» Dieu est l’artiste. Et Rio, son chef-d’oeuvre « , affirment les Brésiliens. En plein coeur de la nature, la ville carioca sera bientôt sous les feux de l’actualité avec le Mondial de foot 2014 et les JO 2016. De quoi savourer en avant-première une ville bourrée d’énergie positive.

— 1– LE RIO MYTHIQUE

Dans le clair-obscur de ce début de soirée, la porte de notre terrasse s’ouvre sur l’une des plus belles plages de la planète : celle de Copacabana. S’étendant sur 4,5 km de Leme à l’Arpoador, elle est baptisée la Princesinha do Mar (la petite princesse des mers). Un surnom amplement mérité, tant ce paysage mythique est tout simplement sublime. Les vagues y viennent doucement lécher le rivage tandis que les derniers surfeurs sortent de l’eau, corps musclés et bronzés. Plus loin, les pêcheurs préparent leurs embarcations pour le soir. Sur les terrasses qui bordent l’Avenida Atlantica, les touristes boivent lentement leur caïpirinha. Envie de prendre de la hauteur et mieux appréhender la configuration de Rio et ses différents centres d’intérêts ? Il faut alors se rendre en face de la plage où se trouve le fameux Mont du Pain de Sucre (Pão de Açúcar en portugais), un pic situé dans la ville même et culminant à 396 mètres d’altitude, accessible uniquement par un téléphérique. De là, s’offre une vue époustouflante sur la mégalopole contrastée, mue par un certain chaos urbain et une architecture hétéroclite. Ce n’est guère son esthétique architectural que l’on retient, mais assurément son énergie, son envie d’aller de l’avant, son exubérance, sa sensualité. La ville est une bombe de teintes, un melting-pot de racines portugaises, indiennes et afro, qui accouchent d’une beauté troublante. La nature qui s’immisce jusque dans le bâti (avec ses 3 200 hectares, le quartier nord de la ville de Tijuca est la plus grande forêt urbaine au monde) y contribue sans doute. Sans oublier les plages de sable blond qui pénètrent elles aussi au coeur de la cité, invitant les cariocas (les habitants de Rio) à adopter un rythme particulier.

— 2– LE RIO QUI BOUGE

Rio fut découverte le 1er janvier 1502 par l’un des capitaines de la flotte de l’explorateur portugais Pedro Alvares Cabral qui, la prenant pour l’embouchure d’un fleuve, la surnomma Rio de Janeiro (Rivière de janvier). Le Centro, le centre historique, conserve plusieurs traces d’anciennes demeures coloniales, dont une pâtisserie aux dorures et verroteries anciennes (le Colombo), qui racontent un Rio suranné. Les tours du quartier d’affaires y côtoient des ruelles remplies d’échoppes artisanales, des églises de style colonial d’inspiration portugaise ou moderniste, comme l’imposante cathédrale Saint-Sébastien, évocatrice des pyramides précolombiennes. Longtemps délaissé, le Centro est peut-être proche d’un nouvel essor. Un palace y verra le jour d’ici les Jeux olympiques et des galeries d’art contemporain comme le Largo das Artes ont sans cesse des choses à montrer. Non loin de là, la zone portuaire subit un lifting radical, avec des projets signés par de grands architectes, comme la construction d’un musée scientifique imaginé par l’Espagnol Santiago Calatrava. Construit sur une jetée artificielle (Pier Mauá), le programme de 15 000 m² sera implanté au milieu d’un parc arboré de 30 000 m² avec bassins, pistes cyclables et aire de loisirs. De grands travaux entrepris par la mairie en vue de la modernisation de la ville pour le Mondial de foot et les JO.

— 3 — LE RIO HYPE

Pour goûter à la hype attitude carioca, deux quartiers sont incontournables : Ipanema et Leblon. Dans leur boutique en vogue, Nag Nag, Carol Buffara et sa cousine Tatiana proposent une belle sélection de marques nationales comme Adriana Degreas, Barbara Bela, Filhas de Gaia, John John Denim, Super Suite 77 ou encore Martha Medeiros. Ici, l’essayage se fait une coupe de champagne à la main… C’est également à Ipanema que l’on peut admirer les créations de plusieurs grands designers nationaux. Ou s’acheter un sac Osklen, une griffe de luxe durable qui propose notamment des objets de maroquinerie fabriqués en peau de piracuru (ce poisson également appelé païche est le plus gros poisson d’eau douce d’Amérique du Sud et l’un des plus grands du monde). La gastronomie brésilienne contemporaine s’inspire, elle aussi, des fabuleux produits qu’offre la région amazonienne. Le chef français du Pré Catelan, Roland Villard, a ainsi concocté un menu gastronomique qui a remporté plusieurs prix, dont celui du meilleur chef en ville. Le piracuru en croûte de caju et son consommé de tucupi et jambu (des racines et herbes du cru), et la purée de pommes de terre baroa fumée, laissent des souvenirs impérissables.

Mais depuis quelque temps, le quartier Leblon semble voler la vedette à Ipanema ! Son grand atout : on peut tout y faire à pieds et il comprend, lui aussi, plusieurs adresses chic. Une journée parfaite commencerait par un saut dans l’océan, sur l’une de ses plages dorées. On pourrait ensuite y prendre un petit-déjeuner au café Talho Capixaba ou luncher chez Celeiro, où la soupe d’igname au pesto et à la roquette rivalise avec les crevettes au lait de coco et citron, une variante allégée du national Moqueca de camarão. A moins de lui préférer Zuka et son atmosphère de loft contemporain, repère des foodistas, où l’on déguste un kefta de Picanha (viande brésilienne) au caramel de poivre blanc ou un thon semi-cru et ses tagliatelles de coeurs de palmier infusées au raifort.

Pour s’abriter de la chaleur et parce que c’est un lieu fort prisé des Cariocas, on filerait ensuite au jardin botanique. Ce dernier accueille le meilleur resto japonais de Rio, Yumê (qui signifie rêve). A moins que l’on se donne rendez-vous pour l’apéro au bar Astor, où les canapés maisons se dégustent avec une cachaça Nega Fulô Ipê, un cocktail original dans lequel l’alcool national est agrémenté de jus de citron, fruits rouges, avocats, maracujas, caramboles ou menthe… Explosif !

La soirée se poursuivrait en beauté au très VIP Baretto Londra Bar, dessiné par Starck et désigné comme le meilleur bar d’hôtel au monde par le magazine Wallpaper en 2011 !

— 4 — LE RIO ARTY

Situé non loin des favelas, Santa Teresa a jadis pâti d’une mauvaise réputation. Ce quartier à l’atmosphère bohême était pourtant prisé de la bourgeoisie au XIXe siècle, comme en attestent ses anciennes façades coloniales. Aujourd’hui, il est en passe de devenir un petit Soho, chéri des artistes, qui n’hésitent pas à reconfigurer les façades et autres lieux publics avec leur palette colorée et une créativité très street art. L’Escadaria Selaron, oeuvre d’un artiste chilien, et sa multitude de carreaux de faïence rouges, bleues et jaunes, en est l’exemple parfait. Le petit tram jaune qui parcourt les ruelles pentues n’est pas sans rappeler Porto. Rio aime les contrastes, brouiller les pistes, ne pas se cantonner dans un style unique. Ses designers le prouvent tous les jours. Tout comme certains architectes, à l’instar du regretté Oscar Niemeyer, façonneur du MAC de Niteroi, situé à quelques encablures de Rio. Une sorte de navette spatiale de béton, posée sur un promontoire, face à la mer. Comme pour ses autres oeuvres, l’auteur a imaginé un bâtiment tout en courbes, rappelant les cours sinueux des fleuves… et les femmes du pays. Des cours de tai-chi s’y donnent gratuitement le dimanche dans le patio, raison de plus pour y faire un saut. Comme beaucoup d’initiatives au Brésil, les associations fonctionnent bien. Une certaine forme de générosité et la mise en commun vont plus naturellement de soi qu’en Europe. D’où la pléthore d’entreprises et de projets qui fonctionnent sur un mode associatif. Sans doute l’un des autres secrets qui font le charme de Rio…

PAR SANDRA EVRARD

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