Au sud de la Nouvelle-Zélande, Queenstown a bâti sa réputation sur la pratique des sports extrêmes.  » Bugy jumping « , jet boat, rafting et autres activités extérieures sont ici au programme. Ame sensible s’abstenir.

Son guide Lonely Planet en main, une jeune Malaisienne frissonne anticipativement.  » Ce matin, je vais tenter le bugy jumping. Cela doit être terrible de se jeter ainsi dans le vide !  » affirme-t-elle, mi-paniquée, mi-curieuse. Au Thomas’s Hostel, un lieu qui donne directement sur la baie de Queenstown, les jeunes touristes en provenances d’Asie, des Etats-Unis ou d’Australie sont nombreux à s’y presser. La moyenne d’âge tourne autour des 20 ans, et tous viennent découvrir cette ville considérée comme la capitale mondiale des sports de l’extrême. Jet boat, bugy jumping ou rafting font partie des activités qui garantissent de belles sensations. Victime de leur succès, les entreprises de jet boat se partagent des tronçons de la rivière Shotover. Boostés par des moteurs hyperpuissants, les pilotes remontent la rivière en longeant les parois des falaises à des vitesses qui peuvent atteindre les 120 km/heure ! Frissons garantis ! Pour le saut à l’élastique, le fameux  » bugy jumping « , les gorges de la rivière Kawarau offrent un spot tout aussi spectaculaire. Inventé par le Néo-Zélandais A.J. Hackett en 1986, ce  » sport  » connaît toujours ici un succès phénoménal. C’est du pont Karawau, haut de 43 mètres que fut tentée la première expérience. Ce sport s’inspirait du saut du Gaul, une tradition de l’île de Pentecôte dans l’archipel du Vanuatu.

Au moment de la maturité des ignames, vers les mois d’avril à mai, période où les lianes garantissent un maximum de solidité, les jeunes hommes n’hésitaient pas à s’élancer dans le vide la tête la première. Celle-ci doit obligatoirement toucher le sol ; un sol retourné et très ameubli pour la circonstance. Ce rituel est censé assurer de bonnes récoltes, mais les participants le font aussi en mémoire de Tamalie, un époux victime de la ruse de sa femme. Celle-ci, ne voulant pas consommer le mariage, se jeta dans le vide une liane attachée au pied tandis que l’époux malheureux se brisa le cou après l’avoir suivie sans avoir pris la moindre précaution. Loin de ces rituels spectaculaires du Pacifique, le  » bugy jumping  » n’en reste pas moins un saut très impressionnant pour tous ceux qui se jettent ainsi dans le vide, un énorme élastique solidement attaché aux chevilles. Certains candidats touchent l’eau avant de rebondir comme un yo-yo. Après cette prise d’adrénaline, on remet aux courageux les prises de vue ou la vidéo de leur exploit sportif, ainsi qu’un tee-shirt, le tout inclus dans le prix de la prestation.

Bugy jumping mais aussi jet boat, rafting, kayak, canyoning, saut en parachute, parapente, moto cross, VTT, ski alpin, snowboard, pêche, ski nautique, planche à voile, catamarans, randonnées équestres, pédestres ou encore golf font partie des activités pratiquées à Queenstown, ville qui ne vit que pour et par le sport. C’est même ici un véritable art de vivre ; un business qui génère aussi d’énormes profits dus à la diversité des activités proposées, mais également aux nombreux commerces qui vendent tout l’équipement nécessaire pour la pratique des différents sports. Un incroyable pari économique pour les autorités de la ville qui admettent la fragilité du système, mais reconnaissent cependant que les visiteurs sont chaque année au rendez-vous. Les Néo-Zélandais et, le plus souvent, les dirigeants et salariés des boutiques de sports sont généralement des sportifs accomplis. Ceci suscite l’organisation de nombreux événements sportifs en tout genre dans cette région bénéficiant d’un cadre naturel exceptionnel.

Terre d’aventures par excellence, l’extrême sud de la chaîne des montagnes des Remarkables a vu, vers 1850, l’arrivée des premiers  » Pakehas  » (Blancs) dont l’objectif était d’élever des moutons. La découverte de l’or en 1861 entraîna une ruée vers cette région où bien peu finalement firent fortune. Le long de la rivière Shotover et dans la vallée Skippers qui abrite l’ancien village de Macetown, les traces de prospection sont encore nombreuses. Outils et vieux bâtiments témoignent de cette époque fiévreuse où les prospecteurs retournaient la terre à la recherche de la moindre pépite. Aujourd’hui, quelques-uns pratiquent encore cette activité au pied des Remarkables.

Queenstown et ses environs

Sur la rive nord-est de la baie sud du lac Wakatipu, au pied de la chaîne des Remarkables, Queenstown bénéficie d’un cadre exceptionnellement beau et reposant. Pour l’apprécier, il faut monter au sommet du Gondola, ce dôme rocheux de 450 mètres recouvert d’épaisses forêts. En quelques minutes seulement, le téléphérique vous y dépose. Le panorama est à couper le souffle, on y voit tout à la fois Queenstown, le lac Wakatipu, les Remarkables et plus loin on devine les petites villes d’Arrowtown et Macetown. Lorsque les vents de l’Antarctique Sud ne soufflent pas le mauvais temps, il est des plus agréables de venir se désaltérer à l’une des terrasses offrant cette vue imprenable. La descente peut se faire en parapente en duo avec un guide qui vous fait atterrir en douceur sur une pelouse grasse et verte. A l’arrivée, il ne reste plus qu’à rejoindre paisiblement le centre-ville de Queenstown à seulement quelques minutes à pied !

Si les habitations ont été construites sur les premiers contreforts dominant la baie, le centre-ville en revanche s’est développé autour de la baie de Queenstown. Le centre débute à Marine Parade et comprend quelques rues comme The Mall, Beach Street, Camp Street, Shotover Street. En bordure du lac Wakatipu, l’agréable promenade est le point de rencontre des habitants de Queenstown. Les habitués de Marine Parade viennent prendre le soleil sur la petite plage de galets qui clôt la baie de Queenstown. Beach Street suit la rive droite du lac et se prolonge tout naturellement par Glenorchy Road, du nom de cette localité située à 47 kilomètres de Queenstown.

En suivant les vallées situées au nord de Glenorchy s’ouvre le Parc national du Mont Aspiring. Ce dernier a une superficie de 3 500 km2 et est inscrit depuis 1990 au Patrimoine mondial de l’Unesco. A ses sommets couverts de neige et ses glaciers succèdent des vallées boisées spectaculaires et des rivières pittoresques. Au départ de Queenstown, l’on peut se rendre à la célèbre ferme Walter Peak. Celle-ci abrite plusieurs attractions touristiques dont un élevage de moutons. Ayant appartenue à la famille Mackenzie qui y travailla durant quatre-vingts ans, l’exploitation renferme un bel éventail d’animaux qui ont contribué à la renommée du pays. Ici, tout est fait pour que les voyageurs puissent apprécier la tranquillité du lieu. Les plus sportifs peuvent poursuivre leur exploration en prenant part à des randonnées équestres. Le retour peut s’effectuer en empruntant l’Earnslaw, un bateau à vapeur qui servait jadis au transport des passagers effectuant le trajet entre Queenstown, Walter Peak Station et plus loin Glenorchy. Le bateau transportait du bétail, mais aussi le courrier et tous les produits nécessaires aux habitants des hautes terres. Aujourd’hui, plusieurs voyages quotidiens sont organisés. C’est le seul navire de cette envergure en service sur le lac Wakatipu, qui au retour de l’excursion effectue une majestueuse man£uvre dans la baie de Queenstown : avant de jeter l’ancre, il accomplit un demi-tour face à Marine Parade, ce paisible quai où certains soirs retentit le son des cornemuses, rappelant les lointaines racines écossaises de certains Néo-Zélandais.

Texte et photos : François-Xavier Béchard

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