Catherine Pleeck

Avec Sex and the City, l’Amérique renouvelle le genre des séries télévisées. Un triomphe planétaire.

Ceci n’est pas une fiction, mais la réalité sur la genèse d’une série télé élevée au rang de phénomène de société. Tout commence lorsque le rédacteur en chef du New York Observer confie à la journaliste Candace Bushnell une nouvelle chronique. Elle doit y conter, avec une bonne dose d’humour, le compte-rendu de ses rendez-vous amoureux et de ceux de ses amies. Des anecdotes savoureuses qui paraissent sous le titre, simple et évocateur, de Sex and the City.

Il n’en faut guère plus pour qu’HBO flaire le bon coup et lance, en 1998, un nouveau feuilleton directement inspiré de ces articles. On y suit les petits et grands tracas de Carrie Bradshaw (mêmes initiales que la journaliste), elle aussi chroniqueuse free-lance et abonnée aux soirées new-yorkaises en vue. Une ressemblance qui n’a rien de fortuit, puisque Candace Bushnell avoue sans rougir que l’héroïne de la série n’est autre que son alter ego… Dans la fiction, cette trentenaire (interprétée par Sarah Jessica Parker) ne sort jamais sans ses talons de douze centimètres. Une célibataire qui s’assume, épanouie et sexy. Elle est le plus souvent flanquée de ses trois acolytes, au caractère bien typé : Charlotte, la galeriste pudibonde, Miranda, avocate cynique et caustique, et Samantha, l’attachée de presse mangeuse d’hommes. Quatre copines qui ont des conversations de nanas (les fringues, les mecs, les sorties, les questionnements existentiels…) et n’hésitent pas à appeler une chatte une chatte.

L’engouement pour le feuilleton est tel qu’ils seront plus de 10,6 millions de téléspectateurs américains à regarder le dernier épisode, en 2008. Un succès qui s’explique de plusieurs façons, selon Sarah Sepulchre, professeur en communication à l’UCL :  » Sex and the City met en scène des femmes qui ne sont pas fleur bleue, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de voir jusqu’alors. Le ton est neuf. Et les questions sexuelles y sont abordées de manière explicite, avec une écriture cinglante et ciselée.  »

Le style de vie qui y est présenté est très urbain et Sex and the City met également en scène un milieu favorisé, qui évolue entre robes de créateur, escarpins griffés, soirées et restaurants trendy…  » En ce sens, la série a popularisé le cosmopolitan, et je ne parle pas seulement ici de la boisson, mais d’un style de vie qui favorise le beau et l’esthétique.  »

Grâce à l’expertise de Patricia Field, styliste attitrée de la série, des marques aussi pointues que Manolo Blahnik et Christian Louboutin connaissent une notoriété sans précédent.  » A l’époque, ces références mode étaient très bien amenées. Elles collaient aux personnages. Cela n’avait rien du product placement que l’on a connu ultérieurement dans d’autres feuilletons ou films.  » Reste à savoir s’il en sera de même pour le prequel The Carrie Diaries, qui revient sur l’adolescence de Carrie Bradshaw et a commencé à être diffusé aux Etats-Unis.

CATHERINE PLEECK

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