Destins brisés, cynisme mêlés à de l’angélisme sont les ingrédients de ce roman dont l’héroïne est une escort-girl perturbée et en détresse de tendresse. Une dualité qui sied bien à l’auteure sachant cultiver avec habilité l’ombre et la lumière de l’amour.

L’écriture, vitale ou abyssale ?

Plutôt quelque chose de spontané qui se régénère. Je m’intéresse à ce qui se passe dans le c£ur, l’£il et l’âme. Comment sont-ils liés ? C’est surtout le décalage qui m’interpelle. Souvent, je me sens anormale…

Si votre plume avait une couleur ?

Elle serait blanche. Quand je la pose sur des choses noires, sa pureté les fait ressortir. On me dit que mes livres sont sombres, or j’y vois de la tendresse et de la gaieté.

L’enfance est-elle fondatrice ?

Oui, mais j’ignore si un écrivain la quitte ou répare ses frustrations, ses peurs et ses exclusions. J’étais une enfant qui avait mal au ventre dans le car scolaire ou qui avait peur d’aller se coucher.

Votre peur actuelle ?

La mort de l’homme que j’aime.

Petite fille, vous étiez…

Hypertimide, rêveuse et polie. On ne m’entendait pas, je faisais l’éponge parmi les grandes personnes.

L’écriture est-elle un refuge ?

Oui, je m’y suis mise à 12 ans, à la mort de mon grand-père. C’était magique de pouvoir garder les gens qui partent, tout en apprivoisant mes peurs. J’aime la volupté de ce moment.

Vous êtes éditée dans une collection mettant en avant des faits divers. Qu’en pensez-vous ?

J’aime m’attarder sur un fait divers, car il représente une mine d’informations. L’usurpation d’identité ou la famille me fascinent. Ici, je suis partie du livre que j’étais en train d’écrire pour l’adapter à un mélange d’infos, trouvées sur internet. Evelyne, mon héroïne, existe, mais mon roman est de l’invention pure.

Comment la décrivez-vous ?

Evelyne ne sait pas ce qu’est l’amour, ou comment aimer. Cette escort-girl n’a pas l’impression de faire du mal avec son corps. Axée vers le merveilleux, elle peut transfigurer les choses les plus sordides et commettre des actes monstrueux en gardant un air d’ange.

Seriez-vous capable de tuer comme elle ?

J’ai du mal à penser que je le pourrais mais la pulsion fait l’occasion.

Si vous étiez une arme ?

Un fusil à pompe, dont j’aime le mouvement.

Un animal ?

Un chien heureux parce que j’adore leurs petites joies quotidiennes. Mon chien, Lulu, est mort cette année. Le roman décrit cet attachement. En moi, j’ai encore cette envie de  » sortir le chien  » (rires).

Quel mot vous définit le mieux ?

Malgré sa sonorité affreuse, je dirais  » la boule « , celle que je forme avec mon homme. Trouver sa moitié existe !

 » Votre amarrage  » ?

L’écriture est mon île, mais je ne pourrais pas vivre sans mon homme, qui conditionne et transforme ce que j’écris.

Les Merveilles, par Claire Castillon, Grasset, 237 pages.

KERENN ELKAÏM

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