PÈRE OCÉAN

© SDP

A 61 ans, ce Carolo est l’un des photographes sous-marins les plus réputés pour son travail sur les requins et les grands cétacés. Les profondeurs ne l’inspirent pourtant que depuis sept ans. Avant, il en avait une peur bleue.

Si Jean-Marie Ghislain était un animal, il pourrait être un requin, vu la fascination qu’il voue aux grands prédateurs marins. En vérité, il tient plutôt du chat. Comme le félin, ce natif de Charleroi élevé à Chimay semble avoir plusieurs vies. La prochaine va bientôt commencer : dans quelques mois, il embarquera avec femme et enfant sur un voilier pour un tour du monde qui débutera par l’océan Arctique. Sans échéance prévue.  » Leina et moi nous sommes rendu compte que nous avions un besoin vital de rester le plus souvent possible en contact avec la mer « , confirme ce baroudeur de 61 ans. C’est aussi le moyen le plus pratique et le moins onéreux pour sillonner les océans du globe au service de leurs nombreux projets de films, livres et conférences consacrés aux mystères des profondeurs et aux géants qui les habitent. Et que le jeune couple, uni par un même souci du respect de cette nature qui l’inspire, s’emploie à réhabiliter.

Photographe formé à Saint-Luc à Liège, Jean-Marie Ghislain a exercé de nombreux métiers dans la pub, le marketing, l’immobilier, l’humanitaire ou les institutions internationales avant de revenir à sa passion première. Il est aujourd’hui (re)connu pour son travail sur les requins et les grands cétacés, auquel il associe sa compagne Leina Sato, apnéiste d’origine japonaise passionnée par les dauphins, mais aussi leur fille Nai’a, qui vient d’avoir 2 ans. Leur ouvrage L’Enfant de l’océan, aux éditions Les Arènes (2015), illustre d’ailleurs les rencontres sous-marines entre Leina, enceinte, et les baleines, dauphins et cachalots des eaux polynésiennes, hawaïennes ou mauriciennes. Le cinéaste français Jan Kounen, qui a signé notamment Blueberry et 99 francs, a même consacré un film, The Journey (Mère Océan), à ce couple hors du commun, dans son univers aquatique, pendant la grossesse de Leina.

Mais la véritable inspiration du photographe, ce sont les requins,  » ces animaux fantastiques qui suscitent à tort les pires frayeurs dans l’inconscient collectif à cause du cinéma, de la littérature et des médias « , regrette-t-il. S’il leur consacre aujourd’hui toute son énergie à travers ses images, ses livres L’invitation et Peur Bleue et ses projets –  » le prochain consistera à adopter le point de vue du requin en essayant de me faire accepter par certains individus pour saisir leur regard et tenter de comprendre ce que signifie notre présence dans leur milieu  » -, cela tient autant du parcours initiatique que du travail thérapeutique. Car l’eau et les profondeurs ont longtemps alimenté ses pires angoisses.  » Adolescent, j’ai failli me noyer pendant des vacances en Italie, et quand j’avais 28 ans, ma mère s’est tuée en se jetant dans un puits. Ce n’est qu’en 2007, alors que je travaillais sur un projet immobilier à Ibiza, que j’ai recommencé à nager. Dans des eaux où je voyais toujours le fond.  » Un copain l’initie ensuite à la plongée et finit par l’emmener se confronter à ses peurs au Mexique, en janvier 2009. Première rencontre avec les requins bouledogues, les plus dangereux car imprévisibles. Ce fut le choc.  » Une jubilation, une joie enfantine.  » Et le début d’une nouvelle vie dédiée aux squales. Sept ans plus tard, il en a photographié 37 espèces et ses clichés s’exposent dans le monde entier. Et il a rencontré l’âme soeur, avec qui il partage cette vie et une priorité :  » Créer des passerelles pour ramener sur Terre toute la beauté et l’intelligence qui se cachent sous la mer.  »

http://ghislainjm.com

PAR PHILIPPE BERKENBAUM

 » UN BESOIN VITAL DE RESTER LE PLUS SOUVENT POSSIBLE EN CONTACT AVEC LA MER.  »

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