Journaliste de radio et de télévision, le Français Pierre de Vilno propose un premier roman doux-amer. Deux héros homos s’y confrontent sur l’échiquier des sentiments. Ils possèdent une façon bien à eux de conjuguer l’amour à l’impossible…

 » À les regarder, ils étaient comme deux enfants.  » Quel enfant étiez-vous ?

Un enfant unique, attendu comme le messie. Né dans la grandiloquence, j’ai été élevé par des parents formidables qui m’ont adulé. Mon père est un vrai Polonais et ma mère une chanteuse de rock qui m’a initié à la musique.

Que vouliez-vous devenir ?

Pianiste, mais je ne pouvais pas assurer cette discipline d’enfer. Cet instrument (qui trône dans le salon) constitue toujours un prolongement de moi-même.

D’où vous vient cette passion d’écrire ?

Solitaire, j’ai toujours été un grand lecteur. Premiers émois : Jack London, Ray Bradbury, Victor Hugo et la musicalité de Duras. Lorsque la fille que j’aimais est partie, l’écriture s’est imposée comme exutoire, mais ce texte ne paraîtra pas.

Votre roman-ci brouille les parts féminines et masculines de chacun. Quelles sont les vôtres ?

D’après un ami, je suis  » une lesbienne dans un corps d’homme  » ( rires). Ma part féminine s’exprime par un côté hypersensible et esthète. Ça ne m’empêche pas d’aimer le rugby ou la course automobile.

Quelle est votre idée de l’amitié ?

Ayant perdu ma mère chérie à 24 ans, j’ai eu des tendances suicidaires. Mon meilleur ami m’a sauvé la vie. C’est dans les moments terribles, qu’on voit qui est vraiment là.

Croyez-vous en l’amour ?

Avant, j’étais un partisan du coup de foudre, mais ma femme, Carmen, est un cadeau du ciel. Elle m’a choisi, tout en m’obligeant à réagir. Notre amour grandit au jour le jour.

Qu’est-ce qui fait sa beauté et sa cruauté ?

On peut sublimer ou rendre terrible un amour. Il faut être deux, aussi y a-t-il une part de hasard. Parfois les choses nous échappent. Ce roman démontre que quoi qu’il advienne, l’amour sort vainqueur.

Vous êtes fidèle à…

Ma femme, mes amis, moi-même, une philosophie de vie, une franchise cash et une forme d’esprit. J’aime m’entourer de belles choses.

Lesquelles ?

Des fauteuils Knoll ou ces tableaux, acquis dans une galerie new-yorkaise. Les portraits me permettent d’être entouré quand je suis seul. Comme ce visage de Félicie d’Estienne d’Orves, qui m’a peint jadis.

Vous ne pourriez pas vivre sans…

Carmen, que j’aime follement. On tombe aussi parfois amoureux de ses personnages. Je les ai portés en moi, comme si j’étais leur père, or je suis incapable de les accompagner plus loin. Certaines choses, comme le don de soi, sont si denses qu’elles sont difficilement exprimables.

Elvire & Jeremy, par Pierre de Vilno, Héloïse d’Ormesson, 167 pages.

KERENN ELKAÏM

D’APRÈS UN AMI, JE SUIS  » UNE LESBIENNE DANS UN CORPS D’HOMME « .

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