuses, puissance XXL, sans vous fatiguer. Il suffit d’y mettre le prix, bien entendu. Prenez ApoteoSurprise, par exemple. Inaugurée en région parisienne il y a un mois à peine, cette agence spécialisée en déclarations d’amour insolites offre, en effet, pas moins de 40 forfaits pour épater l’élu(e) de son c£ur ( www.apoteosurprise.com). De la demande en mariage sous une véritable pluie de pétales de roses au scénario ficelé avec un sosie du lieutenant Columbo, en passant par le survol en hélicoptère d’un château où une immense déclaration personnalisée est imprimée dans les jardins, les pistes sont multiples et généralement originales. Mais l’excentricité se paie. Pour le package  » Dites-lui je t’aime sur les ailes d’un avion  » ( sic), comptez 1 990 euros. Quant à la formule  » Stade de France  » avec affichage des photos et du texte choisis sur les écrans géants de ce temple sportif exclusivement réservé pour vous, il vous en coûtera 5 990 euros. Gloups. Il faut dire que, à ce prix-là, vous bénéficiez d’un trajet en Rolls-Royce décapotable, d’une bouteille de champagne et des applaudissements de 80 000 spectateurs virtuels. C’est déjà ça. Lancée pour séduire surtout une clientèle riche et exotique en séjour dans la plus romantique des villes (aux yeux des Français), cette initiative parisienne est néanmoins offerte à tous les amoureux  » de base  » qui peuvent goûter, l’espace d’un instant, à un véritable traitement VIP. Au risque de s’endetter. Mais c’est tellement bon de se sentir riche une heure, une heure seulement. D’autres petits malins de l’événementiel l’ont bien compris puisqu’ils proposent, quant à eux, de vous mettre carrément dans la peau d’une grande vedette du show-biz ( www.soireedestar.fr). Au programme : limousine avec chauffeur, relooking par une équipe de stylistes et tournée des boîtes de nuit huppées avec gardes du corps, histoire de repousser fermement les  » vrais  » paparazzis et les  » vrais  » fans en furie qui, ce soir-là, vous suivront étonnamment à la trace. Plus glamour, tu meurs. Montant de la facture : 3 500 euros pour la totale (huit heures de prestation) contre 859 euros pour un forfait de trois heures (sans la séance de relooking). Organisées à Paris, Cannes, Nice et Toulouse (personne n’a envie de lancer le concept à Bruxelles ?), ces drôlissimes  » soirées de star  » sont, à vrai dire, révélatrices de l’immense désir de  » pipolisation  » qui titille désormais Monsieur et Madame Tout-le-monde. Un désir aussi consternant que légitime. La faute à Andy Warhol qui avait prédit que  » chacun aurait, dans le futur, son quart d’heure de célébrité  » ? Pas vraiment. Il faut plutôt se tourner du côté des médias pour trouver l’origine du phénomène. Avec l’explosion de la presse people, d’une part, et surtout l’opportunité offerte aux anonymes de rejoindre le cercle des happy few à coups de  » Loft « ,  » Star Academy  » et  » Greg le Millionnaire « , d’autre part, n’importe qui peut désormais prétendre au statut de star momentanée. Encore faut-il prendre le train de la télé-réalité en marche. Comment ? Vous n’avez pas été sélectionné ? Ne pleurez pas. Les  » soirées de star  » sont là pour vous offrir cette  » pipolisation  » par procuration. Au pire, votre bien-aimé(e) séchera vos larmes à coups d’ apoteosurprise. com, où tout n’est que grandeur, luxe et volupté.

Frédéric Brébant

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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