En pleine campagne, le paysagiste belge Erik Dhont a imaginé un jardin minimaliste qui se fond dans les prairies environnantes. Découverte d’un vaste site naturel tout empreint de poésie.

A l’extrémité d’un petit chemin de campagne se profile une longue maison blanche accrochée à flanc de colline. Une construction qui évoque immanquablement les anciens bâtiments de ferme transformés en résidences secondaires. Tout autour s’étend un vaste jardin d’une quarantaine d’ares. Si le propriétaire ne l’avait pas entouré de clôtures en barbelé, il se confondrait sans doute avec les prairies qui semblent s’envoler pour épouser les lignes de l’horizon.

Pourtant, ce jardin est aménagé et il est l’oeuvre du paysagiste belge Erik Dhont, considéré comme la figure de proue de la nouvelle génération de créateurs de jardins.  » Le propriétaire possède cette demeure, utilisée comme résidence secondaire, depuis plus de trente ans, confie-t-il. Cet homme qui exerce une activité essentiellement intellectuelle vient ici pour se ressourcer, pour méditer. J’ai immédiatement compris qu’il fallait intervenir de manière minimaliste, presque zen. « 

Le maître des lieux est un être d’exception. Agé de plus de 70 ans, il effectue lui-même toutes les tâches d’entretien. Un travail rendu plus ardu encore par la très forte déclivité de la parcelle. Le jardin compte trois espaces : un potager, un jardin de fleurs et un verger de petits fruits. Tout cela sans oublier le rucher.

 » Les discussions préliminaires ont dépassé le simple choix des plantes, celles que l’on aime ou que l’on n’aime pas, poursuit Erik Dhont. Car mon client est attaché à la symbolique des choses. Il m’a, par exemple, longuement parlé des fables de La Fontaine ou de l’oeuvre de Maurice Maeterlinck…  » En marchant dans l’herbe, on foule aussi de grands trapèzes en pierre bleue enfoncés dans le sol et orientés selon des axes variables. Ils traduisent tout simplement l’imaginaire du propriétaire.

 » En fait, le jardin ne possède pas de véritable entrée, précise Erik Dhont. Il entoure simplement la maison. Les vieux arbres fruitiers ont été maintenus et respectés. D’autres espèces – comme un néflier ou un cognassier – ont été plantées pour leur beauté et parce qu’elles permettent aux abeilles de se nourrir. Une large haie basse, composée de diverses essences indigènes, monte en louvoyant le flanc de coteau escarpé, comme une main courante qui faciliterait son ascension.

Le propriétaire assure lui-même les plantations des annuelles et des vivaces. Il en va de même pour les petits carrés de potager où les légumes feuilles dominent parce qu’ils présentent une grande richesse graphique.  » Ce lieu est tellement empreint de poésie qu’il fallait donner le sentiment qu’on ne l’avait pas aménagé et que tout ce qui s’y trouve pousse naturellement. J’ai donc opté pour un dessin et des éléments qui permettent de créer très rapidement un jardin abouti. En fait, ce jardin n’a que 3 ans… « , confie Erik Dhont.

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Texte et photos: Jean-Pierre Gabriel

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