Quand la Belle Province revêt son manteau de neige, le charme opère instantanément. Qui peut prétendre rester de glace face à cette nature généreuse et admirablement préservée ainsi qu’à ses villages authentiques ?

Gilles Quintin, la toque en fourrure vissée sur la tête, ajuste sa foreuse sur l’épaule, attrape son attirail de pêche et, d’un pas assuré, s’engage sur le lac gelé. L’homme trapu scrute la surface, repère d’emblée l’endroit propice et creuse aussitôt cinq trous dans la glace. C’est que la  » pêche blanche « , ça le connaît. Il est né ici, de père et grand-père trappeurs au milieu d’immenses forêts canadiennes.

Il dispose habilement ses lignes. La veille, la météo annonçait – 28 °C, la journée la plus froide depuis le début de l’hiver. Renforcée par l’effet du vent, la température flirte avec les – 35 °C. Le ciel est d’un bleu azur, l’air cristallin, le soleil au zénith. Une heure s’écoule et toujours rien pour le pêcheur.  » Les p’tites canailles sont engourdies, ‘fait bien trop froid pour que ça morde « , constata Gilles avec son accent des plus savoureux. Il décide alors de rentrer. Direction le chalet où le poêle à bois fonctionne à plein rendement dégageant une  » chaleur  » qui ne monte pas plus haut que 5 degrés…

L’homme, habituellement solitaire, s’emballe alors et se plaît à décrire, avec verve et moult gestes, le concept des pourvoiries au Canada. Sa passion est communicative. Il nous apprend ainsi que les pourvoiries sont d’immenses étendues de forêt parsemées de lacs, grands ou petits, allouées à quelques personnes et pour un temps défini. La mission de Gilles Quintin consiste à préserver la nature, tant la flore que la faune du territoire qui lui est alloué.

Chaque jour, il veille ainsi à réguler le plus harmonieusement possible l’ensemble de cet écosystème. Cette tâche remplie, il peut alors gérer des chalets pour accueillir chasseurs, pêcheurs ou vacanciers et y proposer diverses activités en parfaite adéquation avec l’environnement dont il a la charge.

Dans la région de Charlevoix (située à l’est de Québec) existe 17 pourvoiries de cette sorte. Dans son domaine,  » Le Pic Boic « , Gilles Quintin a pris le parti de proposer des chalets rustiques au confort pour le moins  » authentique « . En hiver, point d’électricité. Lampes au gaz et bougies sont gracieusement fournies. L’eau courante n’existe pas et il faut se rendre au lac, où, à volonté, on peut puiser l’eau nécessaire à sa toilette. Nul n’est besoin de décrire le plaisir que connaîtront ceux qui désirent un confort plus cossu en ces durs frimas hivernaux en franchissant la porte de l' » Auberge du Ravage « , de la pourvoirie du lac Moreau. Une version  » haut de gamme  » du chalet en bois typiquement québécois qui propose par ailleurs une table gastronomique des plus alléchantes. Deux formules, deux approches mais une même ambition : celle de faire partager la beauté d’une nature grandiose et toujours intacte.

Décor époustouflant

A peine la porte de  » La Miscoutine  » poussée, une volée de décibels s’échappe dans la froide nuit étoilée. Un jazz-band local chauffe l’assistance, visiblement ravie. Dans cette ancienne grange tout en rondins de bois, Philippe et Chantal, deux Bretons  » tombés en amour  » de la région, se sont lancé un défi il y a de cela onze ans : offrir un accueil chaleureux et donner une âme à cette bâtisse centenaire tout en proposant de multiples activités et divertissements. Pari pour le moins réussi.

A 9 heures du matin, les premiers moteurs vrombissent. C’est d’ici que partira le raid en motoneige pour toute une journée à travers le splendide Parc des Hautes-Gorges. A l’aide d’une balayette, Philippe enlève la neige tombée sur les engins au cours de la nuit.

Quelques tests sur une courte distance suffisent à démontrer que de telles machines, conduites avec prudence, sont d’une grande maniabilité. Des circuits sont étonnamment bien balisés : directions, signaux de circulation prioritaire et… limitations de vitesse. C’est que, une fois la motoneige maîtrisée, il est grisant de se  » lâcher un peu « . Une expérience en tout cas extraordinaire. Parcourir les forêts et sentiers, longer les lacs gelés et enneigés, pouvoir découvrir les immenses étendues de cette nature préservée est absolument merveilleux. Amusant aussi d’y accéder en traîneaux à chiens.

Le lendemain, donc, arrivée matinale au  » Chenil du sportif « . Café ou pas, les chiens sauront vous réveiller. Ces derniers, survoltés, déchirent le silence de leurs aboiements stridents. Dans un brouhaha indescriptible, Daniel, le maître de cette meute en folie, explique les rudiments de la conduite du traîneau. D’un coup, excédé, il se retourne et hurle (le mot est faible) à ses chiens quelques injonctions qui relèvent plus du borborygme que du vocabulaire étayé. Mais voilà qu’à nouveau, la meute vous convie prestement à partir. Daniel abandonne… :  » Après tout, vous verrez bien. C’est très facile.  » Disposés par six à chaque attelage – à la tête, le pointeur et le meneur, ensuite les moins futés, plus aptes à tirer – les chiens n’attendent qu’une chose : le signal du départ. Une fois de plus, la magie opère. Sur une neige délicatement ouatée, les chiens s’élancent alors, heureux de nous emmener pour une nouvelle ballade inoubliable dans le même magnifique Parc des Hautes-Gorges.

 » Le Massif  » : ski avec vue panoramique

Au pays du froid, nul doute que les adeptes de la glisse y trouvent leur bonheur.  » Veux-tu connaître une station de ski formidable ? Va donc au Massif de Petite-Rivière-Saint-François. Quand tu arrives en haut des pistes, tu es pétrifié tellement c’est beau « , lance, tout excité, Jean, ancien moniteur de ski. Et de fait, une fois là-haut, c’est l’émerveillement. Surtout le panorama sur le fleuve Saint-Laurent gelé. La vue porte loin. Majestueux, figé, le fleuve donne une dimension extraordinaire à cette jolie station dotée de 20 pistes. Accessible à tous, entre amis ou en famille, elle offre de nombreux avantages. Située à deux pas du ravissant village de Baie-Saint-Paul, la station n’est qu’à 100 km de Québec.

L’hiver, ce ne sont pas les activités qui manquent. Très en vogue pour le moment, l’escalade sur glace attire les émules de sensations extrêmes ainsi que les novices en la matière désireux de tenter l’expérience. S’il existe de nombreux endroits à Charlevoix pour pratiquer ce sport grisant et inattendu, tentez l’aventure au pied des chutes d’eau (gelées) de Montmorency à Québec..  » C’est trop le fun. « 

Reportage : Hervé Diard/Planet Pictures

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