Le sourire serait-il passé de mode ? Dans l’affirmative,

il convient de résister !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF Radio).

 » L e sujet doit faire face à l’appareil photographique et avoir une expression neutre, avec la bouche fermée « . Sur le site officiel du Passeport canadien ( www.ppt.gc.ca), cette obligation figure depuis peu au chapitre des  » Normes de qualité pour les photos acceptables « . Autrement dit, les Canadiens sont désormais frappés de l’interdiction de sourire sur leur passeport national. On croit rêver. L’argument avancé par le ministère des Affaires étrangères canadien est aussi solide que les anciennes tours du World Trade Center : il s’agit d’identifier plus facilement le détenteur d’un passeport et donc de mieux prévenir les éventuels attentats terroristes. Comme si les sourires étaient des armes de mauvaise foi et les douaniers, de piètres professionnels. Ahurissante, cette nouvelle recommandation est pourtant tout à fait sérieuse et émane de l’Organisation de l’aviation civile internationale. A long terme,  » l’expression neutre, avec la bouche fermée  » pourrait même devenir la règle générale en matière de photos de passeport internationaux. La faute au 11 septembre 2001 ? Incontestablement. Si l’on peut douter de la pertinence d’une telle mesure, on peut surtout regretter son impact probable sur la morosité ambiante. Redoutable, l’interdiction de sourire sur un document officiel risque en effet de renforcer la tendance du  » tirage de tronche  » généralisé. Déjà bien présente au c£ur des trains, trams, bus et autres métros,  » l’expression neutre, avec la bouche fermée  » gagne du terrain dans nos réflexes quotidiens. Même le monde de la mode y souscrit avec force : sur les podiums des défilés, rares sont les filles qui osent esquisser un sourire. Car, là aussi, le  » tirage de tronche  » est de rigueur,  » pour mieux concentrer l’attention du public sur l’essence même du vêtement « , dixit les créateurs majoritairement adeptes de cette politique sinistre. Que faire ? Bonne question. Saluer d’abord des initiatives isolées comme, par exemple, cette Journée nationale du sourire qui sera organisée au Canada (on y revient) en avril prochain. Honorer ensuite cet excellent Musée du sourire accessible uniquement sur le Web à l’adresse www.museedusourire.com et qui est une véritable ode artistique à la bouche en U. Et puis, enfin réfléchir à ce conseil donné par l’excellent Omar Sharif qui campe un vieil épicier arabe dans  » Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran « , le dernier film de François Dupeyron, actuellement à l’affiche à Paris. L’ex-Docteur Jivago reconverti en papy malgré lui y professe en substance l’enseignement suivant :  » Il ne faut pas être heureux pour sourire. C’est sourire qui rend heureux.  » Une pensée qui mériterait peut-être de figurer sur les futurs passeports canadiens…

Frédéric Brébant

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