Il a fait naître une carrière d’un mélange de mots étrangers et d’images. Façonnant ce qu’il appelle du  » design conceptuel « , Nicolas Destino explore tout, de la mode au seppuku en passant par notre plat pays.

Le goût du beau, l’attachement à une Belgique unie, l’observation minutieuse ; c’est dans la maison familiale, les vendredis d’enfance, que s’ébauchent les traits de caractère de Nicolas Destino.  » Ma grand-mère, qui habitait en Flandre, venait nous rendre visite chaque semaine. Elle avait toujours un journal de déco en flamand, Thuis. A l’époque, je ne comprenais pas du tout ce qui y était écrit mais j’adorais regarder les photos « , se souvient le jeune homme qui arbore la discrétion de ceux pour qui reconnaissance est fruit de persévérance.

Dans un intérieur de bois foncé qui charmait les ménages hainuyers d’alors, le futur designer ajoutait sa touche en classant les livres de sa chambre par ordre de grandeur, laissant présager une obsession minimaliste qui s’est propagée jusque dans les impeccables basiques qui composent aujourd’hui sa garde-robe.  » J’adorais dessiner aussi. Je pense qu’une partie de mon approche vient de ces croquis d’enfance « , explique Nicolas Destino en attrapant un crayon. Sous ses doigts, quelques bâtonnets mis en perspective créent une chaise aux lignes sèches, loin du modèle aux courbes souples imaginé par Verner Panton, qu’il affectionne particulièrement :  » J’ai six chaises Panton dans ma salle à manger. C’est l’un des objets qui m’a le plus marqué, l’une des premières assises entièrement injectées d’une seule pièce en plastique.  »

Les innovations technologiques, Nicolas Destino les guette également, comme avec le coussin du tabouret qu’il a récemment finalisé, composé d’une mousse peinte avec un procédé novateur  » pour éviter d’avoir une housse, des coutures…, commente le designer. J’aime ce qui est simple. Tout est tellement complexe, même les relations avec les gens. En simplifiant l’objet, j’ai l’impression d’aider quelque part à rendre les choses plus fluides.  »

Les images de magazines qui firent naître la vocation, Nicolas Destino choisit de les lâcher au moment de s’approprier cette simplicité, pour éviter que  » la créativité soit conditionnée par les barrières qu’on se met en étant trop dans la tendance « . C’est dans l’adjonction d’un univers à ses oeuvres que le designer a puisé sa marque de fabrique :  » Il m’a fallu dix ans pour comprendre ma manière de travailler car je faisais ça naturellement, mais j’ai finalement trouvé un terme : le design conceptuel. C’est un mot qui rajoute quelque chose et me correspond bien car j’ai toujours envie d’enrichir un thème, une inspiration…  »

Aujourd’hui, il travaille sur l’univers de la mode en s’appropriant les codes de trois poids lourds : Christian Louboutin, Jean Paul Gaultier, Louis Vuitton. Hier, il s’attaquait au monde médical, de pouf  » gélule  » en horloge tensiomètre, mais aussi au suicide entre table kamikaze et lampe seppuku. Quant aux touches jaunes et rouges qui complètent le noir omniprésent dans ses pièces, elles révèlent la série que le créateur a consacrée à la Belgique et qu’il a nommée Union, comme une requête adressée en temps de crise.

Tous ses fabricants sont implantés sur le territoire.  » Ce pays a toutes les ressources, ça a toujours été une évidence pour moi « , souligne le créateur qui n’a jamais eu envie de vivre ailleurs que dans son Hainaut natal.

Depuis ce petit périmètre de confort, il explore un univers auquel il ne semble pas fixer de limites : conception de trophées, gestion de bar mobile, design de plateau télé (pour la tournaisienne Notélé), collaboration autour d’un bijou, développement de séries destinées aux boutiques… tout est prétexte à aller au bout de ses  » concepts « .

www.nicolasdestino.be

PAR CÉLINE FION

 » UNE PARTIE DE MON APPROCHE VIENT DE CES CROQUIS D’ENFANCE.  »

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