Mannequin, puis écrivain, elle s’est lancée dans le cinéma. Monter un premier film, quel défi ! Géraldine Maillet raconte cette aventure dans un roman qui unit la fiction à la vie. Rencontre.

Quel était votre rêve d’enfant ?

Réaliser un film, afin de m’évader. Je me revois regardant les Césars avec mon grand-père, en me demandant comment entrer dans ce milieu. Faire de la fiction me semblait mieux que la vraie vie. Quelle que soit l’expression artistique, l’important est ma vision du monde.

Et votre rêve d’adulte ?

Réaliser un second film. Faire le premier a été si exaltant. Tu danses ? est un road-movie urbain avec Julie Gayet et Raphaël Personnaz ( NDLR : sortie prévue en 2012). Alors que l’écriture est solitaire, le cinéma est une aventure humaine formidable.

 » L’important c’est le désir des autres « , vrai ou faux ?

Quand j’étais mannequin, c’était déstabilisant. On vous sublime, puis la mode passe. C’est dur de se reconstruire en tant que femme… Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Étant réalisatrice, c’est à moi d’être séduite par les acteurs. Comment font Sofia Coppola ou Tarantino ?

Justement, que diriez-vous à Tarantino ?

Qu’il m’a beaucoup inspirée par son côté disjoncté, jusqu’au-boutiste et boulimique de cinéma. Sur la couverture du roman (*), je me prends pour Uma Thurman dans Pulp Fiction. C’est un clin d’£il, un jeu de miroir.

Qu’est-ce que la beauté ?

Le naturel. Ma grand-mère de 80 printemps sourit de toutes ses rides. Julie Gayet, ma muse, n’est pas une beauté plastique ou cosmétique, mais mieux vaut être en phase avec soi-même que d’être botoxée et liftée.

Premier film vu ?

E.T. à 6 ans, avec ma maman. J’ai pleuré comme une madeleine.

Le film qui vous fait toujours pleurer ?

Frances avec Jessica Lange. Il retrace le parcours d’une actrice devenue folle. Ce métier difficile touche à la passion, la folie, l’obsession et le temps qui passe.

Le film qui vous fait rire ?

Le genre 40 ans, toujours puceau pour hooligans alcoolos (rires). C’est mon côté garçon manqué qui fait appel à ce qu’il y a de plus vil et de plus vulgaire.

 » Les films ressemblent-ils à la vie ?  » Votre réponse ?

Comme les montagnes russes, ils en sont proches dans ce qu’elle a de plus beau et de plus cruel. J’écris pour répondre à la mort par la vie. N’ayant pas le courage de basculer, je touche à ça de la plume ou de la caméra.

L’écriture, une drogue dure ?

Il n’y a rien de mieux pour être ailleurs. Je suis tellement mal avec moi-même, que j’ai besoin de m’inventer une autre vie.

(*) Il ferait quoi Tarantino à ma place ?, par Géraldine Maillet, Flammarion, 236 pages.

KERENN ELKAÏM

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