Mixant audacieusement les générations, la vague  » teen  » glorifie la jeunesse prépubère dans un modèle faussement adulte. Attention, diktat émergent !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

On connaissait déjà le phénomène kidulte, du nom de ces trentenaires trop coooool qui refusent de vieillir et qui plongent, avec délice, dans la nostalgie de leur jeunesse perdue. Armes de prédilection : une soirée Chantal Goya, un soupçon de Goldorak et une grosse louche de Barbapapa (à nouveau très tendance dans l’escarcelle des fashion victims). Il fallait donc s’attendre à un retour de manivelle ou, plus exactement, à un rééquilibre des forces en présence. Après le triomphe des  » adulescents « , voici donc venu l’avènement des teens, ces enfants qui veulent grandir trop vite et qui s’improvisent ados avant l’âge. En clair, il s’agit des 8-12 ans prépubères qui se la jouent déjà Star Academy avec, en guise d’affranchissement vestimentaire, les strings débordants chez les filles et les cheveux peroxydés chez les garçons. D’ailleurs, au rayon jouets, les kits d’apprenties Nolwenn se vendent comme des petits pains et les Barbie trop sages se font désormais voler la vedette par des modèles beaucoup plus  » lookées « . Autre indice révélateur : en France, deux nouveaux magazines de mode  » enfantine  » ont récemment fait leur entrée retentissante dans les kiosques. Un zeste provocateurs, les tout jeunes mannequins de  » Milk  » et de  » Extra Small  » y adoptent franchement des poses d’adulte pour mettre en valeur des fringues de grands taillées dans une version mini. Bien sûr, l' » adultification  » de ces top models en herbe n’est pas innocente : de Dior à Burberry, en passant par D&G, Ralph Lauren et Christian Lacroix, de plus en plus de marques de luxe développent des lignes enfant pour le grand plaisir des mamans attendries. Bref, le nouvel enfant-roi triomphe allègrement dans la société de surconsommation et les publicitaires n’hésitent pas à en rajouter une couche pour exploiter au mieux ce filon précieux. Désormais, ils parlent de  » kidding attitude « , instaurent l’esthétique teen comme nouvel emblème de leurs fantasmes commerciaux et récitent religieusement la règle des 4 M (mode, musique, mecs et mascara) pour interpeller les nymphettes émoustillées. Attentifs, les businessmen emboîtent le pas et proposent donc de nouveaux besoins dispensables, comme, par exemple, ce centre de soins esthétiques de Dallas spécialement dédié aux (pré)ados ( www.seventeenspa.com). Forcément, les adultes sont pris au piège du jeunisme glorifié et les tentations régressives redoublent d’intensité. Résultat : mères et filles se la jouent super-s£urs complices (comme sur les pubs de la griffe Comptoir des Cotonniers), unissant leurs efforts dans cette nouvelle quête d’un âge  » idéal  » qui mixerait astucieusement fraîcheur sublimée et assurance d’adulte. Mieux (ou pire ?), les produits  » rassembleurs  » explosent joliment, aiguisant avec succès les sensibilités de chacun. Exemples significatifs ? La marque Petit Bateau est squattée par les working girls européennes tandis que les Japonaises trentenaires craquent pour les vêtements vendus dans les enseignes Barbie. Le hit  » We will rock you  » façon bambin (imaginé par Evian,  » source de jeunesse  » !) est autant fredonné par les adultes nostalgiques que par les enfants amusés. Enfin, sur nos écrans, la grand-messe Star Academy du samedi soir focalise aussi bien l’attention des gamines envieuses que de leurs parents méchamment titillés dans leur libido. Lentement, le flou générationnel s’impose. Sûrement, la  » teen mania  » explose. Bienvenue au pays de Peter Pan, version 2.0.

Frédéric Brébant

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