sébastien ministru

© photos : sdp

Sa plume curieuse, piquante et raffinée ne lui sert pas seulement à faire son métier premier – celui de journaliste pour Moustique -, mais aussi à rédiger des pièces de théâtre qui font mouche. Aujourd’hui, son encre ajoute la tendresse à son art dans un premier roman, Apprendre à lire, publié chez Grasset.

Il y a quelques années, vous nous confiiez ne jamais vouloir écrire de roman. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Je me souviens, oui. Je vous avais dit que la littérature était pour moi une sorte de territoire sacralisé, et que je n’avais rien à y faire. Mais voilà : j’ai eu la chance d’avoir un déclic, de me dire que personne n’allait me mordre si je me confrontais à l’exercice du roman. Je me suis détendu en faisant un travail sur moi-même.

D’où est venue l’idée de l’intrigue ?

Du matériau familial que j’avais à portée de plume, même si la plupart des personnages et des choses décrites dans le livre relèvent de la pure fiction. L’histoire est celle d’un père qui, un jour, demande à son fils de lui apprendre à lire et à écrire. Dans la réalité, même s’il est illettré, mon père ne m’a jamais demandé cela. Mais en me réveillant un matin, je me suis dit que c’était une bonne idée pour parler de lui, de sa vie et de son trajet…

Quand on écrit sur sa propre famille, est-ce une manière d’exprimer enfin ce que l’on pense tout bas depuis longtemps ?

D’abord, oui, je pense que ce texte était en moi et que j’avais besoin de l’évacuer. Comme pour pouvoir passer à autre chose. A côté de cela, consciemment, je voulais parler de cet homme à qui on avait confisqué sa liberté – parce que savoir écrire, c’est être libre – en lui interdisant d’aller à l’école. Beaucoup de gens ont connu cela, mais ce sont des anonymes qui hélas n’intéressent personne.

En tant que chroniqueur littéraire, y a-t-il un auteur à qui vous rêviez d’être comparé ?

Pas du tout ! Ma seule envie secrète, c’était d’être publié chez Grasset, la maison d’édition de Yann Moix, Virginie Despentes, Frédéric Beigbeder ou Simon Liberati, que j’adore. Et cela s’est fait. Quand je lis des critiques de mon livre, on cite parfois Tom Lanoye – un Belge qui construit ses intrigues autour de sa famille modeste -, ou Jean-Paul Dubois, qui peint des héros antipathiques devenant attachants par leur maladresse. Et je suis fier de ces rapprochements…

Peut-on s’attendre à un deuxième roman ?

Oui, je travaille dessus. Je meurs d’envie de vous en parler, mais ma maison d’édition m’a dit que c’était la dernière chose à faire, pour que personne ne me pique l’idée. Désolé.

Apprendre à lire, par Sébastien Ministru, Grasset, 157 pages.

sébastien ministru

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