Saint-Rémy, une petite ville au cour de la Provence où art de vivre rime avec élégance et simplicité. Où l’on conjugue raffinement avec culture et traditions. Où la sérénité des vieilles pierres donne à cette virée printanière un parfum de joyeuse plénitude.

Les rayons du soleil frappent le sol, rebondissent et balaient avec ardeur les façades aux volets clos. Derrière les anciennes portes arquées, on se promène mollement au gré des ruelles pavées, en quête d’ombre. Un frémissement d’animation berce cependant le boulevard qui ceint la vieille cité, où des familles sont attablées en terrasse à l’ombre de platanes centenaires. Nichée au c£ur des Alpilles, aux abords de la Camargue, Saint-Rémy-de-Provence somnole en ce début d’après-midi. Tout à l’heure, les boutiques et échoppes lèveront leurs rideaux de fer, prêtes à accueillir les nuées de visiteurs qui sillonnent chaque année la belle Provençale, fierté de ses 10 000 habitants. Car les Saint-Rémois adorent leur ville et n’hésitent pas à en ouvrir les arcanes pour peu que l’on prenne le temps de s’y attarder. De ce côté-ci des Alpilles, on est très loin des clichés du méridional extraverti qui force l’accent et fait de l’esbroufe avec maintes envolées pagnolesques. Le tempo est plus mesuré et l’abord plus authentique et chaleureux.  » Cette ville doit bien avoir quelque chose de singulier pour attirer autant de célébrités et de touristes du monde entier « , confie Christian, dont la famille est saint-rémoise depuis plusieurs générations. Eh bien oui, elle en a des atouts, la ville natale de Nostradamus ! Et si l’auteur des  » Centuries  » avait bien prédit quelques événements, il n’avait pas du tout imaginé que sa ville deviendrait aussi renommée. Il est vrai que bien au-delà de nos frontières, elle fait toujours rêver et illustre à elle seule toute la Provence avec ses oliviers, ses cyprès et la sérénité des vieilles pierres sèches qui façonnent les villages alentour.

Ses atouts ? Sa situation géographique pour commencer, à proximité d’Avignon et de sa gare TGV ultradesign. Mais aussi d’Arles et à guère plus de trente minutes de la Méditerranée pour qui aurait envie de baignade salée. Côté culturel, Saint-Rémy n’est pas en reste et il y a de quoi remplir de belles journées entre la découverte de ses musées, de ses cloîtres et du site antique de Glanum, un des plus beaux villages gallo-romains du sud de la France. La ville organise aussi de nombreux concerts et expositions d’art, boutant hors des murs les voitures qui sont alors remplacées par les chevalets et palettes de peintres locaux.

Sise aux portes de la Camargue, elle s’adonne joyeusement à la feria avec cavalcades de taureaux et défilés de gardians à cheval, vêtus du traditionnel costume camarguais. Ville d’art donc est certainement une définition qui lui sied bien. En tout cas, ses habitants la revendiquent et vous rappellent que le grand Vincent (Van Gogh, bien sûr…) est venu s’y réfugier après ses déboires arlésiens et y a peint quelques-unes de ses toiles les plus célèbres comme  » Les Autoportraits « .  » Beaucoup de touristes, surtout japonais, viennent à Saint-Rémy dans l’espoir de photographier les champs d’iris et de tournesols immortalisés par Van Gogh pendant son séjour au cloître Saint-Paul-de-Mausole. On doit alors leur expliquer qu’ils ne fleurissent pas à la même époque et qu’ils ne pourront pas avoir les deux simultanément, ce qui en déçoit plus d’un !  » raconte en rigolant une ancienne guide saint-rémoise. Si au xixe siècle Saint-Rémy vivait d’activités aujourd’hui disparues û culture de la garance, du chardon, élevage du ver à soie et vente de graines potagères û elle demeure dynamique. Grâce au tourisme, notamment, mais aussi à ses commerces raffinés et restaurants cotés, qui attirent les habitants d’Avignon et d’Arles, deux villes où se rendent tout autant les Saint-Rémois d’ailleurs.

Un art de vivre provenço-chic

La seule vue des boutiques de mode ou de déco et des fabriques de douceurs laisse deviner l’opulence discrète de Saint-Rémy. Rien de tape-à-l’£il ici. Seulement de la qualité et du premier choix. Bien sûr, certains commerçants s’implantent à Saint-Rémy, alléchés par le potentiel d’une clientèle huppée. Mais ces affaires-là ne passent pas l’hiver et disparaissent vite de la circulation. Un des événements incontournables est le marché coloré du mercredi matin qui s’enorgueillit d’être le plus beau de Provence. Tissus et drapés magnifiques, étals de produits du terroir introuvables ailleurs : sa réputation n’est plus à faire et, printemps comme été, stars du petit et du grand écran s’y croisent parmi une foule d’anonymes venus des quatre coins de la région. Après le marché, le rituel veut que l’on aille s’installer à la terrasse d’un café autour d’une anisette. Mais voilà ! Les temps ont changé, paraît-il, et les Saint-Rémois ne se remettent pas de la disparition de leur Café des Arts. L’enseigne existe toujours mais elle a changé de mains.  » Ce n’est plus comme avant, il faut l’avouer « , nous dit-on à l’unisson. Et pour la majorité, l’âme de Saint-Rémy s’est un peu envolée avec leur ancien repère.  » Avant, c’était là que tout le monde allait, se mélangeait. Les monsieur-tout-le-monde aussi bien que des personnalités comme Caroline de Monaco, Jean Reno, Christian Clavier ou Michel Drucker (NDLR: ils ont pour point commun une propriété dans les parages de Saint-Rémy…). C’était branché, mais sans façons, plutôt sympa… », regrettent Emilie et Jacques, Saint-Rémois d’adoption.

En attendant de retrouver un lieu aussi fédérateur, on se réunit au Café des Variétés, bien agréable pour observer l’animation. Notamment le ballet des vététistes qui sillonnent les Alpilles et les Septentrionaux prospères dans leur berline climatisée.

Cités pittoresques

Impossible de découvrir Saint-Rémy sans aller à la rencontre de villages pittoresques cachés aux alentours et comptant parmi les plus beaux de Provence. Bien sûr, il faut se promener du côté d’Eygalières qui accueille chaque année le bottin mondain parisien. Un vrai village chic, puisque découvert par une poignée de bienheureux qui y ont retapé leur ravissant  » masse  » ou bastidon, bien avant qu’il ne devienne un spot à la mode. Petit village (mais grande renommée) où l’on flâne dans des ruelles tortueuses avant de manger dans un de ses petits restaurants.

Dans un tout autre registre, Mouriès, première cité oléicole de France, ceinte de 80 000 oliviers, est pleine de charme, et l’on s’y rend pour sa brocante ou pour acheter sa précieuse huile. Ensuite, par une petite route tranquille qui se tord au soleil, escalade paresseusement quelques collines et dégringole dans de petites vallées, on peut admirer la voilure minérale des Alpilles, émaillées de grottes et de crêtes calcaires étincelantes. Quand le mistral  » cale « , comme on dit ici, la vue panoramique qui se déroule sur les plaines de la Crau jusqu’à la Méditerranée est vraiment magique. C’est par de telles journées limpides qu’il faut visiter les Baux-de-Provence ou le moulin d’Alphonse Daudet à Fontvieille. Pour ceux qui voudraient vivre des émotions plus physiques, de nombreuses manades proposent des balades à cheval entre rizières et coteaux provençaux piqués de vieilles vignes. Vous l’aurez compris, Saint-Rémy-de-Provence constitue non seulement une belle destination en soi mais peut être envisagée comme une escale pour un plus long séjour, à partir de laquelle chacun rayonne vers d’autres sites enchanteurs. Et pour ceux et celles qui auraient le coup de foudre pour la région (mais surtout les moyens de cet élan !), des tas d’agences immobilières proposent petits mas ou grandes bastides à acheter… Mais on peut aussi se contenter de rêver devant les photos affichées dans leurs vitrines !

Reportage : Sandrine Gayet

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