Indémodable, la déco venue du Maghreb ou du Proche-Orient reste une valeur sûre, prisée pour sa richesse, sa chaleur et le savoir-faire de ses artisans. Focus sur des créateurs qui la réinterprètent de façon contemporaine, dans un esprit mix & match.

Certains signes ne trompent pas. Alors qu’ils tentent de conquérir le marché belge avec leur division Home, deux poids lourds de la grande distribution proposent des collections fortement inspirées par le Pays du couchant lointain. Selon Primark Home, découvrir sa collection SS16 (pour Spring/Summer ou Summer Spices,  » épices d’été « ) revient  » à pénétrer dans l’enceinte d’un souk « , tandis que H&M promet d’insuffler une  » bohemian vibe  » aux intérieurs avec ses coussins, tapis, vases et lanternes aux motifs géométriques rappelant l’artisanat marocain. Outre ces empires textiles, d’autres marques aussi populaires que Fatboy s’y mettent aussi. On avait pu le constater avec les poufs Baboesjka ou Pfffh, et l’exploration du thème se poursuit avec la lanterne Lampie-on – mais à la différence des labels précités, qui misent sur le mimétisme, le roi du hamac part de l’esthétique orientale pour réinterpréter de façon moderne ses créations ludico-pratiques. Et c’est ce mélange de genres que nous avons eu envie de creuser.

Car, les modes vont et viennent, bien sûr, mais l’exotisme raffiné du monde arabe reste encore et toujours d’actualité, même si la tendance a connu son lot d’évolutions. Charles Kaisin nous décrypte le phénomène. L’an dernier, le Bruxellois s’était illustré avec l’aménagement de l’hôtel Almaha, somptueux riad à Marrakech, où il célébra le mariage réussi de l’authenticité du cru et de sa propre syntaxe contemporaine, notamment par le biais de ses fameux pixels – il en fallut 27 000 pour représenter la place Jemaa el-Fna dans un des salons. D’après lui, cette esthétique singulière, venue d’Orient, repose sur quatre points :  » La répétition d’un élément ou d’un motif, l’exploration de la géométrie – comme dans les moucharabiehs -, la présence d’une trace humaine dans la réalisation et enfin, une palette de couleurs distincte – l’ocre, le rouge brique, les tons sable ou le blanc immaculé… Pour cet hôtel, je suis parti de la géométrie, ma formation d’architecte m’ayant fortement influencé. Ce rapport entre la tradition et le regard du designer me plaît beaucoup, il génère des trajectoires, des relations étonnantes.  »

Quels sont toutefois les secrets d’un mélange réussi ?  » S’il s’agit de réinterpréter, on peut chercher différentes pistes dans les facettes, les pixels, mais aussi les figures fractales ou s’inspirer d’autres processus créatifs, jouer sur les répétitions, l’imbrication de formes complexes, etc., suggère le Belge. Il y a énormément de moyens d’approcher les codes du design pour décliner le style voulu. A part ça, pour donner cette touche à un intérieur sans verser dans le total look, la première démarche, assez simple, serait par exemple de choisir un tissu à motif pour complètement changer l’aspect d’un canapé. Ensuite, il y a de belles gammes de peintures mates qui, en quelques coups de pinceaux, peuvent donner à un mur un tout autre esprit…  »

Bon nombre de concepteurs reprennent par ailleurs à leur compte des éléments – luminaires, mobilier ou accessoires -, susceptibles d’évoquer les charmes dépaysants de ces contrées méridionales -ferronnerie, métal ciselé ou martelé, jeux de lumière, illusions d’optique, mosaïques et faïences, textiles chatoyants… Ce ne sont pas les options qui manquent pour composer une variante 3.0 de cet art de vivre à l’orientale, convivial et confortable comme un coussin en sabra.

PAR MATHIEU NGUYEN

 » LA MAGIE DE L’ORIENT NOUS INTRIGUE, ET NOTRE MODERNITÉ LES INTÉRESSE.  »

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