Une atmosphère en demi-teintes, des canapés profonds et moelleux, des foot-stools confortables, des patines rassurantes et des lampes de lecture en cuivre et en bois… Chez Christine et Gilbert Verbeeck, on cultive la douceur de vivre.

Une avenue paisible et élégante dans les faubourgs d’Anvers. Des maisons de maître, bâties il y a un siècle, alignent fièrement leurs façades éclectiques, lisibles et décorées avec caractère. Poussons une porte. On remarque les dimensions généreuses du hall d’entrée, les plafonds richement ouvragés, les colonnes ciselées, les volumes affirmés et un important escalier filant vers les sommets. C’est au sein de ce monde puissant et cohérent à travers la diversité de ses composantes que la décoratrice anversoise Christine Verbeeck et son mari ont choisi de vivre.  » Ce travail de l’espace est typique des maisons de maître de ce quartier, explique la décoratrice. Les détails sophistiqués devaient donner au visiteur une première impression de richesse et d’aisance. A l’origine, la cage d’escalier était fermée au rez-de-chaussée, pour cacher un escalier familial, beaucoup moins prestigieux. « 

Décoratrice depuis vingt-cinq ans, Christine Verbeeck a pris tout son temps, trois ans environ, pour repenser et rénover de fond en comble cet espace exceptionnel. Première étape: suppression d’une partie du plafond au rez-de-chaussée et percement d’une ouverture dans le toit. Ce geste audacieux a permis de mettre à nu la cage d’escalier et d’apporter, dans toute la maison, une source de lumière supplémentaire. Deuxième étape: ramener le hall d’entrée à des dimensions plus  » humaines  » et le rendre plus fonctionnel. Dans le fond, Christine Verbeeck a récupéré une partie de la surface, pour y aménager un WC, un vestiaire et un débarras. Troisième étape: agrandir la cuisine, pour l’adapter aux besoins actuels.  » Un WC s’y trouvait, juste à côté de la porte donnant sur le jardin, commente la décoratrice. En le supprimant, nous avons gagné quelques mètres carrés. L’autre problème était posé par la descente vers la cave. Il était impossible de déplacer l’escalier. J’ai décidé de remplacer la cloison opaque par une cloison en verre. Cette solution agrandit vraiment l’espace. « 

L’emplacement de plusieurs portes a été modifié pour rendre la circulation plus claire et plus fluide. Certaines portes en bois, d’époque, ont été remplacées par des portes très fines, inspirées de l’architecture industrielle et réalisées sur mesure par un artisan. Les chambranles ont été supprimés.  » J’aime beaucoup le style ancien, parsemé d’objets de charme, confie Christine Verbeeck. Mais j’estime qu’il faut sans cesse l’actualiser, en y rajoutant des éléments contemporains. L’absence de chambranles, par exemple, constitue un détail très actuel. Dans le hall d’entrée, les trois portes qui mènent vers le WC, le vestiaire et le débarras sont également dépourvues de chambranles. La surface du mur est lisse, plane, d’un aspect très contemporain. Des tentures à carreaux accompagnant un mobilier classique, des bergères houssées et non recouvertes de tissus, sont d’autres exemples rajeunissants. « .

Pour aménager cet espace aux belles proportions, Christine Verbeeck a déployé des trésors d’imagination et de patience. La décoration du salon a démarré à partir d’une belle cheminée du XVIIIe siècle en bois. Elle a été patinée façon faux marbre. Les boiseries peintes en gris proviennent du château de Deulin. Insuffisantes, elles ont dû être complétées par des éléments récents, réalisés avec la complicité d’un menuisier de talent. La même astuce a permis d’obtenir deux encoignures identiques dans la salle à manger. En effet, trouver une paire d’encoignures anciennes et identiques, relève d’un défi impossible. Christine Verbeeck a eu la chance de trouver les parties inférieures. Les parties supérieures ont été réalisées sur mesure.

Les portes transparentes, protégées par un délicat grillage, laissent apercevoir une jolie collection d’assiettes, d’argenterie et de verres. Le mobilier ancien, anglais et français est disposé avec beaucoup de goût et d’harmonie. Les canapés, les fauteuils et les bergères s’habillent de tissus différents, unis, rayés ou à motifs. Cette variété éclectique est tempérée par deux  » fils conducteurs « : tous les murs du rez-de-chaussée sont patinés dans la même couleur, une belle nuance beige-kaki. Les tentures dans toutes les pièces sont doublées de taffetas kaki. Partout, l’atmosphère est la même, feutrée, impalpable, raffinée. Dans la cuisine, tapissée de  » witjes « , des carreaux hollandais typiques, les placards, récents, affichent un look à l’ancienne. S’y détachent, telles deux  » oeuvres d’art « , une cuisinière de nos grand-mères, Lacanche, et le superbe double évier, réalisé d’une pièce dans la pierre bleue.

Au premier niveau qui correspond au demi-étage, le salon familial est aménagé avec le même raffinement que le salon du rez-de-chaussée. On remarque la très belle cheminée du XVIIIe siècle, provenant également du château de Deulin. Une télé, un ordinateur et une profusion de livres indiquent sa vocation dédiée aux loisirs. Dans la chambre, très grande, Christine Verbeeck a ingénieusement intégré un dressing. Relégué au fond de la chambre, il sert de mur d’appui au lit et casse agréablement l’espace. Il est réalisé en bois de châtaigner, traité à la paraffine, de façon à préserver sa teinte claire. Une fois de plus, des coloris en demi-teintes, des matières de grande qualité confèrent à cet espace empreint d’une grande simplicité, un raffinement extrême.

Le jardin, très contemporain, offre une grande facilité d’entretien. Des massifs de buis, d’hortensias et de lilas jouent à la géométrie variable. Plus au fond, un platane taillé à plat évoque un grand parasol et protège efficacement de la curiosité des voisins.

Dans cette maison secrète et attachante, pleine de charme et de confort, le temps s’écoule comme nulle part ailleurs …

Barbara Witkowska Photos : Yasmine Van Heuvel

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